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La passion : maladie et remèdes ?

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« VOCABULAIRE: PASSION: * Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.

Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que le corps fait subir à l'âme.

Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire. * Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse). A.

La passion subvertit la volonté et annihile la raison La passion arrive sans _crier gare, subvertit notre volonté et nous possède. Le passionné a une conduite anarchique, parfois même contradictoire.

Il prend des décisions brusques et inattendues.

Il perd toute initiative réelle, il devient le jouet d'événements qui choisissent pour lui. La passion est une tendance exagérée, incapable de se plier à aucune discipline.

Elle est quelque chose de subi, quelque chose qui n'est pas et ne peut pas être dirigé.

Elle annihile la raison et l'utilise à ses propres fins.

Tout s'ordonne autour d'elle.

Elle devient le point focal, le centre, le seul centre.

Le passionné abandonne tout projet et oublie tout ce qui n'est pas sa passion.

Sa raison en déroute, impuissante, ne peut qu'assister passivement à ses agissements. La logique passionnelle est déraisonnante : « Si ce n'est toi, c'est donc ton frère ». Si l'émotion est passagère, la passion est durable.

Si, dit Kant, l'émotion agit comme une eau qui rompt sa digue, la passion est semblable à un torrent qui creuse de plus en plus profondément son lit.

Aussi les désordres, l'exagération et les bouleversements qu'elle entraîne asservissent-ils l'individu durablement. On associe souvent le mot passion à tous les éléments de la vie affective.

Or, Kant établit ici une distinction de nature entre les émotions proprement dites et la passion.

Les émotions constituent une expérience intense, excessive. L'esprit est submergé, interdit, paralysé par la joie ou la tristesse.

Mais cet état ne dure pas longtemps et passe de lui-même, contrairement à la passion qui dure, et qui se montre ainsi incapable de se réguler elle-même.

La différence entre émotion et passion s'interprète ici comme le passage du normal au pathologique.

Le critère d'évaluation est ici le temps. La passion, c'est enfin et fondamentalement le refus du temps, une éternité de seconde zone.

Le passionné préfère le présent au futur, il sacrifie tout au présent.

L'avenir d'Harpagon n'est rien sinon la simple contemplation de son or.

Rien, en effet, dans l'avenir, ne pourra lui procurer pareille jouissance. Toute passion est une manière de jouer et de vivre l'intemporalité, une manière de vivre la réalité métaphoriquement.

Le passionné s'éprend de quelque réalité comme si elle était précisément quelque irréalité dont elle serait en même temps le symbole, comme si elle était l'image de quelque chose d'autre.

Harpagon aime l'or comme si l'or était la richesse.

Il en vient à aimer l'or au lieu d'aimer la richesse. L'or représente l'inaltérabilité, la constance, l'immuabilité.

Aimer l'or, c'est donc aimer métaphoriquement l'Absolu.

Il y a là un désir d'éternité.

L'avarice est donc, comme toute passion, désir d'intemporalité.

L'avare se rassasie de contempler l'intemporalité que l'or lui figure.

Certes la résistance de l'or aux altérations du temps n'empêche pas l'avare de vieillir, niais le propre de la passion est de nous confondre avec ce que nous aimons.

L'avare éprouve sa propre nature comme transfigurée par la figuration d'éternité de l'or.

Autant d'or qu'il amasse, autant d'intemporalité qu'il conquiert sur le temps, autant d'immortalité qu'il conquiert sur la mort. Dans toute passion, nous retrouvons cette confusion entre l'avoir et l'être.

Ainsi l'amour passion nous fait voir en l'être aimé des perfections que nous créons nous-mêmes et nous pensons qu'en possédant cet être nous allons posséder tout ce qu'il représente.

Nous pensons que par l'avoir, l'être sera régénéré. Stagnation dans l'intemporel et confusion entre l'être et l'avoir caractérisent toute passion. B.

La passion comme maladie de l'âme Les stoïciens considèrent les passions comme des maladies de l'âme.

Comme on parle des infirmités du corps, de la goutte, des rhumatismes, il y a aussi dans l'âme l'amour de la gloire, le goût du plaisir et bien d'autres choses semblables.

L'homme en proie à la passion, livré aux affections que sont les désirs, les espoirs, les douleurs, les sentiments et les émotions n'est pas un homme libre.

Se considérant isolément, méconnaissant la nécessité selon laquelle la partie retourne au tout et la nature de chacun à la nature universelle, cet homme veut vivre mieux, être. »

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