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La technique met-elle l'homme en contradiction avec la nature ?

Extrait du document

« Le progrès technique a incontestablement permis à l'homme de rompre avec la nature et de s'affirmer comme être pensant et culturel.

Mais en faisant prévaloir les moyens sur la fin et en déchargeant l'homme de la peine de faire et parfois de penser, le développement technique n'a-t-il pas fini par asservir le vivant et par aliéner l'homme? Comment faire en sorte qu'il permette à l'homme de vivre en harmonie avec la nature tout en développant ses qualités d'homme? 1.

La technique a fait sortir l'homme de l'état de nature. • La technique suppose un arrachement au règne naturel au sens où elle manifeste une pensée guidant un savoirfaire.

Elle signale l'avènement de l'être humain conscient, et une rupture par rapport au règne animal : "Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.

En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent.

Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail, où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif.

Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche.

Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté." MARX Ce que défend ce texte: Ce passage est extrait du livre I du Capital, dans lequel Marx étudie le développement de la société capitaliste.

Il s'agit ici de montrer en quoi le travail est spécifiquement humain, c'est-à-dire propre à l'homme. Marx caractérise d'abord le travail comme une action par laquelle l'homme donne forme utile à la matière.

Cette action est une transformation par laquelle il « s'assimile » les matières naturelles, c'est-à-dire leur imprime sa marque en les façonnant de telle sorte qu'elles répondent, sous forme d'objets, aux besoins de son corps. À ce niveau, rien ne vient pourtant encore distinguer le travail de l'homme de celui des animaux et notamment des insectes qui, eux aussi, comme l'araignée ou l'abeille, transforment la matière et lui impriment leur marque. C'est pourquoi Marx doit préciser que cette définition donne simplement à l'homme le rôle d'une « puissance naturelle », au même titre que n'importe quel être vivant.

Cette définition est donc insuffisante et il s'agit de la dépasser si l'on veut montrer que l'homme seul connaît la dimension authentique du travail. La définition précédente ne ne nous livrait, en effet, qu'un « état primordial du travail » commun aux animaux et aux hommes et convenant aussi bien aux opérations accomplies sous l'effet d'un pur instinct. Ces dernières formes de travail sont primaires ou primordiales car elles développent une compétence purement aveugle, liée à la « programmation » biologique des espèces.

L'insecte, en effet, ne se représente pas l'action qu'il a à accomplir avant de l'effectuer, alors que l'homme possède la conscience du but qu'il cherche à réaliser et se représente en idée le résultat qu'il cherche volontairement à produire. Pourquoi dit-on alors que les abeilles ou que les araignées travaillent ? Il s'agit pour Marx d'une comparaison trompeuse, fondée sur une simple ressemblance qui ne doit pas nous abuser, car il existe un abîme infranchissable entre l'instinct et la conscience. Ce à quoi s'oppose cet extrait: Ce texte s'oppose à tous ceux qui louent la perfection du travail animal, guidé par un instinct qui ne connaît ni les tâtonnements ni les erreurs du travail humain dirigé par la conscience. L'instinct, dit-on, est finalisé, c'est-à-dire naturellement adapté à la réalisation d'un but atteint sans errements. Ainsi, les abeilles fabriquent leur miel et les araignées tissent leurs toiles sans jamais se tromper, car l'instinct est adapté à la réalisation de ces tâches, sans passer par les erreurs d'un perfectionnement progressif.

Nietzsche insistera sur ce point, prenant appui sur la perfection de l'instinct animal pour critiquer la valeur de la conscience humaine et mettre l'accent sur ses imperfections.

La démarche de Marx est tout autre. Marx montre qu'en réalité le véritable travail vaut par la possibilité d'un perfectionnement indéfini lié à la conscience, et que Rousseau avait appelé « perfectibilité », c'est-à-dire cette possibilité, spécifique à l'homme, de progresser à partir de ses erreurs et de ses tâtonnements.

L'instinct, au contraire, est sans progrès, car il ne provient pas d'une activité consciente, capable d'innover.

Il est fixé, une fois pour toutes, au but qu'il est déterminé à réaliser. Toutefois, ce texte possède un autre enjeu.

En insistant sur le fait que le travail à dimension humaine repose sur la. »

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