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L'art a-t-il pour fin le désir?

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« Il serait étrange de donner pour fin à l'art, le désir.

Au contraire, il viserait plutôt à calmer les désirs qu'à les exacerber.

L'art serait un moyen d'échapper aux douleurs de l'existence, aux désirs insatisfaits, il serait un moyen de satisfaction sublimé des désirs.

Ce serait là le pouvoir de l'art de symboliser, de modifier, de ne pas représenter directement la réalité, mais de le passer au travers du prisme de la culture.

Dans quelle mesure l'art peut-il satisfaire le désir de l'homme ? 1) l'art n'a pas pour fin le désir. Hegel, dans son Esthétique pense que notre relation habituelle aux choses est de l'ordre du désir.

Quand on désire une chose, on ne laisse pas l'objet dans sa liberté.

Désirer une chose, c'est supprimer son indépendance, en faire usage et donc la détruire.

Mais l'art n'est pas de l'ordre du désir.

L'objet existe pour lui-même.

La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels.

On comprend aisément la remarque de Hegel dans la mesure où la vue par exemple d'un tableau d'une coupe de fruit peinte par Cézanne ou par Chardin n'induit pas l'envie d'acheter des pêches ou des abricots au premier marchand de fruit venu.

De même la différence entre la peinture de nu et la pornographie, se situe que dans le second, le but est d'engendrer des désirs sexuels contrairement au premier.

C'est la différence qu'à déjà opérer Kant dans la Critique de la faculté de juger entre l'agréable et le beau.

L'agréable vise à la satisfaction du plaisir des sens, il est intéressé.

Le plaisir esthétique doit être désintéressé, il ne s'intéresse justement pas au contenu de la chose représentée.

La portée universelle de l'art ne supporte pas les petites différences de goût individuelles, car ce qui est agréable à l'un ne peut ne pas l'être à l'autre.

L'art n'est pas là pour rassasier les désirs, il est un plaisir intellectuel qui donne à penser, à interpréter qui induit une certaine vision de la culture.

C'est une vision limitée de l'art que de le réduire à une satisfaction des désirs. En ce qui concerne l'agréable, chacun consent à ce que son jugement fondé sur un sentiment particulier et par lequel il affirme qu'un objet lui plaît, soit restreint à une seule personne.

Il admet donc quand il dit: le vin des Canaries est agréable, qu'un autre corrige l'expression et lui rappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulement pour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce qui plaît aux yeux et aux oreilles de chacun (...).

Il en va tout autrement du beau.

Ce serait ridicule, si quelqu'un se piquant de bon goût, pensait s'en justifier en disant : cet objet (l'édifice que nous voyons, le concert que nous entendons, le poème que l'on soumet à notre appréciation) est beau pour moi.

Car il ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît qu'à lui.

Beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l'agrément, il n'importe ; mais quand il dit d'une chose qu'elle est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour lui, mais au nom de tous et parle alors de la beauté comme d'une propriété des objets ; il dit donc que la chose est belle et ne compte pas pour son jugement de satisfaction sur l'adhésion des autres parce qu'il a constaté qu'à diverses reprises leur jugement était d'accord avec le sien, mais il exige cette adhésion.

Il les blâme s'ils en jugent autrement, il leur refuse d'avoir du goût et il demande pourtant qu'ils en aient; et ainsi on ne peut pas dire que chacun ait son goût particulier.

Cela reviendrait à dire : le goût n'existe pas, c'est-à-dire le jugement esthétique qui pourrait à bon droit prétendre à l'assentiment de tous n'existe pas.

KANT éléments d'explication Pour Kant, le jugement du goût, qui énonce si une chose est belle ou non, n'est pas un jugement de connaissance. Il n'est donc pas logique mais esthétique, c'est-à-dire que « son principe déterminant ne peut être que subjectif » {Critique du jugement, § 1).

Cet élément subjectif qui détermine le jugement du goût, c'est une satisfaction.

Mais cette satisfaction est désintéressée.

En effet, lorsqu'on me demande si je trouve telle chose belle, « ce qu'on veut savoir c'est seulement si la seule représentation de l'objet est accompagnée en moi de plaisir quelle que soit mon indifférence pour l'existence de l'objet de cette représentation » (id., § 2).

En d'autres termes, je puis juger qu'une chose est belle sans désirer la posséder ou même en la condamnant : je puis dire qu'un palais est beau sans désirer aucunement y habiter ou en estimant que sa construction ayant coûté beaucoup de souffrance au peuple, il eût mieux valu ne pas le bâtir.

La satisfaction qui accompagne le jugement du goût est donc bien « un plaisir pur et désintéressé » (id.).

Par là le beau se distingue du bon et de l'agréable, lesquels sont liés à un intérêt.

(Kant s'oppose ainsi à la tradition gréco-latine qui ramenait le bon au bien, comme chez Platon , et/ou à l'agréable (êdu) et à l'utile (ôphelimon), comme chez Aristote).

L'agréable est en effet « ce qui plaît au sens dans la sensation » (id., § 3) tandis que le bon est « ce qui, au moyen de la raison, plaît par simple concept ».

Dans le bon « il y a toujours le concept d'un but, le rapport de la raison à un vouloir (tout au moins possible) ; par suite une satisfaction causée par Y existence d'un objet ou d'une action, c'est-à-dire quelque intérêt » ( id., § 4).

Ainsi donc, l'agréable et le bon sont liés à la faculté de désirer alors que « le jugement du goût est simplement contemplatif » ( id., § 5). En résumé « on nomme agréable ce qui donne du plaisir; beau ce qui plaît simplement ; bon ce qui est estimé (approuvé), c'est-à-dire ce à quoi l'on attribue une valeur objective » (id.).

Mais seule la satisfaction procurée par. »

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