La liberté demande-t-elle des garanties ?
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«
INTRODUCTION
Définition des termes et problématisation : Demander des garanties est l'indice d'une incertitude, d'un besoin
d'être assuré ou rassuré.
L'objet de la garantie génère un manque de confiance parce qu'il n'est pas maîtrisé ou ne
dépend pas que de nous.
Ainsi si la liberté demande des garanties cela signifierait que nous ne sommes pas sûrs
d'être libres.
La garantie peut être prise dans les sens suivants : protection, préservation, assurance.
Le terme de
protection souligne la possibilité d'un danger, il faut alors se demander si la liberté peut se perdre.
La préservation
est l'expression de la valeur d'un bien que l'on possède actuellement, que l'on veut garder mais dont la possession
n'est pas assurée dans l'avenir.
L'assurance nous place dans un contexte intersubjectif, exiger d'autrui qu'il nous
assure qu'il tiendra sa promesse par exemple.
En ce sens l'assurance est synonyme de dépendance dans la mesure
où elle suppose qu'autrui tienne sa promesse.
Cela voudrait donc dire que l'objet de l'assurance ne dépend pas de
nous.
L'exigence de garanties que pourrait avoir la liberté devient cohérente en deux sens.
Soit parce que la liberté
nous échappe, est hors de notre portée, nous n'en sommes pas la source et de ce fait nous nous en remettons à
une personne extérieure (parents, Dieu).
Les garanties de la liberté prendront une dimension d'extériorité.
Soit la
liberté ne dépend que de l'individu et dans ce cas, elle pose la question suivante : la liberté suppose-t-elle un
engagement de notre part, doit-on s'engager à assumer notre liberté ? Il s'agira de confronter deux types de
garanties à deux acceptions de la liberté.
Le premier type est appelé garanties extérieures, le deuxième type est
appelé garanties intérieures.
La première acception de la liberté serait la suivante : la liberté comme absence de
contraintes et de déterminations.
La deuxième acception relativise la première en n'excluant pas une détermination
intérieure, en insistant sur le caractère inaliénable de la liberté et en rapprochant la liberté de l'autonomie.
PLAN DETAILLE
Première partie : Les garanties extérieures qu'exigerait la liberté seraient problématiques et
irréalisables.
1.1 La liberté comprise comme absence de déterminations est remise en question par la liberté
malebranchiste qui est identifiée à une coopération.
Cette redéfinition de la liberté jette le doute sur les garanties
extérieures que peut exiger la liberté.
« Que c'est Dieu néanmoins qui opère en nous par sa grâce le vouloir et le faire : car c'est lui qui commence
notre conservation.
Il faut que sa grâce prévienne notre volonté, car il faut, pour ainsi dire, la sentir avant que d'y
consentir.
Ainsi Dieu ne coopère pas comme le voulaient les Pélagiens, il opère, et c'est nous qui coopérons ; car
c'est celui qui commence, et sans lequel on ne peut rien, qui à parler exactement, est celui qui opère.
La grâce de
Dieu court, pour parler ainsi, avant la volonté : et concourt aussi avec elle : non en produisant l'acte du
consentement, mais en laissant à la faculté active de l'âme, à la volonté qu'elle meut de le produire : et la toutepuissance de Dieu paraît d'autant plus, qu'il se sert aussi heureusement des causes libres que des nécessaires ; et
la bonté en ce que nous faisant agir avec une entière liberté, il nous fait mériter le secours de sa grâce purement
gratuite les récompenses promises, et qu'il veut donner avec justice à ceux qui coopèrent.
» MALEBRANCHE, De la
Recherche de la Vérité, Eclaircissement I.
Cette conception de la liberté ne remet pas seulement en cause sa légitimité à exiger des garanties
extérieures, elle remet également en question la liberté elle-même.
1.2 La compatibilité entre la liberté et la nécessité rend encore plus floue la signification de la liberté.
« Liberté et nécessité sont compatibles.
C'est ainsi que l'eau n'a pas seulement la liberté, mais est aussi
dans la nécessité de suivre le canal.
Il en est de même des actions que les humains font, qui, parce qu'elles
procèdent de leur volonté, procèdent de leur liberté.
Et pourtant, puisque tout acte de la volonté, tout désir, toute
inclination procèdent d'une cause, et celle-ci d'une autre cause, selon une chaîne continue (dont le premier maillon
est entre les mains de Dieu, première cause entre toutes), tout cela procède de la nécessité.
En sorte que pour
celui qui pourrait voir la connexion de ces causes, la nécessité de toutes les actions humaines volontaires
apparaîtrait manifeste.
» HOBBES, Léviathan, II 21.
Transition : La recherche de garanties extérieures loin d'aboutir à une préservation ou une sauvegarde de la
liberté nous amène plutôt à nous interroger sur le sens de la liberté.
Une signification trop rigide excluant toute
détermination ne vaut pas, puisque des déterminations extérieures peuvent intervenir dans l'acte libre.
Mais d'autre
part le fait de rendre plus souple la notion de liberté a l'effet inverse dans la mesure où elle devient compatible avec
la nécessité qui pourtant est son antonyme..
»
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