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La morale est-elle indépendante des croyances religieuses positives ?

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« A.

— Exposé.

— Nous avons écarté la conception d'une science positive des moeurs, d'une physique des moeurs, tirant; comme l'autre physique, toutes ses données de l'expérience.

Faut-il admettre, par contre, la conception théologique, d'après laquelle l'idéal moral, les règles de conduite, le système des commandements et des défenses, s'imposent h l'homme, comme provenant d'une révélation surnaturelle, et dès lors trouvant son unique fondement sur la croyance religieuse ? B.—Discussion.

— Concession : On a pu soutenir, avec vraisemblance, que seule une morale religieuse peut être populaire, c'est-à-dire accessible à la masse des gens qui ne sont pas à même d'étudier la philosophie et qui ont pourtant besoin de réaliser leur fin, qui sont obligés de vivre honnêtement. « Mon opinion, avoue M.

Boutroux, c'est que la conscience dite morale.

si on l'entend à la manière classique, comme conscience d'un devoir, d'une destinée, d'une responsabilité, est une donnée religieuse dans ses origines, ses principes et ses conditions, ainsi que l'a souvent remarqué Ernest Renan, ainsi que le soutiennent aujourd'hui même ceux qui se proposent d'abolir toutes les traces de l'éducation religieuse de l'humanité.

On peut certes, considérant la morale en elle-même comme un simple fait, déterminer, classer et essayer de systématiser les règles qu'elle renferme, sans faire appel à des principes qui la dépassent.

De même, on peut analyser et résumer un code de lois, sans remonter aux causes qui l'ont fait édicter et qui le maintiennent en vigueur. « Mais si, mal satisfait soit de l'explication innéiste de la conscience morale, — explication paresseuse qui n'explique rien, — soit de l'explication empirique, qui détruit ce qu'elle prétend expliquer, on cherche philosophiquement à se rendre compte de ses sources, on trouve que ces sources ne sont autres que l'aspiration et la vie proprement religieuses.

» Nous ferons remarquer toutefois qu'il n'est pas nécessaire de faire appel aux croyances des religions positives, pour fonder la morale.

Montrer en effet que : 1° La morale repose sur la raison, tandis que la religion se fonde sur la foi.

Perdrait-il la foi à toute religion révélée, l'homme trouverait encore dans sa nature même les grands principes de la morale. 2° La morale est universelle et ses prescriptions se retrouvent identiques; au moins dans leur essence, chez tous les peuples : tandis que les religions qui se disent révélées sont aussi nombreuses que diverses et changeantes dans leurs prescriptions morales. 3° L'application des règles morales est indépendante, en soi, de toute prescription religieuse.

A quelque religion qu'on appartienne, ou qu'on n'appartienne à aucune, le devoir de l'honnêteté naturelle s'impose à tout homme : La moralité est donc indépendante de la révélation qu'on admet, du dogme auquel on adhère.

Il vade soi que chacun reste libre de superposer à la morale cette révélation et ce dogme.. »

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