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La parole est-elle un pouvoir?

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« La parole est-elle un pouvoir ? Termes du sujet: POUVOIR: Du latin populaire potere, réfection du latin classique posse, «être capable de ». 1° Verbe : avoir la possibilité, la faculté de.

2° A voir le droit, l'autorisation de.

3° Nom : puissance, aptitude à agir.

4° En politique, ressource qui permet à quelqu'un d'imposer sa volonté à un autre, autorité.

5° Employé seul (le pouvoir), les institutions exerçant l'autorité politique, le gouvernement de l'État. Parole La parole est nécessairement individuelle, et suppose un sujet actif.

Par elle on s'approprie une langue.

La parole est ce par quoi le sujet exerce sa fonction linguistique. Le sujet pose une question fermée à laquelle il faudra répondre par oui ou par non.

On vous demande de déterminer si la parole est un pouvoir.

Pour pouvoir répondre à cette question, il faudra vous demander quel type de pouvoir pourrait être le langage, et donc examiner les différentes sortes de pouvoirs qui existent (force physique, charisme, force de persuasion). On tentera de faire une analyse aussi complète que possible de la notion de pouvoir, en remarquant en particulier que son sens ne se réduit pas au politique. On remarquera que l'idée d'un pouvoir de la parole ne va pas de soi dans la mesure où l'on a plutôt coutume d'opposer les actes (qui peuvent quelque chose) aux paroles, censées se limiter à l'expression et à l'information, quand elles ne servent pas purement et simplement à masquer l'impuissance. Pouvoir du langage & langage du pouvoir. Puisqu'il a pour fonction essentielle l'expression de la pensée et la communication entre les hommes, il est clair que le langage joue un rôle éminent dans les phénomènes de pouvoir.

Il permet ou facilite l'action; il l'interdit ou la sanctionne; le droit se dit et s'écrit et ceux qui dirigent la Cité exercent leur fonction par l'intermédiaire du langage, tout comme ils sont attentifs à en capter les signes. Dans toutes les sociétés, les titulaires du pouvoir ont possédé la maîtrise du langage ou des langages propres à orienter l'action d'autrui.

C eux-là sont détenteurs de ce "maître-mot" que Kipling attribuait dans la jungle à l'enflant démuni mais qui finirait par s'emparer de la fleur rouge.

Prêtres et scribes, pontifes et rois, légistes et avocats, journalistes et hommes des médias connaissent tour à tour cette puissance.

L'agora d'A thènes était le lieu de disputes, de collusions oratoires.

De même, Dieu se manifeste par cet acte de langage: " A u commencement était le Verbe" disait déjà Saint-Jean. Dans les sociétés complexes, le langage est l'expression du pouvoir.

A tel point que le fait de nommer, de qualifier un Pouvoir, lui donne sa cohérence, sinon son existence: qui dit monarchie se met en mesure d'élaborer le système monarchique, formule la série des concepts qui se trouvent mis dans la langue. Toutes les institutions majeures ont pour rôle de tester et d'élaborer le langage du Pouvoir.

L'un des privilèges les plus incontestables du milieu dirigeant est précisément de conserver la langue.

Le langage de la culture se confond avec celui de la classe dirigeante.

Les faits langagiers montrent la capacité "performative" des classes dirigeantes.

Et, le propre de ces dernières est d'éviter ou d'intégrer la "gheottisation" du langage: culture jeune (BD, musique, expressions "branchées"...).

Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à son tour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique et politique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsque la France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg.

De même, à la limite, on obtient le phénomène de la langue de bois qui est une conséquence de la glaciation du langage et/ou de la glaciation du P ouvoir. A ussi, il faut bien qu'un jour, change ce langage jugé rétrograde.

Et, la révolution se manifeste aussi par un acte de langage.

La prise du pouvoir ne s'accompagne pas par hasard de déclarations solennelles, de thèses ou de profession de foi. En bref, on peut dire que le rêve de puissance est un rêve de langage.

Il fonde et manifeste le Pouvoir et celui-ci s'exerce par celui-là. introduction Banalité apparente de la parole.

Et pourtant « On a versé la terre avec des mots.

» (Musset).

La parole...

? Première partie : La parole comme activité Le concept de parole, définition. • Saussure : distinction entre langue (le langage appréhendé en tant que code, phénomène social et passivité) et parole (l'utilisation individuelle de ce code). • Chomsky : cette distinction se retrouve dans son opposition entre compétence (possibilités offertes par la maîtrise d'une langue) et performance (mise en œuvre de cette maîtrise). Deuxième partie : La parole comme pouvoir sur le monde a) Rappel des croyances traditionnelles (religieuses) au pouvoir des mots (le nomen est omen), notamment dans les rites oraux de la magie et de la théurgie.

Mais la parole n'est-elle pas effectivement un moyen d'agir sur la nature dans la mesure où le langage a une fonction constitutive pour la pensée. Toutefois elle peut aussi apparaître comme un obstacle au progrès de la connaissance (cf.

Bachelard et la notion d'obstacle verbal dans les sciences). b) La parole, en tant qu'elle est poétique, c'est-à-dire créative, n'a-t-elle pas le pouvoir de nous faire pénétrer dans le mystère de l'être en nous le dévoilant dans sa présence première ? C f.

Heidegger : « La parole est parlante.

Son parler enjoint à la Différence de venir, qui libère monde et choses au simple de leur intimité.

» Troisième partie : La parole comme pouvoir sur l'homme a) Pouvoirs psychologiques de la parole : parole poétique : pouvoir de suggestion, de fascination ; parole magique : pouvoir d'envoûtement (fonctionnant grâce à un consensus social.

C f.

Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, XI.

La cure shamanistique : la parole du sorcier faisant abréaction pour le malade) ; — parole de la cure psychanalytique (la parole du patient fait abréaction contre l'analyste).

Le pouvoir de la parole est ici plutôt un pouvoir sur soi-même que sur autrui. b) La parole comme pouvoir politique. — P arler c'est informer, et l'information est pouvoir.

En ce sens, celui qui a la parole a le pouvoir.

D'où l'importance du droit à la parole, de la prise et de la confiscation de la parole (cf.

« Qui ne dit mot consent »). — La parole est l'usage de la langue.

Or chaque langue comporte des « niveaux de langues » correspondant à des situations de discours et à des catégories sociales particulières.

L'assimilation — ne reposant sur aucun fondement linguistique et uniquement politique — du niveau de langue d'une classe dominante à la langue (ex.

: on affirme que le français littéraire est le « bon français ».) met dans une situation d'infériorité celui qui ne le maîtrise pas.

A insi du seul fait qu'elle parle la classe dominante domine. conclusion La parole est essentiellement pouvoir, sur l'homme, sur le monde.

Elle peut aussi se dégrader en verbiage, et se faire marchandise.. »

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