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La foi est-elle assimilable à la croyance ?

Extrait du document

I. Croyance et dogmatisme

 

II. La foi

III. De l’assimilation foi / croyance

 

« Introduction A u sens le plus général, la croyance est l'équivalent de l'opinion, et désigne un assentiment imparfait, qui, comme l'opinion, comporte tous les degrés de probabilité.

C e n'est qu'avec Kant que la croyance en vient à désigner un assentiment parfait (puisqu'il exclut le doute), sans cependant avoir le caractère intellectuel et logiquement communicable du savoir : « Lorsque l'assentiment n'est suffisant qu'au point de vue subjectif, et qu'il est tenu pour insuffisant au point de vue objectif, on l'appelle croyance » (Critique de la raison pure).La foi (fides) quant à elle est plus la confiance intime d'un sujet vis-à-vis d'une entité supérieure que la simple croyance entendue comme bas degré de la connaissance.

Mais croyance et foi peuvent s'identifier en tant qu'elles désignent un même objet (« je crois en Dieu » ou « j'ai foi en Dieu »).

C e problème d'identification entre foi et croyance n'est-il pas en réalité un problème relatif à la vérité ? I.

Croyance et dogmatisme a.

A vant Spinoza déjà, qui posait la croyance à la hauteur de l'opinion, en tant que plus bas degré de la connaissance, Platon a rabaissait la croyance à la connaissance du visible, et donc de l'inessentiel.

La croyance se situe ainsi, dans le « paradigme de la ligne » (République, L.

V I, 509-511), dans le domaine visible, et non intelligible.

Les objets matériels donnent lieu à une représentation plus précise (croyance) certes, que leur image (imagination), mais elle reste vouée à donner au sujet une connaissance ontologique faible.

La vérité n'est possible que par l'intelligence, seule capable de contempler les Idées, principes de toutes réalités. b.

Montaigne s'emploie à une critique de tout dogmatisme en réhabilitant la croyance.

Croyances et coutumes permettent de juger.

Le jugement avec Montaigne ne contredit pas le doute puisqu'il est toujours arrêt et mouvement.

Il y a une communication constante entre la pensée et la vie.

On pense la vie en vivant.

Il met en valeur la contingence des croyances.

Le jugement permet d'intercaler entre moi et mes croyances tout un tas d'autres coutumes me permettant d'apprécier le caractère relatif de ma croyance.

Le but n'est pas de donner plus de poids à ma croyance.

Le doute doit aider à cultiver en soimême la diversité des croyances.

Il faut avoir une « âme à plusieurs étages ».

On doit croire avec la conscience de la relativité des croyances (III, 3).

Et c'est de cette manière que les différents objets de foi pourront coexister sans provoquer de guerres entre les hommes. II.

La foi a.

A vec St Thomas d'Aquin, foi et raison ne peuvent se contredire dans la mesure où elles émanent toutes les deux de Dieu.

A insi théologie et philosophie ne peuvent aboutir à des vérités divergentes.

Seule leur méthode diffère : la philosophie part des choses créées pour atteindre Dieu, alors que la théologie prend Dieu comme point de départ.

Dès lors la philosophie rend d'importants services à la théologie, en fondant rationnellement la foi et en la défendant, car les principes de la foi, même s'ils sont transcendants (au-delà) par rapport à la raison finie des hommes, ne sont pas pour autant irrationnels (cf.

Somme théologique). b.

Pascal montrera que seul le cœur est capable de saisir le principe suprême qu'est Dieu.

Le cœur sent Dieu et permet ainsi de fonder la foi en l'homme. C ette foi est justifiable du seul fait que « que le cœur a ses raisons que la raison ignore ».

Foi et croyance en Dieu relève ainsi de cette même faculté de sentir, de cette même faculté qui offre à l'homme la compréhension immédiate des mystères de la vie.

En effet la raison finie est limitée.

L'homme se situe entre l'infiniment grand et l'infiniment petit, et seul le cœur peut comprendre l'infini qui traverse l'homme.

Les premiers principes aussi ne sont connaissables que par le cœur.

La raison doit savoir s'abaisser face aux vérités de la foi.

Il ne s'agit pas d'une soumission totale, mais d'une compréhension que la raison n'est pas à la hauteur du divin. «Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point [...] C'est le coeur qui sent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c'est que la foi.» Pascal, P ensées (1670). • Pascal distingue deux modes de connaissance.

La raison «connaît» sur le mode conceptuel et argumentatif, comme dans les mathématiques.

Mais Dieu échappe à ce mode de connaissance.

Il serait vain, pour Pascal, de prétendre en démontrer l'existence.

C 'est le coeur qui «sent» Dieu.

La foi est donc une connaissance immédiate et trop subtile pour pouvoir être argumentée. • La raison peut néanmoins être mise au service de la foi, de façon indirecte: c'est la célèbre théorie du «pari» pascalien, visant à convertir les incroyants.

Il montre que l'homme a beaucoup à gagner en croyant, et, réciproquement qu'il n'a rien à gagner en en croyant pas.

Il est donc, en pratique, raisonnable de croire en Dieu, même si ce n'est pas rationnel, et n'a pas besoin de l'être. III.

De l'assimilation foi/croyance a.

La croyance religieuse est communément appelée la « foi ».

C'est l'engagement d'un individu au service d'un idéal auquel il croit.

De fait, il apparaît souvent que le sujet soit déçu des résultats que lui procure cette faculté qu'est la raison.

La raison peut beaucoup de choses, mais elle n'est pas forcément apte à éclairer les mystères de la Révélation, ou tout l'enseignement des religions.

Recourir à la croyance en un Dieu peut désigner un besoin fondamental que la raison ne peut assouvir.

Par ailleurs, certains affirmeront que la raison est en l'homme une part de l'intelligence divine, et qu'ainsi il est possible par elle de remonter au principe unique.

La raison serait alors une foi construite et comprise, une intelligence du divin en l'homme.

Mais il y a toujours de l'incommunicable, de l'inexplicable (révélation, intuition, extase etc.) qui pousse la raison à s'abaisser face à ce qui est infiniment grand. b.

Le théologien St Anselme (1033-1109) est convaincu que la foi elle-même pousse à une compréhension rationnelle.

La foi est bien le point de départ, et le contenu des propositions de foi, des croyances, ne peut être renversé par aucun argument rationnel.

Les contenus de l'enseignement chrétien peuvent être entièrement déduits de fondements rationnels sans l'aide des autorités reconnues (Bible, Pères de l'Eglise).

A insi croyance et raison sont les deux voies permettant d'adhérer à la vérité divine.

A vec son argument ontologique, St A nselme veut prouver rationnellement l'existence de Dieu, et cela même pour celui qui ne croit pas en Dieu ; dès lors, Dieu est déterminé comme « ce qui est tel qu'a priori rien de plus grand (de plus parfait) ne peut être pensé » (cf. Proslogion). c.

Le pragmatisme de William James a une orientation subjectiviste.

Les croyances, qui sont au fondement de toute connaissance ou action, ne sont soumises à aucun critère général de vérité, mais sont l'expression des intérêts pratiques du sujet.

On mesure leur authenticité en se demandant si elles sont vivantes pour l'individu, c'est-à-dire si elle sont véritablement déterminantes, incontournables et significatives pour sa vie.

Le critère de la vérité est une confirmation dans la pratique qui prend en compte le profit obtenu, c'est-à-dire le fait que l'individu ait noué un commerce satisfaisant avec la réalité. A insi, par exemple, l'hypothèse de Dieu est également vraie, si elle est satisfaisante pour l'accomplissement de la vie individuelle.

Etant donné que les hommes ont des intérêts et des conditions de vie différents, plusieurs « vérités » coexistent l'une à côté de l'autre.

Et comme les conditions de vie et les croyances évoluent, il faut aussi considérer la vérité de façon dynamique (cf.

Le pragmatisme). Conclusion La croyance est d'abord à l'origine des jugements erronés que l'homme peut introduire dans ses systèmes de pensée.

Toutefois c'est plus l'objet de la croyance qui la détermine en tant que foi plutôt que l'accord qu'elle entretient avec la vérité de la réalité.

Foi et croyance se retrouvent là où il n'est plus légitime de vouloir rapprocher le phénoménal du nouménal, l'existence de l'essence.

Et la foi caractérise enfin cette approche existentielle proprement humaine, cette ancestrale croyance en une entité suprême et mystérieuse.. »

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