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La liberté de l'homme se réduit-elle à l'absence de contraintes extérieures ?

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« Penser que la liberté se réduit à une absence d e contraintes extérieures est une vision assez réductrice d e la liberté.

L'homme peut difficilement abstraction de toutes contraintes extérieures puisqu'il est un être social, politique, domestique, et c'est croire de surcroît que toute structure sociale est forcément aliénante et liberticide, que l'homme ne serait libre qu'en dehors de la civilisation et de la société.

Ce souhait de regagner une liberté perdue en dehors de toute contrainte sociale ne serait-il pas une fiction ? 1) La paradoxale naissance de la liberté. Pour Rousseau, l'état d e nature est asocial ; la société civile ne peut qu'accorder une liberté dans la dépendance par le « consentement à la loi qu'on s'est donnée », alors que l'homme « né libre » était heureux parce qu'indépendant.

Il n'y a pas de fondement possible des lois de raison dans la nature car celle-ci manifeste l'absence de toute norme et de tout rapport à autrui.

Le droit naît e n m ê m e t e m p s que l'échange moral et la reconnaissance affective d'autrui par la pitié, ce sentiment qui joue le rôle d'intermédiaire entre l'état de nature et l'état de société.

À partir de là, le contrat tente d e limiter la dégradation d e la liberté originaire, en entraînant paradoxalement « une aliénation totale d e chaque associé avec tous ses droits à la société civile ».

Pour Locke et pour Rousseau, ce qui est décrit sous le n o m d'état d e nature et d e loi naturelle correspond à une i m a g e idéale, originaire et mythique des rapports humains, et par là même se trouve en rupture avec l'état social existant dans les faits que la raison ne peut que tenter d'aménager ; pour Hobbes, Spinoza et Montesquieu, le droit naturel est référé à la seule puissance, à la seule passion fondamentale d e l'individu qui s'affirme en tant q u e tel et établit son système juridique pour que soit respecté ce pouvoir propre.

En clair : -Postuler un état de nature est une fiction, fiction qui comporte le fait que dans cet état, l'homme est naturellement libre. -Cet état ne peut durer dans le cadre d'une société humaine, pour préserver cette société, les individus ont dû aliéner leur liberté dans un contrat, qui a supprimé une partie des libertés individuelles pour en somme préserver la liberté générale. -On peut en déduire que la liberté humaine est toujours-déjà aliénée car l'homme ne vit qu'en société. Une liberté pure et totale n'existe pas. Si cette liberté pure et sociale n'existe pas, il faut peut être la chercher du côté individuelle, en essayant des conditions et des contraintes extérieures.

C'est peut être la seule façon d'atteindre une liberté intérieure. 2) La liberté, c'est de ne dépendre que de soi. Les premières lignes du Manuel d'Epictète posent la distinction fondamentale : « Parmi les choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous.

Dépendent de nous : jugement de valeur, impulsion à agir, désir, aversion, en un mot, tout ce qui a affaire à nous. Ne dépendent pas de nous, le corps, nos possessions, les opinions que les autres ont de nous, les magistratures, en un mot, tout ce qui n'est pas notre affaire à nous.

» Ainsi se trouvent délimitées les trois « disciplines » fondamentales pour le stoïcien : maîtriser son « aversion » et son « désir » ; exercer son jugement en dehors de tout préjugé, de toute impulsion ; déterminer son action, c'est-à-dire sa capacité réelle au bonheur, en fonction de sa liberté.

« Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres, sans empêchement, sans entraves.

Les choses qui ne dépendent pas de nous sont dans un état d'impuissance, de servitude, d'empêchement, et nous sont étrangères.

Souviens-toi donc que, si tu crois que les choses qui sont par nature dans un état de servitude sont libres et que les choses qui te sont étrangères sont à toi, tu te heurteras à des obstacles dans ton action, tu seras dans la tristesse et l'inquiétude, et tu feras des reproches aux dieux et aux hommes.

Si au contraire tu penses que seul ce qui est à toi est à toi, que ce qui t'est étranger - comme c'est le cas - t'est étranger, personne ne pourra plus exercer une contrainte sur toi, personne ne pourra te forcer, tu ne feras plus une seule chose contre ta volonté, personne ne pourra te nuire, tu n'auras plus d'ennemi, car tu ne subiras plus de dommage qui pourrait te nuire.

» Ainsi, je serais libre à conditions de faire le partage entre ce qui est en mon pouvoir et ce qui ne l'est pas, c'est aussi neutraliser les contraintes qui me blessent et m'empêchent d'être réellement libres et autonome, être esclave c'est dépendre entièrement des conditions extérieures et non de soi-même, les véritables conditions de la liberté sont en vérité toutes intérieures, il n'appartient qu'à moi de faire ce travail pour atteindre la liberté. 3) Je suis libre quelque soit les contraintes extérieures. Pour Sartre, il y a la liberté humaine au commencement de tout.

On connaît le célèbre paradoxe : « Nous sommes condamnés à être libres.

» C'est que cette liberté est vécue le plus souvent comme source d'angoisse, dans la mesure où elle nous contraint à faire en permanence des choix qui nous engagent.

Nous sommes nos actes, et de ces actes nous sommes entièrement responsables (« Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu.

[...] Tu n'es rien d'autre que ta vie », déclare Inès dans Huis Clos).

L ' h o m m e est condamné à la liberté, constat aussi angoissant qu'exaltant, d'où ses efforts pour y échapper, notamment par la mauvaise foi. Mais cette liberté n'est pas u n e abstraction.

Elle a à s'exercer concrètement, pratiquement, dans le monde.

Là, l'homme est « en situation », pris dans un réseau de contingences - corps, histoire, classe, famille, etc.

-, autant de déterminismes dont il s'agit, précisément, de s'arracher par des choix.

Or un nouveau problème surgit : l'exercice de ma liberté n'est pas seulement rendu difficile par l'effroi qu'elle suscite en moi, ou par les résistances extérieures et surtout intérieures qu'il me faut combattre.

Aussi, l'homme peut se réfugier dans « la mauvaise foi » et se cacher derrière les circonstances pour ne pas user d e s a liberté.

Aussi, je suis libre quelque soit les conditions extérieures, la liberté est un choix intérieur et non simplement des données extérieures, politique, social, j'ai toujours la possibilité de m'extraire de mon milieu, de dire non. Conclusion. L'absence d e contraintes extérieures est impossible à atteindre d'un point d e vue social.

O n n e peut s'abstraire d'un état social qui nous oblige à aliéner une partie de notre liberté individuelle pour protéger la liberté générale et la paix.

Il convient donc d'atteindre une certaine forme de liberté plus intérieure, en faisant le partage entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas.

De même, il ne faut pas s e cacher derrière les contraintes extérieures pour fuir une liberté originaire, u n e liberté d'action que chaque homme ressent au fond de lui.

Nous ne sommes pas prisonniers de la société, de notre entourage, un exercice de la liberté est encore possible quelque soit les contrainte extérieures.. »

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