La morale d'Aristote ?
Extrait du document
«
1° Exposé de l'eudémonisme rationnel.
- Avec une méthode différente, Aristote aboutit à une conclusion
analogue à celle de Platon.
Pour lui aussi le bien d'un être, sa fin.
c'est la réalisation de son essence, c'est son acte
propre, et dans cette perfection de sa nature, il trouve son bonheur, car le plaisir est l'achèvement de l'acte.
Or, le
propre de l'homme, c'est la raison ; s'a vertu, son bonheur se trouveront donc dans une vie raisonnable.
Voici en quoi consiste, d'après Aristote, cette vie raisonnable.
« L'acte propre de la raison, c'est la contemplation de
la Pensée suprême, Acte pur, Pensée de Pensée, qui trouve en soi-même son éternel objet -et son infinie béatitude.
Par delà la sphère des vertus pratiques se trouve donc la sphère des vertus intellectuelles ; la vie contemplative
nous donne le bonheur parfait qui dépasse toute nature sensible et appartient à Dieu ; la fin dernière de la vie
humaine, c'est ainsi la vie divine elle-même, dans laquelle l'âme, par la contemplation, par l'union ineffable de la
raison avec la Pensée suprême, jouit de l'éternelle perfection et de l'éternelle félicité «-le Dieu, et entre vraiment
dans l'immortalité.
«.
Il ne faut pas, comme quelques-uns le recommandent, n'avoir que des pensées et des
sentiments humains, parce que nous sommes des hommes ; que des pensées et des Sentiments mortels, parce que
nous sommes mortels ; il faut, au contraire, autant que possible, nous immortaliser.
» (Éthique a Nicomaque, X, 7).
BONHEUR ET VERTU.
A)
Le bonheur est dans l'exercice et l'usage de la vertu.
Pour Aristote, le bonheur est la fin suprême, au-delà de laquelle on ne saurait penser d'autres fins.
Il a donc
une valeur de bien en soi.
Mais il ne réside ni dans la recherche effrénée de plaisirs, ni dans la bonne fortune (la
chance), mais dans l'activité raisonnable et maîtrisée qui prend comme fin l'accomplissement plénier de soi-même
en accord avec la vertu.
La plupart des hommes ne pouvant mener une vie conforme à la vertu intellectuelle de
la sagesse et atteindre ainsi dans la vie contemplative le Souverain Bien, doivent agir selon la vertu de prudence
(« phronésis »), en évitant les deux extrêmes de la démesure et de l'inertie.
Il s'agit donc de discerner dans
chaque situation où est le juste milieu (médiété) de manière à combiner harmonieusement le souhaitable et le
possible.
Le juste milieu doit se rechercher aussi bien pour les états affectifs ou passions (ainsi le courage est le
juste milieu de la témérité et de la peur) que pour les actions (ainsi la libéralité est le juste milieu de la
prodigalité et de la parcimonie).
Une telle sagesse pratique unit étroitement l'aspiration au bonheur et la vertu.
Prendre comme fin suprême une
amélioration de soi, viser des actions les meilleures possibles, n'exige pas le renoncement à tous les plaisirs.
A première vue, l'existence d'un objet suprêmement désirable qui serait la cause
finale des activités humaines ne fait pas de doute.
Tous les hommes désirent être
heureux , constate Aristote dans l' « Ethique à Micomaque ».
Le bonheur
constitue le souverain bien, car il est recherché comme une fin absolue et non
relative.
Chaque activité particulière tend vers quelque bien : la médecine vers la
santé, l'art militaire vers la victoire, l'art financier vers la richesse.
Ces biens,
cependant, ne sont pas poursuivis pour eux-mêmes, mais seulement comme des
moyens en vue d'une fin plus haute qui est le bonheur.
Toutes les fins particulières
se subordonnent à cette fin suprême unique qui n'est plus un moyen en vue d'une fin
ultérieure, mais qui est recherché en elle-même et pour elle-même.
Nous désirons
être heureux pour être heureux.
Toutefois, constate Aristote, s'il y a convergence sur le nom de ce bien
suprêmement désirable, il y a divergence concernant sa nature.
Quel est cet objet
mystérieux qui appelle tous nos voeux ? Le stagirite recense les objets possibles et
définit sur cette base trois grands types de vie : la vie de jouissance, plus
particulièrement propre à la foule, la vie politique, à laquelle aspirent surtout les gens
cultivés soucieux de l'honneur, et la vie contemplative prisée par les sages
Il examine d'abord la vie de jouissance et s'interroge sur la question de savoir si le
désir tend au plaisir comme à sa fin ultime.
Aristote ne rejette pas l'hédonisme, car il
concède que toute activité sensible ou intelligible s'accompagne de plaisir lorsqu'elle
s'exerce dans des conditions favorables, mais il ne saurait consentir à l'assimiler au
bien suprême pour plusieurs raisons.
La foule qui aspire à une vie de jouissance ne
vise pas les plaisirs raffinés de l'intellect, mais les débauches grossières et les ripailles
d'un Sardanapale.
Or, chaque être vivant a une « hexis », une vertu propre, et
l'excellence pour chacun consiste à remplir au mieux la fonction qui convient à sa
nature.
Une vie de plaisir revient à développer et à porter à son degré maximal la
partie sensitive ne nous distingue en rien des bêtes qui éprouvent comme nous des
sensations de plaisir et de peine.
Grossière et partielle, la satisfaction hédoniste ne
saurait convenir à un animal raisonnable.
Le plaisir, par ailleurs, n'est jamais la fin dernière de nos activités, mais une fin
surajoutée qui les couronne lorsqu'elles sont menées à bien.
Ainsi l'acte de voir,
lorsqu'il unit une vue parfaite et un objet parfait, produit une jouissance esthétique..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Aristote: Sujet, morale et politique
- Aristote: La morale et le sujet
- ARISTOTE : L'ANIMAL RATIONNEL
- Poétique d'Aristote
- « Le bonheur est une fin en soi » ARISTOTE