l'amour se réduit-il a la simple sexualité ?
Extrait du document
«
Discussion :
La poésie, la peinture, la philosophie ont attaché un tel prix à la représentation de l'amour comme d'un idéal qu'on a
peine à penser que cet enthousiasme puisse se réduire à la simple expression d'une pulsion libidinale.
L'emploi du
verbe « se réduire » connotant immédiatement ce déni du corps qui a sévi longtemps dans la culture occidentale et
qui voudrait que l'amour puisse justement atteindre à quelque chose d'éthéré pour trouver sa justification publique.
« Beaucoup de courtes folies, - c'est ce qui, chez nous, se nomme amour.
Et votre mariage finit beaucoup de
courtes folies, en une longue bêtise.
» Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche.
La citation reprend l'espèce de
jugement dépréciatif en utilisant le mot « folies » pour signifier que le plaisir d'un instant se confond avec quelque
chose de durable et de vraiment haut, relevé, conduisant notamment au fourvoiement bourgeois qu'est le mariage.
Suggestion de plan
Première partie : La question du désir
« Il me paraît indiscutable que l'idée du «beau» a ses racines dans l'excitation sexuelle, et qu'originairement, il ne
désigne pas autre chose que ce qui excite sexuellement.
» Trois essais sur la théorie de la sexualité, Freud.
Ce que
signifie l'amour c'est d'abord et avant tout la corporéité, le conditionnement biologique, la nécessité de la
reproduction de l'espèce.
Il y a, avant toute description enthousiaste du sentiment, une donnée première celle de
l'attraction d'un sexe par l'autre et qui aboutit à la copulation.
Comme la socialisation de l'homme ainsi que son
insertion dans une culture lui font dépasser le stade primitif de l'expression de la pulsion, le désir sexuel ne se limite
en aucun cas à une programmation biologique et peut s'exprimer sous une grande diversité de formes :
Figaro : « Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, Madame.
Il n'y a que ça qui nous distingue des autres
bêtes.
» Beaumarchais, Le Mariage de Figaro.
L'homme n'est pas un être doux, en besoin d'amour, qui serait tout au
plus en mesure de se défendre quand il est attaqué, mais [...] au
contraire il compte aussi à juste titre parmi ses aptitudes pulsionnelles
une très forte part de penchant à l'agression.
En conséquence de quoi,
le prochain n'est pas seulement pour lui une aide et un objet sexuel
possibles, mais aussi une tentation, celle de satisfaire sur lui son
agression, d'exploiter sans dédommagement sa force de travail, de
l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ce qu'il
possède, de l'humilier, de lui causer des douleurs, de le martyriser et
de le tuer [...].
Par suite de cette hostilité primaire des hommes les uns
envers les autres, la société de la culture est constamment menacée
de désagrégation.
Le texte peut être découpé de la façon suivante :
L'homme [...] penchant à l'agression.
En conséquence [...] de le tuer.
Par suite de cette hostilité primaire des hommes les uns envers les autres, la
société de la culture est constamment menacée de désagrégation.
L'étude du texte est, comme la plupart du temps, linéaire : nous pouvons
dégager ici trois moments principaux.
1.
L'agressivité humaine et son origine pulsionnelle.
a.
Une première caractérisation de l'homme par l'agressivité, qui tient à sa nature pulsionnelle.
Freud remet d'emblée
en cause l'idée selon laquelle l'homme ne serait qu'un être bon et pacifique par nature.
Il ne dit pas que la bonté soit
absente ou impossible, mais seulement qu'elle ne suffit pas pour rendre compte de la réalité de l'homme.
Pour
concevoir celle-ci, il faut donc également lui attribuer un « penchant », c'est-à-dire une inclination ou une tendance
naturelle à l'agression.
Le début du texte nous demande donc de considérer une nature double de l'homme (« il
compte aussi », le texte ne dit pas que l'homme n'est que l'un ou l'autre).
b.
Ce qui peut ici nous conduire à l'idée de nature, c'est la référence faite par Freud à l'idée « d'aptitudes
pulsionnelles ».
La pulsion désigne chez Freud une force inconsciente d'origine biologique douée d'une forte charge
énergétique.
Elle produit chez l'homme une tension qui se « décharge » en l'orientant vers un objet satisfaisant.
Plus
qu'un simple « penchant », en ce sens, elle désigne une structure inconsciente de la nature de l'homme.
L'agression
n'est pas une simple réaction, en ce sens, à une situation qui mettrait l'homme en péril, mais un mouvement par
lequel l'homme tend à détruire (agressivité, du latin adgredi, signifie aller vers », « attaquer »).
c.
Le fait que l'homme ait « une très forte part de penchant à l'agression » tend à disqualifier toute approche de
l'homme qui ne partirait pas de cette réalité.
La douceur et l'amour, évoqués au début du texte, semblent tout à
coup relégués au second plan et n'être que des expressions secondes de la nature de l'homme.
2.
Les effets de l'agressivité pulsionnelle dans le rapport à autrui..
»
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