Aide en Philo

La fonction de l'imagination ?

Extrait du document

« Introduction. 1° L'imagination, telle que la considère Pascal (II, 82, éd.

Brunschvicg) c'est « cette superbe puissance, ennemie de la raison...

» 2° On pourrait montrer, en se plaçant à un point de vue différent de celui de Pascal, que l'imagination est un des facteurs essentiels de la vie intellectuelle : soit dans la constitution de la perception, soit dans le passage de la perception au concept; ce serait là l'imagination reproductrice; on pourrait aussi montrer que l'imagination est la source des grandes oeuvres de l'esprit humain : c'est alors l'imagination créatrice, sur le plan littéraire comme sur le plan scientifique; mais en fait, toute imagination est créatrice. La structure de l'imagination comporte donc une autre division que la division traditionnelle.

Ce qui caractérise l'imagination, c'est sa subjectivité.

Mais il y a deux sens de cette subjectivité : le premier, c'est celui d'une possibilité de reconstruction par le sujet; en ce sens, l'imagination joue un rôle essentiel dans la connaissance, elle est servante de la raison.

En un second sens, c'est la fantaisie, l'arbitraire; l'imagination est ici libérée de la raison. 3° C'est de cette imagination, libérée, et si l'on veut, ennemie de la raison, que parle Pascal.

C'est d'elle que nous pouvons nous demander, si, en tant qu'opposée à la raison, elle n'a pas une fonction positive dans la vie de l'esprit : elle est la fonction de la fiction.

Comme le dit Bergson : « Il ne faut pas dire (de l'esprit) : sa structure était telle; il en a tiré tel parti.

Le parti qu'il en a tiré est au contraire ce qui a dû déterminer sa structure : en tout cas, le fil conducteur de la recherche est là.

» Nous étudierons la fonction de la fiction en nous plaçant successivement aux deux points de vue que détermine le caractère même de la fiction : — elle relève de la subjectivité strictement individuelle; — elle s'oppose au réel. Développement.

Première partie : l'imagination et l'individu. A Le Rêve. 1° Expression du désir; Freud : le rêve gardien du sommeil. 2° Ne pourrait-on pas dire qu'il exprime aussi bien les répulsions, les aversions? Mais ces tendances négatives ne sont que des aspects spéciaux des tendances positives (cf.

définition des tendances).

« Le dégoût est le pôle négatif de la faim.

» (Lacroze.) L'interprétation d'un rêve n'atteint son but qu'autant que les angoisses et les terreurs qui en sont le contenu manifeste, sont réduites à des complexes latents où se trahissent des exigences positives. Le rêve nous montre en somme l'individu contre la société. B La Rêverie. 1° Négativement, la rêverie se présente comme la délivrance à l'égard du réel (le non-présent). 2° Mais positivement? La rêverie n'est pas l'opposé de l'action, elle en est le substitut.

Elle n'est pas seulement le signe du désintéressement, de l'impuissance.

Elle a pour fondement une révolte, un dégoût.

Les esprits chimériques, les utopistes, les Don Quichotte, se lancent dans des entreprises surhumaines pour vaincre l'injustice, redresser les torts.

Don Quichotte passe à la limite de ce que font tous les rêveurs : ils se représentent, dans une conduite secrète, dans un rêve éveillé, leurs actions glorieuses.

Les rêveurs se complaisent dans leur attitude parce qu'ils y trouvent une solution vainement cherchée ailleurs.

Don Quichotte cède au pouvoir moteur des images.

Que cherche-t-on dans la rêverie? La satisfaction des désirs.

Rousseau concevait « un monde qu'il peuplait d'êtres selon son coeur ».

Il affirme : « Le pays des chimères est le seul ici-bas digne d'être habité, et tel est le néant des choses humaines qu'hors l'Être existant en lui-même il n'est rien ici-bas digne d'être aimé que ce qui n'est pas.

» Cf. Baudelaire : Les Projets (Poèmes en prose) : « J'ai eu trois rêves, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir.

Pourquoi contraindre mon corps à changer de place puisque mon âme voyage si lestement? Et à quoi bon exécuter des projets puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante...

» (Il a rêvé successivement la vie de cour d'un prince et d'une princesse, un voyage dans un paysage exotique, et enfin un rêve de simplicité rustique.) Dans la Chambre Double, il écrit : « Relativement au rêve pur, à l'impression non analysée, l'art défini, l'art positif, est un blasphème...

» « Je suis la vie, l'insupportable, l'implacable vie...

» (dit la pendule). Bédier, par ailleurs, explique : « les Cyrano protestent par la splendeur de leur rêve contre une destinée injurieuse ». La rêverie nous montre donc l'individu façonnant la société à son gré. C Le Jeu. 1° Le jeu a pour propriété d'imiter la vie sérieuse.

Toutes les branches de la vie pratique ont leur équivalent dans l'activité ludique.

D'où la théorie de Karl Groos : le jeu ne serait qu'une initiation à la vie sérieuse.

Les jouets reproduisent les outils, les meubles les machines de l'adulte.

Jouer, c'est toujours transposer un acte réel sur un plan, réel ou fictif, de convention.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles