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La religion comme expression fantastique de l’aliénation économique de l’homme ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: EXPRESSION (n.

f.) 1.

— Représentation correspondant de manière analogique à ce qu'elle représente ; la projection plane d'un solide en est l'expression (LEIBNIZ).

2.

— Attitudes, gestes liés à un état psycho.

: expressions du visage, expression corporelle.

3.

— (Lato) Auj., SYN.

de phrase, suite de symboles formant un sens, notation, manière de parler.

4.

— (Ling.) Partie de la signification d'une phrase se rapportant au sujet qui l'énonce (chez RUSSELL, opposée à indication).

Cf.

JAKOBSON : fonction expressive ou émotive du langage. ÉCONOMIE: Du grec oikonomia, «administration de la maison »(de oikos, « maison », et nomos, « loi »). Art d'administrer une maison, de gérer les biens familiaux.

Économie politique : science de la production, de la distribution et de la consommation des biens et des richesses. RELIGION Étymologie discutée.

Cicéron fait dériver le mot du latin relegere qui s'oppose à neglegere comme le soin et le respect s'opposent à la négligence et à l'indifférence.

D'autres font dériver le mot de religare: La religion est avant tout le lien qui rattache l'homme à la divinité : «La religion consiste dans un sentiment absolu de notre dépendance.» (Schleiermacher).

La religion c'est le sentiment que l'homme ne s'est pas donné lui-même l'existence, qu'il dépend d'un Être qui le dépasse infiniment.

Sociologiquement, les religions sont les divers cultes organisés (avec leurs dogmes et leurs rites) pour rendre hommage à Dieu. Si Marx reconnaît avec Feuerbach que la critique de la religion est la présupposition de toute critique, il reproche toutefois à ce dernier sa conception abstraite de l'homme.

Feuerbach manque la réalité de l'homme concret.

L'homme doit être conçu dans son existence réelle.

L4homme pour Marx, n'est pas « une essence abstraite, blottie hors du mode ».

L'homme , c'est avant tout « le monde des hommes », « l'Etat », « la société » : « Feuerbach résout l'essence religieuse en essence humaine.

Mais l'essence de l'homme n'est pas une abstraction inhérente à l'individu isolé.

Dans sa réalité, elle est l'ensemble des rapports sociaux » (« Thèse VI sur Feuerbach »).

C'est pourquoi Feuerbach « ne voit pas que l'esprit religieux est luimême un produit social ». Dans la « Critique de la philosophie du droit de Hegel », Marx montre que la religion est « la conscience inversée du monde », parce que le monde de l'homme, l'Etat, la société sont eux-mêmes « un monde à l'envers ».

Si la religion est « la réalisation fantastique de l'être humain », c'est parce que « l'être humain ne possède pas de vraie réalité ».

Autrement dit, l'aliénation religieuse est le produit de la pauvreté effective de l'homme : « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle est l'opium du peuple ».

Aliéné économiquement, exploité socialement, l'homme réalise de manière fantastique son essence dans un monde imaginaire.

C'est pourquoi lutter contre la religion, c'est « indirectement lutter contre ce monde-là dont la religion est l'arôme spirituel ».

Ainsi, à travers la critique de la religion, la critique doit atteindre la situation réelle de l'homme : « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole.

» Supprimer l'illusion religieuse, c'est donc exiger le bonheur réel.

Dépouiller « les chaînes des fleurs imaginaires », c'est du même coup inviter l'homme à rejeter « les chaînes » et cueillir « les fleurs vivantes ».

Plus fondamentalement, détruire les illusions de l'homme c'est le rendre à sa vraie réalité « pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, cad de son soleil réel ».

C'est donc d'une véritable « révolution copernicienne » qu'il s'agit : passer de la religion , « soleil illusoire qui gravite autour de l'homme » à l'homme qui gravite « autour de lui-même ». Pour Marx, il s'agit donc d'aller plus loin que la simple critique de la religion à laquelle Feuerbach s'arrêtait : il faut aller jusqu'à la critique pratique du monde réel, cad jusqu'à la transformation révolutionnaire de la société. « La religion est la théorie générale de ce monde , sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d'honneur spirituel, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles.

Elle est la réalisation fantasmagorique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine ne possède pas de vraie réalité.

Lutter contre la religion, c'est donc indirectement lutter contre ce monde-là dont la religion est l'arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle est l'opium du peuple. L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole.

» Marx. Marx mène une critique politique de la religion comme idéologie, une critique de son instrumentalisation politique, et notamment de sa fonction d'aliénation : l'homme devient étranger à lui-même, au lieu de réaliser son essence.

Mais le matérialisme abstrait et statique de Feuerbach ne lui suffit pas ; Marx veut expliquer pourquoi l'homme s'aliène dans la projection religieuse : c'est parce que sa vie réelle est invivable.

Si la religion est une conscience inversée du monde, cette inversion n'est pas due à la conscience elle-même, mais est produite par un monde social qui est lui-même à l'envers.

C'est donc en partant de la réalité matérielle que Marx déploie sa critique, et en mettant à jour les contradictions inhérentes aux conditions sociales de vie : son matérialisme est par conséquent concret & dialectique. La religion peut être définie par son effet d'assouplissement de conscience, d'oubli de soi et de sa propre réalité.

Elle prêche en effet aux pauvres la résignation à leur condition misérable, dans l'attente de l'au-delà ; et cette double fonction de consolation et de production d'une espérance entrave leurs luttes pour un changement réel de la société. Marx ne se contente pas de critiquer les effets socio-politiques de la religion : il prône la mise en pratique des conditions de son abolition.

Mais, à la différence de Feuerbach, il lui semble vain de lutter contre la religion qui n'est elle-même qu'un effet de la misère : mieux vaut lutter directement contre la société qui engendre cette misère, afin que la religion tombe comme un fruit mûr. « Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l'homme fait la religion, la religion ne fait pas l'homme.

Plus précisément : la religion est la conscience de soi et de sa valeur de l'homme qui ou bien ne s'est pas encore conquis lui-même, ou bien s'est déjà perdu à nouveau.

Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait, installé hors du monde.

L'homme, c'est le monde de l'homme, l'Etat, la société.

Cet Etat, cette société produisent la religion, une conscience du monde à l'envers, parce qu'ils sont un monde à l'envers.

La religion, c'est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement général de sa consolation et de sa justification.

Elle est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de réalité vraie.

La lutte contre la religion est donc immédiatement la lutte contre ce monde dont la religion est l'arôme spirituel. La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation cotre la misère réelle.

La religion est le soupir de la créature tourmentée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit de situations dépourvues d'esprit.

Elle est l'opium du peuple.

» MARX. 1) L'homme fait la religion.

Sous forme d'une affirmation nettement désignée (« le fondement est celui-ci » ) Marx expose sa thèse : l'homme fait la religion. Ce qui est plus largement en jeu : c'est le rapport entre l'homme et la religion.

Rapport de deux termes qui logiquement rend donc possible deux positions.

Une position généralement admise, selon laquelle la religion fait l'homme.

Une position qui critique ce point de vue et qui inverse les termes : « l'homme fait la religion ». Critiquer revient ici à inverser, et Marx pense à rétablir.

Car ces deux positions sont contraires, et antagonistes.

Prendre position pour l'une, c'est prendre parti contre l'autre.

L'une des positions soutient la prééminence de la religion, l'autre fonde la critique de la religion, est destinée à s'opposer à la religion, donc « critique irréligieuse » qui met la religion à sa vraie place, non pas la première, mais la seconde. Car le rapport : homme, religion, implique de toute manière une antériorité : qu'est-ce qui est premier ? Pour Marx, c'est l'homme qui est premier.

Egalement une suprématie : qu'est-ce qui est supérieur ? Pour Marx, c'est l'homme qui est supérieur.

Mais ce qui lie le rapport indissociable de l'homme et de la religion (la critique orientée contre la religion ne la fera pas disparaître pour autant) est le verbe faire.

Et la question centrale est « qui fait ? » qui a le pouvoir de faire ? Et pour élucider le faire il faut répondre à la question qu'est-ce que ? Doublement : qu'est-ce que la religion ? Qu'est-ce que l'homme ? 2) Aussi faut-il définir en profondeur et l'homme et la religion.

La forme de la thèse (« l'homme fait la religion » ) implique donc que soient définis la religion et l'homme.

D'abord la religion.

Celle-ci n'existe que par l'homme, ce qui justifie qu'on ne puisse pas la définir par elle-même, et qu'il faille au contraire recourir à l'homme.

Elle est dit Marx, « la conscience de soi » de l'homme.

Non pas d ‘abord une institution (avec son clergé et ses rites) mais quelque chose de l'ordre du penser (et non du faire). L'homme qui se pense lui-même, qui pense « sa valeur », établit entre lui et lui-même, un écart.

C'est dans cet écart que se loge la conscience, c'est dans cet espace immatériel que se situe la religion.

Tout au moins dans les deux figures où l'homme ne s'est pas complètement approprié lui-même («l'homme qui ne s'est pas encore conquis lui-même »), où l'homme s'est perdu à lui-même.. »

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