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La tolérance suppose-t-elle que toutes les opinions soient d'égale valeur ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: TOLÉRANCE (n.

f.) 1.

— Fait, pour un individu, d'accepter des atteintes légères à ses droits, ou, pour une autorité, de légers écarts par rapport à la loi.

2.— Écart maximum par rapport à l'application d'un règlement, permis par la loi ou établi par l'usage.

3.

— Attitude consistant à admettre chez les autres des opinions qu'on ne partage pas.

4.

— Règle de conduite ou principe de philosophie pol.

consistant à admettre la liberté d'opinion et d'expression, notamment en ce qui concerne les pratiques religieuses.

5.

— Principe de tolérance : principe dû à CARNAP, exprimant un conventionalisme radical et consistant à admettre qu'en logique chacun est libre de choisir son langage. RESPECT : Sentiment éprouvé face à une valeur jugée éminente ou absolue, et qui conduit à s'interdire tout ce qui pourrait lui porter atteinte.

Le respect est, selon Kant, le seul mobile subjectif possible de l'action morale désintéressée, c'est-à-dire d'une action déterminée objectivement par la seule représentation de la loi ( ou impératif catégorique).

Le respect est alors ce que l'on doit à autrui en tant que personne morale. Opinion Jugement sans fondement rigoureux, fondé sur des croyances ou des impressions subjectives et qui se donne abusivement les apparences d'un savoir. Même quand elle tombe juste, « l'opinion pense mal» (Bachelard), car elle ne peut se fonder rationnellement. La philosophie, comme quête de la vérité, est ainsi en lutte contre les opinions. Introduction La tolérance est une vertu que les régimes démocratiques ont souci de toujours préserver.

Elle est l'une des expressions possibles de la Liberté, qui est la valeur suprême de l'État républicain, comme le rappelle par exemple la devise de la République française « Liberté, égalité, fraternité ».

Mais qu'appelle-t-on exactement « tolérance » ? Au sens le plus général du terme, tolérer, c'est accepter ce qui, en principe est contraire à une certaine loi ou règle morale.

Lorsqu'on tolère de la part d'autrui une certaine conduite, on accepte ce qui en principe ne devrait pas l'être.

La tolérance est donc une forme de souplesse dans l'application de la loi, un choix pour préserver la liberté du citoyen plutôt que la rigueur des règlements. Toutefois le sujet proposé concerne le fait de savoir si la tolérance peut se définir comme le respect de toutes les opinions.

C'est ce « toutes » qui pose ici problème.

En effet, indirectement il nous est demandé s'il peut exister ou non des opinions intolérables, qu'un État démocratique lui-même ne pourrait accepter d'entendre, malgré toute sa souplesse.

Notre réflexion comportera donc deux moments distincts.

Dans un premier temps, nous nous demanderons sur quels fondements repose le principe de tolérance et pourquoi il est suivi par la Démocratie.

Puis, il nous faudra nous demander où se situe exactement la frontière entre le tolérable et l'intolérable, et surtout si cette frontière est toujours facile à déterminer. Première partie : Pourquoi être tolérant ? « Liberté, Égalité, Fraternité » : cette devise républicaine, que nous évoquions en introduction, semble expliquer à elle seule pourquoi les démocraties ont toujours souci d'être tolérantes.

La tolérance accorde à une minorité certains droits contre l'avis de la majorité exprimé par la loi.

En ce sens, la tolérance est toujours une forme de concession qui doit être limitée pour ne pas mettre en péril la valeur du droit dans son ensemble.

On sait qu'à l'inverse, toutes les dictatures se montrent intolérantes et brident, par leurs comités de censure, la liberté d'expression qui est le fondement de la démocratie.

De ce point de vue, la République fait un choix : elle considère qu'il est plus grave de porter atteinte à la liberté individuelle qu'à la loi, laquelle peut être changée sans dommage. Ce choix est-il discutable ? Sa validité peut pourtant être facilement démontrée. Supposons un instant une démocratie qui refuserait l'expression des opinions les plus éloignées de l'idéal républicain. Par exemple, celles des nostalgiques de la monarchie ou encore celles des partisans de l'anarchie, qui rêvent d'une société où il n'y aurait plus « ni dieu ni maître ».

Empêcher, dans la presse notamment, la diffusion d'idées monarchistes ou anarchistes serait de la part de la démocratie une attitude qui pourrait se comprendre.

Mais en étant si intolérante, la démocratie irait dans le sens contraire de ce qui constitue sa nature, en devenant dictature. Ce qui est absurde.

La tolérance est donc un principe essentiel à la démocratie. On peut toutefois, à ce niveau de l'analyse, se poser la question suivante : la tolérance est-elle, dans tous les cas, une attitude pertinente ? Deuxième partie : Les limites de la tolérance. L'analyse précédente ne doit pas nous faire oublier que, dans de nombreux cas, une tolérance excessive aboutit au reproche de laxisme.

Le laxisme est véritablement le danger qui guette la tolérance quand, sous le prétexte de l'ouverture d'esprit, on admet toute conduite, toute parole...

même la plus intolérante.

Et c'est bien là le paradoxe sur lequel ce sujet nous invite à réfléchir : tolérer les opinions racistes, la diffamation, etc.

n'est-ce pas être aussi coupable, à un autre degré, que ceux qui profèrent de telles idées ? La tolérance n'aboutit-elle pas à une forme de complicité qu'on appelle de la complaisance ? À cette question, la démocratie a déjà donné sa réponse : on sait qu'elle cherche à se protéger vis-à-vis de tels reproches en appliquant aussi certaines formes de censure.

La censure existe en démocratie, aussi bien pour la production d'oeuvres artistiques que pour l'expression publique.

Un journal peut être attaqué pour diffamation, certains livres peuvent être retirés des rayons de vente si l'on juge qu'ils. »

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