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La morale est-elle un produit de la raison ?

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« Vocabulaire: PRODUIT: cad le rés ultat de diverses opérations, de divers es causes qui se sont enchaînées . * * * * * * * Raison: Du latin ratio, « calc ul », « fac ulté de calculer, de rais onner » (en grec logos). A u sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). P ar opposition à l'intuition : faculté de rais onner, c'est-à-dire de combiner des c oncepts et des jugements, de déduire des c onséquences. P ar opposition à la pas sion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. P ar opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. P ar opposition à l'expérienc e : faculté de fournir des principes a priori (c'es t-à-dire indépendants de l'expérience) A u sens objectif : princ ipe d'explication, c ause (exemple : les raisons d'un phénomène). A rgument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). MORAL(E): Moral: 1) qui concerne la morale.

2) qui est c onforme aux règles de la morale; opposé à immoral. Morale: ensemble des règles de conduite -concernant les ac tions permises ou défendues- tenues pour universellement et inconditionnellement valables. Position de la question.

La morale véc ue, la moralité comprend de multiples éléments dont tous ne sont pas exclusivement rationnels .

Mais, ici, la question est autre : il s 'agit de savoir si la M orale théorique, l'Éthique, qu'il est nécessaire de dis tinguer de la moralité vécue, peut être exclusivement rationnelle. I.

Les tentatives de construction rationnelle. Deux sortes de tentatives ont été faites pour construire ainsi la Morale de faç on exclus ivement rationnelle. A .

— Les philosophes classiques ont, en général, prétendu déduire la M orale d'un système philosophique d'ensemble, voire d'une métaphysique.

La M orale se construirait ains i de façon rationnelle, à peu près c omme les M athématiques construisent leurs propositions à partir de certains principes : RENO U V I E R n'a-t-il pas comparé les notions morales aux purs concepts des M athématiques ? Mais : — 1° les bases métaphysiques qu'on prétend donner à la M orale, sont elles-mêmes discutables; aucune métaphysique n'a réussi à obtenir l'adhés ion unanime des philosophes; —2° comme l'a montré L.

LÉV Y -BRU HL., la déduc tion en question est souvent illusoire; — 3° est-il certain d'ailleurs que les systèmes métaphys iques soient eux-mêmes purement rationnels? B.

— D'où une autre tentative, celle de KA N T, pour édifier une Morale rationnelle, mais indépendante de la métaphysique, l'impératif moral, le D evoir étant identifié à la loi même de la Raison.

Mais cette tentative aboutit à une conception purement formelle de la moralité, la Raison pure étant incapable de donner à celle-ci un contenu suffisamment déterminé. II.

En quel sens la Morale peut et doit être rationnelle. A .

— La M orale n'a pas à être construite de toutes pièces comme la théorie mathématique; elle doit partir d'un donné qui es t la moralité vécue, celle-ci se présentant à la fois sous la forme sociale des moeurs et surtout sous celle de l'expérience morale de la conscience personnelle. B.

— Mais ce donné ne saurait suffire; il doit être élaboré; et c'est ici que la Raison, et la Raison seule, es t compétente.

Tout donné, en effet, doit être interprété, et le donné moral plus que tout autre, car il doit être justifié rationnellement et as sumé par la conscience. 1° Non seulement, en effet, la Raison est essentiellement normative, mais elle implique un principe de cohérence qui s'applique à l'action comme à la pensée et qui n'est donc pas moins important pur la M orale que pour la Logique. 2° La Raison est principe d'universalité.

O r, il est de l'es sence des valeurs de tendre à l'universalité, à tel point que K A N T avait fait de l'universalisation possible du vouloir un des critères de l'action morale. 3° Enfin la Raison, en tant qu'effort vers la pensée claire, en tant que prise de conscience de nos buts d'action et des motifs qui nous font agir, est déjà nécessaire à la vie morale.

Elle l'est, à plus forte raison, à la Morale théorique, qui est essentiellement discipline réflexive. Conclusion La M orale, même théorique, ne saurait être exclusivement rationnelle si l'on entend par là qu'elle doit être une construction purement formelle n'empruntant aucune donnée à la réalité.

M ais elle relève de la Raison et de la Raison seule, — le sentiment ne pouvant en aucune façon remplir le même rôle — en tant que disc ipline normative et élaboration réfléc hie de ce donné. SUPPLEMENT: BERGSON: La vie morale sera une vie rationnelle. T out le monde se mettra d'ac cord sur c e point.

M ais de ce qu'on aura constaté le carac tère rationnel de la conduite morale, il ne s uivra pas que la morale ait s on origine ou même son fondement dans la pure raison.

La grosse ques tion est de savoir pourquoi nous sommes obligés dans des cas où il ne suffit nullement de se laisser aller pour faire son devoir. Q ue ce soit alors la rais on qui parle, je le veux bien ; mais si elle s'exprimait uniquement en son nom, si elle faisait autre c hose que formuler rationnellement l'action de certaines forces qui se tiennent derrière elle, comment lutterait-elle contre la passion ou l'intérêt ? Le philosophe qui pens e qu'elle s e suffit à elle-même et qui prétend le démontrer, ne réuss it dans sa démonstration que s'il réintroduit ces forc es sans le dire [...].

La prétention de fonder la morale sur le respect de la logique a pu naître c hez des philosophes et des savants habitués à s'incliner devant la logique en matière spéculative et portés ains i à croire qu'en toute matière, et pour l'humanité tout entière, la logique s'impose avec une autorité souveraine.

M ais du fait que l a s c ience doit respecter la logique des choses et la logique en général si elle veut aboutir dans ses recherches, de ce que tel es t l'intérêt du s avant en tant que s avant, on ne peut c onclure à l'obligation pour nous de mettre toujours de la logique dans notre c onduite, comme si tel était l'intérêt de l'homme en général ou même du savant en tant qu'homme.

Notre admiration pour la fonction spéculative de l'esprit peut être grande ; mais quand des philosophes avancent qu'elle suffirait à faire taire l'égoïsme et la passion, ils nous montrent - et nous devons les en félic iter - qu'ils n'ont jamais entendu résonner bien fort c hez eux la voix de l'un ni de l'autre. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 En quel sens peut-on dire que la morale est rationnelle ? 2 En quel sens ne l'est-elle pas ? 3 Q uel es t le domaine où la rationalité et la logique sont réellement efficaces et suffisantes ? Réponses: 1 - A u sens où l'on peut toujours justifier rationnellement une c onduite morale. 2 - La morale n'est pas rationnelle si l'on entend par là que les conduites morales ont la rais on s eule pour origine et pour motivation. 3 - Le domaine de la science, de la connaiss ance de la nature.. »

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