Aide en Philo

La liberté est-elle un fait ?

Extrait du document

« Vocabulaire: FAIT : Ce qui est ou ce qui arrive, et qui se donne ou même s'impose à nous dans l'expérience. On distingue souvent le fait brut, qui s'offre immédiatement à l'observation dans l'expérience ordinaire, et le fait construit (fait scientifique), qui résulte d'une élaboration théorique et expérimentale (Bachelard appelle «phénoménotechnique» cette construction du fait).

Cependant, même le fait brut est imprégné de théorie, même s'il peut s'agir d'une théorie pré-scientifique, c'est-à-dire de préjugés. Le fait (ce qui est) se distingue par principe du droit (ce qui doit être).

De même, une question de fait porte sur le pourquoi ou le comment, alors qu'une question de droit porte sur la valeur et la légitimité.

On oppose l'état de fait à l'état de droit, c'est-à-dire conforme au droit (légal ou légitime). Si on ne peut connaître l'homme que comme déterminé, on peut toujours penser la liberté comme une possibilité. Tout se passe, d'ailleurs, dans la pratique comme si nous considérions nous-mêmes l'homme comme libre.

Un homme a-t-il commis un crime ? On pourra toujours trouver des causes à son acte, mais nous ne l'innocenterons pas pour autant.

En le déclarant coupable (avec ou sans circonstances atténuantes), nous affirmons, en fait, qu'au moment où il a commis cet acte, il pouvait, malgré tout son passé, ne pas le commettre.

On sait que Kant considère la causalité, non comme une réalité objective, mais comme un a priori de l'entendement humain.

D'où l'idée que l'homme ne connaît pas la réalité en soi mais seulement la réalité phénoménale.

D'où l'idée que la véritable nature de l'homme n'est pas celle que nous connaissons théoriquement et l'affirmation de la possibilité d'une liberté transcendantale.

Il y a, en l'homme, une volonté libre qui peut se déterminer elle-même indépendamment de l'enchaînement temporel de sa vie.

Mais comment puis-je savoir que je suis libre ? Kant répond que la liberté se fonde sur l'impératif catégorique : « Je dois ».

« Je dois, donc je puis », c'est-à-dire que je suis capable d'agir par une détermination qui ne vienne que de moi. Kant pose un rapport de cause à conséquence assez surprenant entre ces deux verbes : le pouvoir faire découlerait du devoir faire.

Or cela pose problème : ce n'est pas parce que l'on doit faire quelque chose que les conditions de possibilité de la réalisation de ce devoir sont réunies.

Il ne faut alors peut-être pas prendre cette citation comme posant des conditions de possibilité, mais comme affirmant un primat absolu du devoir sur tout autre type de motivation de nos actes, et alors l'enjeu du sujet est moral. La raison ne peut me commander d'obéir à la loi morale que si j'ai la possibilité d'y obéir.

Dans le cas contraire, la raison se contredirait.

Il suffit donc d'invoquer l'accord de la raison avec elle-même pour déduire du devoir la liberté.

D'ailleurs, s'il est vrai que je peux désobéir à la loi morale, j'expérimente aussi parfois que je peux agir contre mes désirs et que, même, je dois toujours le vouloir, s'il le faut.

J'éprouve donc en moi une possibilité d'agir moralement qui atteste mon indépendance par rapport à tous les déterminismes naturels et sociaux qui m'affectent.

La liberté ne peut pas se prouver, mais elle est un fait donné en même temps que la raison.

Un fait que le vécu confirme. 1.

D'après Kant, nous ne pouvons nous présenter les phénomènes que sous les formes de l'espace et du temps; et les phénomènes ainsi représentés sont enchaînés les uns aux autres par un déterminisme inflexible.

Comment alors admettre la liberté ? Le seul moyen, c'est de mettre en question la valeur de la science, de montrer qu'elle n'est pas la représentation exacte du réel, et que, par suite, la liberté est possible en réalité.

Or, telle est précisément la conclusion de la Critique de la Maison pure.

Celle-ci établit que le monde tel qu'il nous apparaît et qui est soumis au déterminisme, n'est qu'un monde apparent, tout relatif à la constitution de notre esprit, et que, par conséquent, nous n'avons pas le droit de conclure de ce qui apparaît à ce qui est.

Il peut donc y avoir, dans le noumène, une causalité libre.

Or, la raison pratique transforme pour nous cette possibilité en nécessité.

Elle ne nous prouve pas cette liberté fondamentale ; elle nous oblige à y croire. 2.

Ainsi donc, d'une part, la science implique le déterminisme universel ; d'autre part, le devoir postule la liberté. Comment lever cette antinomie ? Kant distingue dans l'homme deux espèces de causalités et de caractères : les caractère et causalité empiriques (homme-phénomène) ; les caractère et causalité intelligibles (homme-noumène). LA PERSONNE ET LA MORALE "L'homme conscient de son devoir n'est pas, dans le monde, phénomène mais noumène ; il n'est pas une chose, mais une personne." Kant, Opus postumum, 1796-1804. L'homme, par son affectivité, tisse des liens avec le monde.

De ce fait, il peut être déterminé dans ses actions par des causes qui lui sont extérieures, hétéronomes.

Tout ce qui peut conditionner le sujet ne permet pas de fonder la morale, car l'homme serait alors ramené à un statut d'objet, phénomène parmi les phénomènes, régi par le principe. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles