Aide en Philo

La liberté est-elle une illusion ?

Extrait du document

« Explication des termes: ILLUSION: 1) Toute erreur provenant de l'apparence trompeuse des choses (illusions perceptives). 2) Croyance ou opinion fausse abusant l'esprit par son caractère séduisant et le plus souvent fondée sur la réalisation d'un désir (Cf.

l'analyse de Freud concernant la religion).

Contrairement à l'erreur, qui peut être corrigée, l'illusion survit à sa réfutation. LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. APPROCHE: Cette conception de la liberté est développée par Spinoza (en particulier dans l'Éthique).

L'enjeu est de distinguer liberté et volonté.

Concevoir la liberté comme pouvoir d'une volonté de choisir (ainsi de la liberté d'indifférence, du libre arbitre), c'est se méprendre sur le sens de la liberté.

Et en ce sens il y a une illusion de la conscience quant à la liberté.

La liberté n'est donc pas propriété de la volonté puisque celle-ci est déterminée, même si elle l'ignore.

La liberté est une illusion fondamentale de la conscience dans la mesure où cette dernière se croit libre alors qu'elle est déterminée (Lettre à Schuller).

Par exemple, la pierre qui tombe peut- elle croire qu'elle se meut seule, et qu'elle était dotée d'une conscience (l'analogie avec la conscience de l'homme et ses illusions est ici forte), alors qu'elle ignore les causes qui la poussent à agir ? Toutefois, l'homme dans la mesure où il forme des idées adéquates, c'est-à-dire dans la mesure où il connaît, peut se libérer.

L'homme ne naît pas libre, mais il peut le devenir, il peut se libérer.

Par la connaissance, l'aveuglement sur soi et sur le monde comme l'aliénation s'amenuisent, et on augmente notre puissance d'agir (que Spinoza nomme "conatus", c'est-à-dire l'effort pour persévérer dans notre être, puissance d'action ; il dit ainsi que la joie augmente notre puissance d'agir tandis que la tristesse la diminue). LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une cause extérieure » (Éthique, III, P.

4). L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie : « Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvons rien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.). De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérer dans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et au corps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ; de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme est déterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que le désir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'est pourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience de cette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendons vers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.

» (Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à la nature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie. D'une certaine manière, on devient libre.

Être libre, c'est s'affirmer ; or plus on comprend, plus on connaît, plus on s'affirme.

De plus, la puissance de l'homme consiste en la pensée ; donc connaître, penser, c'est exprimer notre nature, la nécessité de notre nature et en ce sens cela correspond à notre liberté.

Il va de soi qu'un être qui ignore pourquoi il agit de telle ou telle manière se croit libre mais ne peut l'être ; tandis qu'un homme qui connaît les causes qui le déterminent à agir acquiert une plus grande liberté par la lucidité.

L'aliénation illustre la liberté comme illusion, selon la définition qu'en donnait le philosophe Althusser : un homme aliéné est un homme qui se croit libre alors que tout le contraint. Rien ne semble être plus évident à l'homme que sa liberté.

Car il l'expérimente au quotidien, jusque dans ses choix les plus douloureux.

Cependant, chacun d'entre nous a déjà éprouvé le sentiment de n'avoir pas pu faire ou penser. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles