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La revendication de l'égalité menace-t-elle la liberté ?

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« Définition des termes du sujet: ÉGALITÉ: * En mathématique, rapport entre deux grandeurs équivalentes. * En politique, Principe selon lequel tous les citoyens ont, les mêmes droits et les mêmes obligations. * Égalité juridique: principe selon lequel les mêmes lois s'appliquent à tous. * Égalité des chances: principe selon lequel non seulement tous doivent avoir les mêmes droits, mais encore réellement les mêmes possibilités de les faire valoir. LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. Problématique: Le sujet doit inviter à une réflexion sur le rôle et la conception de l'État, sur ses finalités: la seule protection de l'indépendance privée peut-elle être la finalité suffisante de l'État? S'il prend l'égalité pour fin, peut-il en même temps garantir la liberté? A quelles conditions, enfin, le rapport de l'égalité et de la liberté peut-il cesser d'être un rapport antagoniste? INTRODUCTION.

— « Liberté, Égalité », tels sont les deux premiers mots de la devise républicaine inscrite au fronton des monuments publics.

Mais ce beau programme ne se heurte-t-il pas à des difficultés insurmontables et peut-on, dans la vie civile, concilier la liberté avec l'égalité ? Il s'agit ici de la liberté civile, qui consiste dans le pouvoir d'organiser sa vie suivant ce qu'on juge préférable sans être contraint, comme l'était l'esclave, à faire la volonté d'un autre. Le sens du mot « égalité » est moins net, et pour répondre à la question posée, nous passerons en revue ses diverses acceptions. I.

— FORMES D'ÉGALITÉ COMPATIBLES AVEC LA LIBERTÉ. A.

Les auteurs de la maxime républicaine avaient en vue l'égalité civile, c'est-à-dire des droits égaux pour tous d'accéder à la propriété et aux fonctions publiques.

Dans ce cas, non seulement liberté et égalité ne sont pas incompatibles, mais elles se conditionnent mutuellement : la liberté ne serait qu'un vain mot si son exercice était restreint par les privilèges des autres. B.

Plus tard, on lutta pour l'égalité politique, c'est-à-dire pour la conquête des droits égaux pour tous de participer au gouvernement du pays : l'égalité politique suppose que tous les citoyens sont également électeurs et éligibles.

Si cette égalité ne conditionne pas la liberté, du moins n'est-elle pas incompatible avec elle. II.

— FORMES D'ÉGALITÉ INCOMPATIBLES AVEC LA LIBERTÉ. A.

Il en serait tout autrement si nous prenions le mot liberté absolument, sans aucun qualificatif qui restreigne sa portée.

En effet, une telle égalité impliquerait l'égalité naturelle : m ê m e taille, m ê m e vigueur physique, m ê m e beauté ou m ê m e laideur, m ê m e rapidité d'esprit, une mémoire également fidèle ou infidèle...

Or, comme nous naissons inégaux, l'autorité sociale devrait s'évertuer à rétablir l'égalité violée par la nature en empêchant les mieux doués de l'emporter sur les autres : l'humanisé devrait s'aligner sur le plus mal loti et comprimer ses tendances à Le développer, à s'instruire, à créer, etc.

Programme de sauvage sadique qui supprimerait toute liberté. Mais, d'autre part, il est facile de voir par l'histoire comment en posant en principe la liberté absolue on aboutit à de criantes inégalités : le fort asservit le faible, le pauvre est à la merci du riche. B.

De nos jours, sous le nom d'égalité, c'est l'égalité économique que, plus ou moins consciemment, on réclame.

On considère comme injuste la richesse de quelques-uns, alors que la masse ne possède guère que ses bras, surtout la détention par un petit nombre de privilégiés des moyens de production.

Cette situation est le résultat d'un régime de liberté, le libéralisme : il a abouti à l'inégalité. Tente-t-on, d'autre part, de réduire ces inégalités, c'est toujours au détriment de la liberté : réglementation du travail, des échanges, etc. Le moyen radical d e réaliser l'égalité économique serait le communisme véritable dans lequel tous les biens, y compris les biens de consommation, appartiendraient à la collectivité : la caserne, ou plutôt une caserne sans permissions et sans la perspective du retour au foyer, nous fournit l'image la plus juste d'une telle organisation sociale; on voit combien la liberté y serait réduite. CONCLUSION.

— Liberté et égalité absolues sont donc incompatibles.

Pour assurer la liberté, il faut accepter certaines inégalités, et pour assurer l'égalité estimée nécessaire, on doit restreindre la liberté.

Dans la famille, cet équilibre se réalise aisément parce qu'on s'aime. Dans la vie civile, on ne parviendra à la conciliation de la liberté et de l'égalité que grâce au troisième mot de la devise républicaine, grâce à la fraternité. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.

» Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 1789. « Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi.

» Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948. « La justice, c'est l'égalité.

» Alain, Éléments de philosophie, 1941. « Chaque personne a un droit égal à un système pleinement adéquat de libertés et de droits de base égaux pour tous, compatible avec un même système pour tous.

» John Rawls, Justice et Démocratie, 1990.. »

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