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La liberté est-elle inaliénable ?

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« Définition des termes du sujet: LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. Aliénation Du latin alienus, « étranger », de alius, « autre ».

En droit, désigne le fait de donner ou de vendre.

C'est le sens qu'utilise Rousseau dans Le Contrat social. Pour Hegel, Feuerbach et Marx, l'aliénation est le processus par lequel un individu est dépossédé de ce qui le constitue au profit d'un autre, ce qui entraîne un asservissement. La question « La liberté est-elle inaliénable ? » est paradoxale, car elle nous demande s'il est possible d'être privé de sa liberté.

Or nous connaissons de nombreuses situations où nous subissons des contraintes, et il semble que rien ne soit plus facile que de perdre sa liberté lorsque nous sommes soumis à un quelconque pouvoir.

Comment peut-on alors demander si l'aliénation de la liberté est possible, alors qu'elle semble être partout réelle, puisque nous sommes tous contraints par quelque chose ? La liberté est la chose la plus facile à perdre et il faut sans cesse se battre pour la conserver.

De nombreuses expériences de la vie quotidienne pourraient illustrer ce point.

Qu'on pense aux contraintes liées à l'organisation du travail et à tous ces « emplois du temps » qui, par opposition aux temps des loisirs, aliènent notre liberté pour servir nos intérêts économiques et, en définitive, assurer notre survie.

Dans les cas extrêmes, la liberté est aliénée le plus complètement lorsqu'il y a une privation effective de la liberté de circuler, comme lors d'une incarcération.

La prison est alors le lieu « juridique » où l'aliénation de la liberté est organisée sur un plan institutionnel, puisque les conditions d'un emprisonnement sont définies par les lois.

Toutefois, l'analyse précédente semblera insuffisante si on ne précise pas qu'il existe, au-delà de toutes les contraintes sociales qui aliènent ponctuellement ma liberté, une forme de liberté totalement inaliénable, c'est-à-dire dont on ne peut jamais être privé.

C'est la liberté de conscience, d'opinion et de pensée.

En effet, si sous la torture un bourreau peut me faire dire ou avouer n'importe quoi, il ne pourra jamais me faire penser autre chose que ce à quoi je veux penser.

Par définition, il ne peut avoir accès à l'intériorité de ma pensée, « forteresse imprenable » en raison de cette intériorité même.

Ainsi le domaine interne de ma propre pensée silencieuse apparaît-il comme le lieu privilégié d'une liberté totalement inaliénable. Cette dernière analyse peut néanmoins faire à son tour l'objet d'une critique.

La liberté de penser ne peut-elle, ellemême, être l'objet d'une aliénation bien plus cachée, au moyen de la propagande politique, du contrôle de la presse et de l'éducation, tout ce qu'on appelle « le conditionnement idéologique » ? Tel est bien le cas pourtant, l'Histoire nous le prouve, à travers les dictatures qui ont traversé celle de certains peuples.

Dans cette perspective, le sujet se croit d'autant plus libre qu'il n'a absolument pas conscience de ses conditionnements.

Aussi il subit alors le plus haut degré de l'aliénation, car il devient un prisonnier qui n'a pas même l'idée de vouloir s'évader, ne connaissant pas la « prison mentale » qui, secrètement, détermine les cadres de sa pensée et ses jugements de valeur sur le monde. Cet argument nous montre qu'il n'existe aucun domaine où la liberté ne soit pas soumise, au risque de l'aliénation, pas même celui de la pensée.

Doit-on dire alors que Rousseau s'est trompé ? Mais notre réponse s'oppose-t-elle vraiment à lui ? En réalité, Rousseau considère également que la liberté est aliénable en fait.

Mais il soutient la thèse selon laquelle elle est inaliénable en droit.

C'est précisément pour rétablir le droit des hommes à exercer leur dignité d'homme libre qu'il a écrit le texte dont nous avons étudié un extrait. « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité et même à ses devoirs.

Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l'homme.

» Rousseau.. »

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