L'animal n'est-il qu'une matière animée ?

« Qu'est-ce qu'une matière animée ? La matière est ce qui est palpable, tangible, ce que l'on peut saisir.

‘Animée' peut s'entendre en plusieurs sens : le sens courant parle de ‘desseins animés', ce qui veut dire que ce sont des desseins doués de mouvement.

Au sens philosophique, ‘animé' veut dire doué d'une âme.

L'âme est le souffle de vie qui permet à la matière de ne pas rester inerte, mais d'être vivante.

L'on pourrait donc penser qu'une matière animée est l'alliance, l'union de la matière (corps) et de l'âme (esprit).

Mais comme nous pouvons le voir, le sujet à une forme privative : ‘n'est-il qu'une'.

Ainsi l'on peut se demander ce qu'il faut d'autre aux vivants pour posséder ce statut.

De même, si la matière animée constitue une chose en être vivant, alors comment différencier au sein de ce large domaine les différents êtres vivants ? Autrement dit qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal ? Si l'animal n'est pas qu'une matière animée, que peut-il être d'autre ? I. Animal : création intentionnelle. Il semble que l'animal ne soit ‘qu'une matière animée', car ce sont des termes faibles : la matière seule est informe et à l'image de la pâte à modeler, il faut lui donner une forme.

Ainsi, l'animal ne décide pas de la forme de sa matière : on le modèle.

Mais le terme ‘animée' aussi est faible, car comme les desseins animés, les animaux, ne se meuvent pas d'euxmêmes, mais sont mus par des forces extérieures.

Ils sont doués d'une âme (animée), mais ils ne l'auto produisent pas. On leur confère une âme.

Descartes montre bien que les animaux sont des matières que l'on anime, des organismes vivant selon des lois.

En effet, il explique que les animaux sont comme des machines ou, plus précisément des automates perfectionnés qui ressemblent à des êtres vivants.

A l'image d'une marionnette, les animaux sont des matières animées commander par des fils et un marionnettiste.

L'âme anime mais ne confère plus la vie, l'animal est capable de mouvement mais tout ce qui faisait son caractère et ses sentiments n'a plus cours, il n'est qu'un pur mécanisme.

Mais alors, si l'animal, matière animée mécanique, n'est que cela, comment se fait-il qu'il puisse se reproduire et avoir un comportement adaptatif.

Une autre matière animée mécanique comme la montre en est incapable.

Les animaux doivent-être plus que cela.

Qui est ce marionnettiste qui les meut ? II. Le projet. Jacques Monod, biochimiste français, explique que les animaux sont bien plus que cela, car tout vivant fait partie d'un projet.

Et est lui-même un projet.

Ainsi l'on comprend que le marionnettiste ne peut être que Dieu ou la nature.

En effet, il explique que si l'œil a un but, qui est de voir, et les cordes vocales, d'émettre des sons et de pouvoir communiquer, alors à l'image des parties du corps, le vivant lui-même a un but, une fonction.

De plus, si l'animal ou tout autre vivant n'était qu'une matière animée au sens faible, alors il ne serait que le jouet du destin.

Or, tout vivant se choisit et tente de survivre ; ainsi il se libère de ses chaînes (ou de ses fils) et devient à son tour créateur : « Tout artefact est un produit de l'activité d'un être vivant » (Monod).

Nous comprenons que les termes ‘matière animée' ne sont pas si faibles que cela. III. Aucune carence. L'animal n'est pas qu'une matière animée, il est tout cela.

En effet, ces termes sont très forts, car ils sont la base de toutes vies, et de toutes possibilités.

Aristote le montre bien, puisqu'il nous explique que ce qui fait la différence entre la mort et la vie, entre les choses inertes et les choses vivantes, c'est ce souffle de vie que procure l'âme.

Ainsi, une fois la matière animée, tout est possible : penser, percevoir, agir, bouger, être en repos, se nourrir, grandir, mourir.

Le médecin français Charles Bonnet va même prouver grâce à des expérimentations sur les salamandres que la vie, une fois insuffler par l'âme dans la matière, prend tous ses droits et combat la mort perpétuellement.

Il explique que l'on aura beau couper les pattes et la queue de l'animal, elles repousseront toujours.

La plus grande force des animaux, et des vivants est d'être des producteurs et des reproducteurs (de transmettre la vie à leur tour).

Cette force n'est atteinte que s'ils sont composés de matière et d'une âme.

Ainsi, lorsqu'on dit des animaux qu'ils sont une matière animée, l'on dit en réalité bien plus : ils sont des vivants.

A partir de là tout leur est possible.

L'homme possède l'intellect, mais l'animal possède l'instinct. Conclusion : - Si l'on considère les termes au sens faible, ou au sens courant, nous pouvons dire que l'animal n'est qu'une matière animée qui se comprend comme un automate. - Mais dans le même temps, nous voyons bien que l'animal est bien plus puisqu'il est capable de nombreuses choses inaccessibles à une simple machine. - Enfin, il semble que les termes de matière animée ne soient pas si faibles que cela, et bien plus, qu'ils sont la condition de possibilité de toute vie et de toute possibilité pour les vivants.

L'instinct de l'animal le prouve.. »