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La valeur morale de l'homme dépend-elle de l'étendue de ses connaissances ?

Extrait du document

« Il s'agit ici d'un sujet qui peut apparaître comme déroutant.

En effet, on serait tenté d'y répondre par une simple définition alors qu'il vous faut trouver un problème.

Il faut en fait distinguer deux formes de morale.

La moralité, la capacité à être morale, pourrait être assimilée aux " bonnes moeurs ", c'est à dire, à cette morale sociale, conformiste et finalement très relative.

Dès lors il faudrait connaître ce qui se fait et ne se fait pas à l'intérieur d'une communauté pour être moral.

A l'inverse, la vraie morale est dictée par la raison et non par les bonnes mœurs et ce que l'homme sait intuitivement devoir faire peut se moquer de ce qu'on voudrait qu'il fasse.

En ce sens on peut partir alors de la définition kantienne de la morale : elle nous indique les réponses à la question " que dois-je faire ? ".

Ce qui vous oblige alors à réfléchir sur la notion même de devoir car la morale ne me demande pas de considérer ce qui est, car ce qui est peut justement heurter la morale.

Par exemple, si je constate que quelqu'un ment, voire que tout le monde ment, je pourrais dire " c'est un fait " et considérer pourtant que ce n'est pas acceptable.

Dès lors, pour être moral, nous devons connaître quels sont nos devoirs, mais cette connaissance n'est pas une connaissance de type scientifique, mais l'intuition que nous possédons de pouvoir agir selon la raison.

Il faut donc que nos connaissances aillent au-delà de la science pour être moral, sans quoi seuls les savants seraient moraux, ce qui n'est pas le cas.

Pourtant, la réalité peut aussi être la conséquence de la morale, de nos actions lorsqu'elles respectent un certain nombre de valeurs qu'il vous faudra mettre en évidence.

Le devoir être, la norme au sens de règle, peut donc déboucher sur une réalisation, sur des actes qui vont rendre la réalité conforme à ce que je voulais.

Il ne suffit donc pas de connaître mais aussi d'agir pour témoigner de notre existence morale.

Sans quoi la morale restera simplement de l'ordre de la bonne intention.

Est-ce suffisant ? Nul n'est méchant volontairement Socrate défend cette idée: celui qui commet le mal est celui qui n'a pas connaissance du bien.

Dès lors que l'esprit en a connaissance, il est attiré par lui, à la manière d'un corps céleste entrant dans le champ gravitationnel d'une planète.

Plus je me connais, plus je saisis l'essence des choses, plus je suis juste et vertueux. C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondons le bien apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme. Nous croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce que nous voulons.

Être injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir. Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable, une confusion entre bon & agréable.

Ainsi, il est clair que « Nul n'est méchant volontairement ».

Éclairer les intelligences, c'est ipso facto redresser les conduites. Mais puisque l'injustice est une maladie de l'âme, une perversion de l'ordre, alors la punition est le remède approprié. Le châtiment est conçu par Platon comme analogue du médicament.

On accepte la souffrance physique pour se soigner, pour réparer un mal, parce qu'on sait que le traitement enduré est finalement bénéfique.

Il doit en aller de même pour l'âme : la souffrance endurée, là encore, doit être comprise comme nécessaire au rétablissement d'un équilibre que l'injustice avait compromis.

C'est pourquoi, aussi paradoxale que paraisse la thèse, « il est pire de ne pas être puni que de l'être ».

L'homme injuste impuni est semblable au malade abandonné à son sort. Platon inaugure la grande tradition de l'ascétisme.

En un sens, toute notre morale est restée imprégnée des thèses platoniciennes, et il n'y a guère que Nietzsche pour avoir reconnu en Calliclès un modèle. L'ignorance est la mère du vice Freud le dit: «La névrose serait la conséquence d'une sorte d'ignorance, de non-connaissance de processus psychiques dont on devrait avoir connaissance.

Cette proposition rappelle beaucoup la théorie socratique d'après laquelle le vice lui-même serait un effet de l'ignorance» (Introduction à la psychanalyse). D'où le but de la psychanalyse: rendre conscient ce qui est inconscient, ignoré, méconnu du sujet lui-même. La morale se nourrit des lumières de la raison Les philosophes du siècle des Lumières, qu'il s'agisse de Rousseau, de Condillac, de Voltaire, l'ont dit: la moralité de l'homme est fonction de l'étendue de ses connaissances.

Les périodes les plus barbares de l'histoire de l'humanité sont toujours des périodes marquées par l'obscurantisme.

Que l'on songe ici à la période moyenâgeuse, à l'Inquisition, aux bûchers, aux excommunications.. »

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