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La finalité en biologie ?

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« Il semble y avoir une contradiction dans les termes quand on rapproche le mot positif qui caractérise habituellement la science et la notion de finalité qui appartient habituellement à la métaphysique.

La science est positive dans la mesure où elle se limite aux faits.

Elle établit entre eux des relations de cause à effet qui, lorsqu'elles sont constantes, prennent le nom de lois.

Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. La notion de finalité au contraire comporte l'intervention d'une volonté soit humaine, soit divine.

La suite des causes se trouve en quelque sorte interrompue par un « commencement absolu ».

Un projet précède l'existence de la réalité et contribue à la rendre réelle.

En conséquence on ne voit pas bien comment la finalité pourrait prendre un sens positif. *** Ce n'est pas certes que telle finalité ne soit pas intervenue dans la science.

Cette dernière s'est peu à peu dégagée de la pensée empirique et pratique et elle a dû lutter contre la pensée religieuse pour qui il était impie d'utiliser la raison et de chercher à connaître le monde.

Les explications théologiques devaient suffire, on se souvient des obstacles rencontrés par Galilée par exemple, à propos de la théorie de la rotation de la terre.

Le système de Ptolémée avait l'avantage de s'accorder aux croyances religieuses, de renvoyer aux principes d'autorité, et, par un biais, de retrouver les principes fondamentaux qui faisaient la force de la société féodale.

Pendant longtemps le principe de finalité a régenté la science sans même qu'on se donnât la peine de déguiser son sens métaphysique.

Un lecteur contemporain est toujours étonné quand il ouvre un ouvrage de Descartes par les extraordinaires formules de soumission aux dogmes ecclésiastiques qui servent de préface à ses traités scientifiques. Lorsque le progrès de la science a été suffisant pour qu'on révoque en doute ce principe dans plusieurs domaines à la fois, la pensée métaphysique et religieuse a dû prendre des précautions pour l'introduire dans des explications scientifiques.

On a essayé de lui donner un sens positif, de concilier la foi et la raison, le dogme et l'expérience.

Par exemple, en biologie et plus particulièrement dans le domaine de l'évolution.

La position du vitalisme n'est rien d'autre qu'un essai pour donner une valeur positive au concept de finalité.

Sans doute on ne peut contrarier indéfiniment le courant expérimental qui se développe avec des praticiens comme A.

Paré ou Descartes, mais toutes les explications positives devront trouver place dans un ensemble dominé par une entité comme le principe vital.

On utilise pour convaincre le savant un raisonnement passablement spécieux, qui d'ailleurs se trouve souvent repris par la suite.

En vain la science progresse et démonte des mécanismes compliqués de la nature.

Ces mécanismes compliqués, si l'homme peut les connaître, il ne peut certes pas les créer de toutes pièces.

Pour critiquer la science et la renvoyer à la finalité, on reproche en somme à l'homme de ne pas être Dieu, c'est-à-dire de ne pouvoir reconstruire ce que déjà il parvient à connaître. Le vitalisme a été sévèrement critiqué par Claude Bernard qui y voit la négation même de l'esprit scientifique.

Pour lui la science ne doit point se proposer de rechercher les « causes en soi ».

Le but de la médecine par exemple c'est, dit-il, dans le ce Préambule » de « l'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale » de « conserver la santé et de guérir les maladies ».

Mais cette position est celle d'un savant et pendant tout le XIXe siècle et même jusqu'à nos jours les positions agnostiques et en particulier le vitalisme tendent de se réintroduire dans les sciences les plus positives.

Un exemple intéressant est fourni par le philosophe E.

Boutroux dans son ouvrage sur « la contingence des lois de la nature ».

De formation Kantienne, Boutroux prolonge l'influence de la position critique. Toutefois il ne peut nier les progrès de la science : chacune dans son domaine est parvenue à des résultats positifs et à dégager des lois rigoureuses.

Partout règne la causalité.

Comment réintroduire la contingence ? Cette « laxité » des lois de la nature, Boutroux veut la découvrir entre les règnes naturels, c'est-à-dire en passant du domaine des mathématiques par exemple à celui de la physique, ou de la physique à la biologie. Une autre tentative plus récente de réintroduire la contingence et.

la finalité, est née du progrès même de la science physique.

Le microscope électronique d'une part, des phénomènes physiques comme l'effet Compton et le mouvement brownien d'autre part, ont permis, vers la fin du XIXe siècle de conclure que nos lois physiques ne sont vraies que grosso modo, dans leur ensemble et pour tout dire sont des lois statistiques.

On en a profité pour conclure à l'échec de la causalité et pour parler du « choix » que ferait sans cesse la nature, choix évidemment dicté par une finalité qui nous dépasse.. »

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