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La liberté obéit elle à des limites

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« Introduction La liberté est un état, l'état de celui qui agit conformément à sa volonté.

Dans cette mesure, on peut penser qu'elle n'a pour limites que celles de la volonté de l'agent.

Mais, à y réfléchir plus amplement on aperçoit vite que la volonté en elle-même n'est bornée d'aucune frontière ; précisément, il est possible de tout vouloir, n'importe où et n'importe quand.

Doit-on alors pour être libre pouvoir faire tout ce que l'on veut, quand et comme on le veut ? Peut-on parler de liberté si cette dernière obéit, c'est-à-dire se soumet volontairement, à des limites ? La présence de limites exclue-t-elle purement et simplement toute forme de liberté ? Si c'est le cas, peut-on encore raisonnablement admettre l'existence de la liberté, ne doit-on pas plutôt conclure à sa seule présence dans nos discours, telle une utopie dont se berce l'homme plein d'illusions ? On le voit, si la liberté est par définition l'obéissance sans limite à notre volonté, savoir si elle peut répondre à des règles, et appartenir à des limites, c'est redéfinir, et surtout réhabiliter -ou non- le statut de cette dernière. I. On ne peut pas parler d'acte libre si ce dernier dépend de causes ignorées par l'agent. Est libre qui existe et agit selon sa propre volonté, et qui n'est borné d'aucune sorte de limite. Dans ses Correspondances, Spinoza écrit que la liberté « ne se situe pas dans un libre décret mais dans une libre nécessité ».

Il affirme par là que ce n'est pas nécessairement celui qui décide qui est libre, mais bien celui qui « existe et agit selon sa propre nécessité ». Autant dire que la liberté, selon le philosophe, n'est bornée et n'obéit à aucune limite.

Dans cette perspective, il n'existe aucune liberté humaine.

En effet, si l'individu croit agir librement dans la mesure où il semble décider et de ce qu'il fait, et de ce qu'il acquiert, en réalité, ce ne sont que ses désirs qui le meuvent.

Ainsi, Spinoza écrit que « l'enfant croit désirer librement le lait, et un jeune garçon vouloir se venger s'il est irrité, mais fuir s'il est craintif ».

On trouve ici la différence essentielle qui existe entre la volonté et le désir.

Selon le philosophe, l'homme confond justement les deux.

En effet, le désir ne se décide pas, il est un besoin inhérent à l'individu, et plus précisément dépend de son animalité.

Contrairement à lui, l'objet de la volonté est une fin que l'individu s'assigne après réflexion, et il décide par lui-même des moyens qu'il va utiliser pour l'obtenir.

Selon Spinoza, l'homme est un être de désirs, non de volonté.

Il croit vouloir mais ne fait que désirer. Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre, mais privée de raison, est une volonté perdue.

Plus nous connaissons, plus notre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissance au point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes et des effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chose arrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que tel autre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quand elle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose est contrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Au sens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissance absolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa propre nécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir en fonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dans un empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles la puissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Bien souvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures : la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notre culture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairement déterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, et ignorants des causes qui les déterminent." Dans cette perspective, la liberté humaine n'est qu'une illusion précisément parce qu'elle est bornée par ses limites animales, par ses désirs.

Elle est un « préjugé inné en tous les hommes ». II. Si la volonté est aussi ample que celle de Dieu, reste qu'être libre c'est choisir, et donc se limiter à certaines fins.

Concevoir la liberté comme infinie dans la pratique est une des principales sources d'erreurs.

Au contraire, la comprendre et la concevoir comme limitée, c'est rester dans le vrai. On l'a vu, ce qui limite la liberté (et la supprime) c'est l'impossibilité pour l'individu de « modérer ses passions », d'exister et d'agir selon sa propre nécessité.

Inversement, on peut donc penser que la liberté est elle-même une limite ; une limite aux désirs.

Alors, la modération, voire la suppression des besoins seraient peut-être une solution pour l'action volontaire de l'homme.. »

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