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La vérité historique est-elle toujours bonne à dire ?

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« La vérité historique est-elle toujours bonne à dire ? L'homme est un être temporel, il a conscience de vivre dans le temps et son passé acquiert donc de l'importance.

On dit souvent que pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où on vient.

L'histoire, en tant qu'enquête du mot grec historia, "raconte et reconstruit ce qui a été, ce qui est devenu."( R.

Aron).

C'est le travail de l'historien de mettre à jour ces vérités historiques.

Il s'agit ici non pas de s'interroger sur quelles vérités historiques ne seraient pas bonnes à dire mais sur les relations entre passé et présent et sur la notion même de vérité historique.

On peut s'étonner pourquoi faudrait-il taire des faits qui sont passés et donc ne jouent plus sur la réalité? De plus, l'histoire n'est-elle pas censée nous apprendre quelques choses des dangers qui guettent l'humanité? Mais il faut faire attention avec l'expression même de vérité historique.

Peut-on vraiment l'atteindre? 1.

Le passé permet de comprendre le présent Il faut bien comprendre que tout présent est le résultat d'un processus, de l'enchaînement de faits passés.

C'est pour cela que pour comprendre par exemple, le fonctionnement de nos prisons, dans Surveiller et Punir, Michel Foucault repart du XVIe pour son étude.

Cela correspond au concept de généalogie introduit par Nietzsche.

Pour comprendre les faits actuels, il faut mettre à jour leur formation dans le temps et découvrir ainsi leur logique cachée. Dans cette optique, toute vérité historique doit être dite, sinon cela fausse ou empêche la compréhension du présent. "tout résulte d'un devenir ; il n'y a pas plus de données éternelles qu'il n'y a de vérités absolues.

C'est par la suite la philosophie historique qui nous est dorénavant nécessaire et avec elle la vertu de modestie.( Nietzsche) "c'est cette connaissance seule qui lui procure une intelligence plus nette du présent et lui permet même de formuler des inductions pour l'avenir'." Schopenhauer Dans la même optique, un peuple ne peut prendre réellement conscience de lui-même, de son existence, c'est qu'il n'a pas connaissance de son histoire, des faits qui l'ont amené à cet état actuel. De plus, toute vérité historique même insupportable nous apprend quelque chose sur la nature humaine et nous apprend les erreurs à ne plus reproduire. 2.

La réception de certaines vérités nécessite un moment particulier Jankélévitch affirme que les vérités ne sont pas éternelles, mais qu'elles répondent d'un certain contexte.

Pour lui, il y a des vérités à manier avec précautions.

En fait, "La véridicité ou diction de la vérité est un événement historique.", c'est-àdire qu' "il y a un temps pour chaque vérité, une loi d'opportunité qui est au principe même de l'initiation ; avant il est trop tôt, après il est trop tard.". En fait, une vérité historique peut ne pas accepter pour vrai, tant que les personnes ne sont pas prête à l'accepter.

Ainsi, par exemple, dans les premiers temps, les gens n'ont pas crû en l'existence des camps de concentration, la réalité était tellement cruelle qu'ils ne pouvaient pas l'accepter. De plus, certaines vérités historiques peuvent être lourdes à porter.

Par exemple, le passé du peuple allemand a pendant longtemps entraîné une certaine haine vis-à-vis des allemands, alors que les personnes à qui s'adressaient cette haine n'étaient même pas vivants lors de la seconde guerre. C'est pour cela que Nietzsche dans Seconde considération intempestive, affirme que seul l'homme qui peut s'extraire de l'histoire et oublier le passé peut être heureux. Ainsi, certaines vérités historiques peuvent avoir des effets néfastes si le moment de leur révélation n'est pas le bon. 3.

La vérité historique est relative Pour Hegel, il existe trois manières d'écrire l'histoire.

Celle qui est le plus pratiquée et qui donne naissance à la "science" historique est ce qui appelle l'histoire réfléchie.

C'est celle des historiens de métier qui transcendent l'actualité dans laquelle ils vivent et qui "traitent le plus reculé comme actuel en esprit." Cela pose en effet un problème, l'auteur appartient à une culture déterminée différente de celle des époques dont il traite.

Il semble que tout fait historique échappe à la vérité objective puisque sa vérité dépend de la mentalité qui la reçoit. C'est pour cela que Hegel affirme que l'histoire ne peut rien nous apprendre.

"L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, qu'ils n'ont jamais agi suivant les maximes qu'on aurait pu en tirer."( Hegel)La raison en est que "chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions particulières." Si la vérité historique ne peut être véritablement connue et assimilée par les générations qui suivent, on peut se dire qu'une certaine vérité qui aurait des conséquences néfastes peut être tue.

Cependant, cela pose un autre problème. Dans ce cas là, à qui reviendrait le droit de décider si une vérité doit être dite ou non.

Cela reviendrait à donner le droit à une minorité de cacher des choses à une multitude et cela comporte aussi des risques. Ainsi, la connaissance des faits passés peuvent nous permettre de mieux comprendre le présent, en mettant à jour la formation des idées et des phénomènes actuels.

Pour ce faire, la connaissance de la totalité de l'histoire est nécessaire. Cependant, Jankélévitch rappelle que pour être reçue comme vérité, toute vérité doit être dite au bon moment, c'est-àdire au moment où la société est prête à la recevoir.

Il faut en effet voir que certaines vérités peuvent provoquer des conséquences néfastes.

De plus, toute vérité historique est relative à la mentalité de la société qui la reçoit et de l'historien qui la met à jour.

Dès lors, on peut se demander si l'on a devoir de toute révéler, dans la mesure où notre société ne peut plus comprendre le passé.

Mais cela pose alors un problème crucial, celui de la domination d'une minorité qui décide pour une multitude.

La vérité dès lors qu'elle concerne tout le monde ne doit elle pas être révélée.

Personne en effet ne se situe au-dessus des autres hommes et ne possède le pouvoir de décider pour eux.. »

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