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La liberté est-elle une résistance ?

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         .../...   Dès lors, si être libre se crée bien par la résistance (1ère partie), cette même liberté, ici du point de vue moral, se fait aussi malgré soi et ses penchants (2nd partie), voire contre soi dans le cas de la liberté civile (3ème partie), déplaçant systématiquement le rapport entre les libertés et les résistances au sein d'un jeu quasi dialectique.

« Introduction : La Boétie dans De la Servitude volontaire, ou « Contr'Un » pose la question de savoir comprendre comment des millions de personnes peuvent obéir à un seul homme aux dépens de leur liberté : c'est-à-dire comprendre comment une servitude volontaire est possible.

Plus exactement c'est la question de l'autorité fixant l'obéissance qui pose problème et c'est bien ce que l'on peut comprendre avec cette interrogation dès le début de l'ouvrage : « Je désirerais seulement qu'on me fît comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d'un tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'on lui donne, qui n'a de pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire ».

Or l'Etat que dénonce ici La Boétie n'est pas un Etat de droit, mais un Etat de police ou une monarchie absolue ne rendant pas compte de la liberté des individus.

Or la liberté se conçoit bien ici dans un double sens qui est celui à la fois de la liberté naturelle qui ne souffre aucune résistance mais aussi de la liberté civile qui elle doit se comprendre dans la cadre de la loi.

C'est bien aussi dans la genèse de l'avènement de la liberté que doit se comprendre cette réflexion sur le rapport entre les libertés et les résistances. Dès lors, si être libre se crée bien par la résistance (1ère partie), cette même liberté, ici du point de vue moral, se fait aussi malgré soi et ses penchants (2nd partie), voire contre soi dans le cas de la liberté civile (3ème partie), déplaçant systématiquement le rapport entre les libertés et les résistances au sein d'un jeu quasi dialectique. I – Libertés pour soi a) La liberté peut se définir comme la capacité d'agir selon les principes et les règles de notre volonté ou plus simplement comme la capacité d'agir sans entraves.

La liberté dans une communauté est garantie par un ensemble de lois ainsi qu'une constitution fondant un Etat de droit qui se distingue de l'état de nature ou de l'état de guerre et de l'arbitraire.

L'Etat de droit est alors le seul garant de la puissance publique, c'est-à-dire de l'emploi de la force afin de garantir la sûreté, la liberté et la propriété des individus composant la communauté.

De ce point de vue, on pourrait l'accorder avec cette citation de Blanqui pour qui la force est la seule garantie de la liberté : « La force est la seule garantie de la liberté » dans Instructions pour une prise d'armes.

Il faut bien voir que ce que l'on nomme liberté ne peut donc se comprendre qu'à l'aune d'une résistance.

La résistance crée la liberté d'action et c'est bien ce que l'on peut voir dans le cas d'Antigone dans la pièce éponyme.

La liberté qu'elle prend d'enterrer son frère est un acte de résistance face au pouvoir et à la décision de Créon.

Le droit de pouvoir faire quelque chose est toujours arraché à une servitude première.

En tant que révolutionnaire, il faut lire cette citation de Blanqui, comme un appel aux armes c'est-à-dire afin de se révolter et de retrouver la liberté première de l'homme : d'une certaine manière sa liberté naturelle.

Dès lors le seul moyen qu'envisage Blanqui est la révolution, c'est-à-dire la prise des armes afin de mettre fin à ce que l'on pourrait appeler cette servitude volontaire. b) Toutefois, cette liberté est possible aussi simplement comme refus d'obéir c'est-à-dire à travers cet acte de résistance que développe Thoreau dans De la Désobéissance civile dans la mesure où il est emprisonné parce qu'il refuse de payer un impôt qui doit servir à la guerre contre le Mexique donc à l'asservissement de tout un peuple pour des motifs économiques ce qui lui vaut d'être mis en prison : « A quoi bon la conscience individuelle alors? Je crois que nous devrions être hommes d'abord et sujets ensuite.

Il n'est pas souhaitable de cultiver le même respect pour la loi et pour le bien.

La seule obligation qui m'incombe est de faire bien.

La loi n'a jamais rendu les hommes un brin plus justes, et par l'effet du respect qu'ils lui témoignent les gens les mieux intentionnés se font chaque jour les commis de l'injustice.

Le résultat courant et naturel d'un respect indu pour la loi, c'est qu'on peut voir une file de militaires, colonel, capitaine, caporal et simples soldats, enfants de troupe et toute la clique, marchant au combat par monts et par vaux dans un ordre admirable contre leur gré, que dis-je ? contre leur bon sens et contre leur conscience, ce qui rend cette marche fort âpre en vérité et éprouvante pour le cœur.

[…]La plupart du temps sans exercer du tout leur libre jugement ou leur sens moral ; au contraire, il se ravalent au niveau du bois, de la terre et des pierres et on doit pouvoir fabriquer de ces automates qui rendront le même service.

Ceux-là ne commandent pas plus le respect qu'un bonhomme de paille ou une motte de terre.

Ils ont la même valeur marchande que des chevaux et des chiens.

Et pourtant on les tient généralement pour de bons citoyens.

[…]Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c'est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables ».

Cette résistance a pour objet de ne pas devenir un instrument de l'injustice c'est-à-dire de conserver au moins sa liberté morale. c) En allant plus loin, Proudhon dans sa Théorie de la propriété définit alors la liberté comme suit : « La liberté, c'est le droit qui appartient a l'homme d'user de ses facultés et d'en user comme il lui plaît.

Ce droit ne va pas sans doute jusqu'à celui d'abuser ».

Il est alors nécessaire selon lui de distinguer deux genres d'abus : « le premier comprenant tous ceux dont l'abusant subit seul les conséquences ; le second comprenant tous les abus qui portent atteinte au droit des autres ».

Tant que l'homme n'abuse que contre lui-même, la société n'a pas le droit d'intervenir ; si elle intervient, elle abuse.

Le citoyen ne doit avoir ici d'autre législateur que sa raison ; il manquerait au respect. »

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