La religion concerne-t-elle moins le salut de l'âme que le bien temporel de l'État ?

« Cette thèse d'inspiration moderne (Spinoza) est à l'origine de l'athéisme contemporain.

Elle ramène Dieu à ses manifestations extérieures, religions, églises, castes des prêtres, en affirmant que la religion est une modalité de la vie sociale. L'essence de la croyance est la soumission ; l'essence de la religion est l'autorité : croire c'est s'assujettir. Croire c'est se soumettre, c'est-à-dire adhérer sans raison.

Toute religion requiert l'obéissance des sujets.

Vérité de raison et vérité de foi s'opposent comme philosophie et théologie, et le prix du salut au-delà est l'obéissance ici-bas. La religion est liée à l'État. [] 1.

Exposez : Le rationalisme moral de Kant a permis d'établir que Dieu procède plus des exigences de la moralité que des certitudes de son existence.

Pour Kant, il n'est de connaissance que des objets de l'expérience ; aussi ne peut-il y avoir de connaissance de Dieu et moins encore de preuve de son existence. Cela revient-il à nier Dieu ? 2.

Répondez : Non.

Tout au contraire, le kantisme affirme Dieu par une obligation issue de la moralité.

Si l'homme, en effet, ne postule pas l'existence de Dieu, il n'est pas de fondement possible à la moralité.

Kant justifie ainsi la foi par la raison pratique, bien que la foi soit plus élevée que la raison.

Ce point de vue peut-il satisfaire le croyant ? [] 1.

Répondez : Non, car le croyant n'a pas besoin du soutien de la raison pour justifier sa foi.

Cependant, la thèse kantienne peut séduire l'homme de foi en lui donnant des raisons supplémentaires de croire.

Mais il ne faut pas confondre la ferveur religieuse avec la rigueur philosophique : le Dieu des philosophes n'est pas celui des croyants. 2.

Expliquez : L'homme de raison est de peu de secours à l'homme de foi.

Pour celui-ci, aspirer à la perfection, à l'absolu, est une exigence de la conscience intime et ne relève pas de la rationalité – fût-elle morale.

Plus encore, le croyant verra dans le postulat kantien une menace planer sur la véracité de son Dieu, puisque son existence dépendrait non des évidences de la foi, mais de la raison.. »