La morale nous console-t-elle de la mort ?
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«
Sujet : La morale nous console-t-elle de la mort ?
[La morale permet de donner un sens à la vie et d'atteindre
la sagesse.
La pratique de la sagesse est une préparation
à la mort.
Celui qui sait où se trouvent le bien, la justice,
ne craint pas de mourir.]
Le sage méprise la mort
Socrate a été condamné à mort parce qu'il était accusé d'être impie et
de corrompre la jeunesse.
Il aurait pu s'échapper, mais il a accepté le
verdict.
Ayant passé sa vie à rechercher le bien et à cultiver la
sagesse, il voulait assumer pleinement ses idées et défier les ignorants.
Son courage montre que le sage ne craint pas la mort parce qu'il
détient une vérité plus précieuse que la vie.
Le cas Socrate, tel que le représente Platon...
Athènes, 399 avant Jésus-Christ : un jeune poète nommé Mélétos
porte plainte contre le vieux Socrate, âgé alors de 70 ans.
La démarche
est appuyée par l'orateur Lycon et le puissant Anytos, homme d'affaires
et politicien avisé.
Socrate, que chaque Athénien connaît, pour l'avoir
au moins une fois croisé dans la Cité, entouré de ces jeunes gens qui
suivent chacun des débats qu'il engage, est accusé de « corrompre les
jeunes gens et de ne pas croire aux dieux auxquels croit la Cité et de
leur substituer des divinités nouvelles » (Apologie de Socrate).
Le Socrate que montre Platon dans l'Apologie (en grec la « Défense »)
accueille cette accusation avec beaucoup de désinvolture : il n'a pas
préparé son discours devant le tribunal et plaisante même avec
Mélétos, comme si tout cela, au fond, n'était pas sérieux.
Il a tort.
Car
s'il juge que l'accusation ne tient pas, celle-ci n'en demeure pas moins
d'une extrême gravité.
Ce n'est pas tant l'idée d'une « corruption » de
la jeunesse qui paraît menaçante que celle relative à l'impiété.
Si la religion grecque n'a pas en effet de
dogmes ni un véritable clergé, elle est fondamentalement liée à la vie de la Cité.
Les dieux protègent la ville,
sont invoqués pour garantir la morale, les serments, les lois.
Bref, remettre en cause les dieux, c'est contester
l'ordre de la Cité.
Socrate est accusé de propager parmi la jeunesse des idées qui mettent en danger la
cohésion de la Cité.
Son action est dite désagrégatrice, elle fait de lui stricto sensu un « danger public ».
Ajoutons que Socrate est accusé d'avoir propagé des idées contraires à la démocratie athénienne et d'avoir
sympathisé avec le système élitiste de Sparte.
...
fait du philosophe athénien...
Platon laisse Socrate improviser sa défense.
Cette improvisation devient alors un véritable plaidoyer pour ceux
que l'on nommerait aujourd'hui les « intellectuels », c'est-à-dire tous ceux qui irrésistiblement sont attirés par
ces questions « qui ne les regardent pas » (mais dans lesquelles ils veulent voir pourtant en question l'intérêt
général).
Socrate s'est voulu un taon, cherchant° à dénoncer le caractère illusoire des valeurs sur lesquelles
la majorité des citoyens fonde sa conduite.
Sa méthode? L'ironie, c'est-à-dire la feinte ignorance.
Et de fait,
Socrate passe ses jours à interroger ses contemporains sur leurs certitudes, leurs spécialités, sur ce dont ils
supposent la bonne connaissance acquise : il interroge l'apparence de l'évidence.
Pour savoir ce qu'est le
courage on ira solliciter un soldat, pour le langage un spécialiste de la parole, etc.
De réponses en questions
nouvelles l'interlocuteur voit ses certitudes s'effriter et surgir la contradiction entre ce qu'il affirmait au début
de l'entretien et ce qu'il défend à présent.
En rhétorique cette figure qui fait saillir la réfutation d'une thèse du
simple exposé détaillé de celle-ci porte le nom d'elenchus.
Socrate a évidemment l'habileté du sophiste et le
maniement expert des artifices du langage.
Mais il retourne ces techniques contre leurs utilisateurs,
dénonçant par exemple « ces gens de métier » qui savent si bien dissimuler leurs intérêts particuliers derrière
le souci de l'intérêt général.
Ce sont en effet tous les Meletos, tous les Angtos et les Lycon que la méthode
socratique dérange.
Ceux-là vivent de la croyance aux apparences.
Tant que le paraître est identifié à l'être
Meletos peut faire de son art une activité supérieure, Lycon vendre son talent à manier l'opinion et Anytos
poursuivre ses affaires personnelles sous le couvert de la politique.
Les uns comme les autres en accusant
Socrate ne défendent pas la Cité menacée mais leur propre situation sociale..
»
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