Aide en Philo

LA SURHUMANITÉ CHEZ NIETZSCHE

Extrait du document

LA SURHUMANITÉ CHEZ NIETZSCHEÀ l'homme faible - socratique ou chrétien -, Nietzsche oppose l'homme de l'âge tragique grec, qui assumait tout le tragique de la vie et affirmait joyeusement la valeur de cette vie dans les fêtes dionysiaques. C'est à cet homme d'avant Socrate que devra ressembler le surhomme annoncé par Zarathoustra (Ainsi parlait Zarathoustra).

« LE SURHOMME ET LA VOLONTÉ DE PUISSANCE Qu'est-ce que le Surhomme ? Le Surhomme est une forme d'humanité supérieure qui laisse parler en lui la totalité des instincts, et précisément ceux-là mêmes que la Culture christianisée a étouffés parce qu'ils étaient des formes de la volonté de puissance, « ce qu'il y a de pire » en l'homme : égoïsme, instinct de domination, sexualité.

Mais il convient ici de souligner un point important.

L'homme est de toute façon un être de culture.

Il n'est donc en aucun cas possible de retourner au moment où les Barbares étaient encore indemnes des effets de la volonté de puissance de leurs esclaves, moment fondateur de la culture.

Les instincts doivent être libérés pour être spiritualisés : « L'homme supérieur serait celui qui aurait la plus grande multiplicité d'instincts, aussi intenses qu'on peut les tolérer.

En effet, où la plante humaine se montre vigoureuse, on trouve les instincts puissamment en lutte les uns contre les autres...

mais dominés.

» Ce surhomme parvient à la connaissance véridique de l'humanité, qui est la connaissance « tragique » qui a été décrite précédemment. Il se réalise dans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fiction connue comme telle, ou celle de la connaissance intellectuelle.

Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il est celui qui adhère à la doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance. A.

La tâche de surmonter l'homme et la nostalgie du Surhomme Jusqu'à ce jour, l'homme ne s'est jamais dépassé que vers un dieu, un arrière-monde, un idéal suprasensible.

Une fois proclamée la mort de Dieu, c'est-à-dire de tout idéal suprasensible, soit l'homme va désapprendre à se dépasser (c'est le cas du dernier homme), soit il devra apprendre à se dépasser sans fuir l'ici-bas, sans se réfugier dans un arrière-monde (« Jadis on disait "Dieu" lorsque l'on regardait vers de lointaines mers ; mais moi je vous enseignerai à dire : "Surhomme" ! [...] Morts sont tous les dieux : désormais que vive le Surhomme ! »). L'homme est tout entier le terrestre, et le surhomme sera lui aussi irrémédiablement le terrestre.

« Jadis on disait corps et âme suis ; mais moi je vous dis : corps suis tout entier, l' "âme" n' est qu'un nom pour désigner quelque chose du corps.

» L'antique dualisme métaphysique est surmonté, l'homme appartient tout entier à la terre, au sensible, à l'ici (« Je vous en conjure, mes frères : à la terre restez fidèles ! »).

Il devra apprendre à se dépasser non vers un idéal supraterrestre, mais vers le Surhomme comme celui qui serait le digne habitant de la terre, quand l'homme n'est que le nom d'une maladie qui couvre la surface de la terre.

« Que dise votre vouloir : soit le Surhomme le sens de la terre ! » Désormais que de tout espoir supraterrestre l'homme a dû faire son deuil, l'alternative n'est plus qu'entre le Surhomme et le dernier homme.

Le Surhomme ne désigne pas une autre et nouvelle « espèce », il est au contraire la vérité de l'homme, ce que l'homme pourrait devenir s'il ne se complaît pas en lui-même sous la forme du dernier homme, s'il accepte d'être une flèche et non un but, quelque chose qui se doit surmonter, s'il est capable de vouloir son déclin pour que vive le Surhomme, de tendre au loin la flèche de sa nostalgie.

« Ce qui chez l'homme est grand, c'est d'être un pont, et de n'être qu'un but.

[...] Ce que je puis aimer chez l'homme, c'est qu'il est un passage et un déclin.

» Zarathoustra enseigne non pas une vérité, mais un vouloir : « Que dise notre vouloir : soit le Surhomme le sens de la terre ! » Il n'enseigne pas une doctrine susceptible d'être vraie ou fausse, que l'on pourrait adopter ou réfuter.

« C'est une volonté nouvelle que j'enseigne aux hommes.

» Il enseigne une certaine qualité de la volonté qui nous met à même de renoncer enfin à toutes les « demivolontés ».

« Ah ! Puissiez-vous rejeter tout votre demi-vouloir, et vous décider résolument pour la paresse ou l'action ! Ah ! Puissiezvous entendre ma parole : faites ce que vous voudrez, mais soyez d'abord ceux qui peuvent vouloir ! » Peu importe que l'on veuille ceci ou cela : seul compte le fait d'être capable d'authentiquement vouloir quelque chose.

Le nihilisme menace en effet l'essence même de la volonté : comment et pourquoi vouloir quelque chose si au fond tout se vaut, c'est-à-dire que rien ne vaut ? L'éternel retour va avoir pour conséquence de donner pour contenu à la volonté le devenir lui-même. B.

La volonté de puissance comme vérité de la vie La volonté de puissance n'est pas un phénomène propre à l'homme, mais la caractéristique la plus constante de la vie, même si c'est souvent à partir de l'existence humaine que Nietzsche entreprend de la penser.

« Partout où j'ai trouvé de la vie, j'ai trouvé aussi de la volonté de puissance.

Et jusque chez l'esclave j'ai trouvé la volonté d'être naître.

» La volonté de puissance n'est pas une tendance à laquelle pourraient s'opposer d'autres tendances, la volonté de justice ou d'égalité par exemple.

Les revendications d«< égalité » et de « justice » ne sont que la volonté de puissance des faibles et des mal venus.

« Vive l'égalité ! », cela veut dire : « A bas les forts, à mort les puissants ! » La volonté de puissance n'est pas le « vouloir vivre » schopenhauerien, qui aspirerait modestement à se maintenir en vie : un tel vouloir n'existe pas.

Vouloir la puissance, c'est vouloir plus de puissance, c'est vouloir l'accroissement de la puissance.

La vie aspire sans cesse à triompher d'elle-même et à se surmonter elle-même, elle veut s'exhausser sur des piliers et des degrés : toutes les échelles d'évaluation, toutes les valeurs sont ces degrés que la vie se tend à elle-même pour se surpasser. C.

Le désir de vengeance et le ressentiment Toutefois cette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de la volonté de puissance peut-elle aller à l'infini ? Une ascension infinie n'est pas possible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volonté de puissance vient achopper sur l'essence du temps comme sur sa limite.

Elle peut bien vouloir l'avenir mais non pas le passé.

Si l'avenir est le domaine qui lui est ouvert, le passé semble lui échapper pour toujours : « En arrière ne peut vouloir la volonté.

» La volonté ne peut vouloir en arrière que sous les formes morbides du désir de vengeance et du ressentiment.

Cette volonté réactive ne veut pas simplement abolir ou annuler ceci ou cela, c'est contre le devenir lui-même dans ce qu'il a d'irréversible et d'inexorable qu'elle s'exerce, parce que c'est à sa propre impuissance à vouloir pour le passé qu'elle se trouve confrontée. Sur le surhomme : prologue, § 3, 4, 7 ; première partie, « D'enfant et de mariage », « De la prodigue vertu », § 3 ; deuxième partie, « Aux îles fortunées », « Des poètes ». Sur la volonté de puissance : deuxième partie, « De la domination de soi ». Sur le vouloir unique ou double : première partie, « De ceux des arrières-mondes », « De la prodigue vertu », § 1 ; deuxième partie, « De la prudence avec les hommes » ; troisième partie, « Avant que le soleil se lève », « De la rapetissante vertu », § 3 ; « Des renégats », § 1, « D'anciennes et de nouvelles tables », § 16, 25, « De la grande nostalgie ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles