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Hegel: L'art a-t-il une finalité ?

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Éveiller l'âme : tel est, dit-on, le but final de l'art, tel est l'effet qu'il doit chercher à obtenir. C'est de cela que nous avons à nous occuper en premier lieu. En envisageant le but final de l'art sous ce dernier aspect, en nous demandant notamment quelle est l'action qu'il doit exercer, qu'il peut exercer et qu'il exerce effectivement, nous constatons aussitôt que le contenu de l'art comprend tout le contenu de l'âme et de l'esprit, que son but consiste à révéler à l'âme tout ce qu'elle recèle d'essentiel, de grand, de sublime, de respectable et de vrai. Il nous procure, d'une part, l'expérience de la vie réelle, nous transporte dans des situations que notre expérience personnelle ne nous fait pas et ne nous fera peut-être jamais connaître : les expériences des personnes qu'il représente, et, grâce à la part que nous prenons à ce qui arrive à ces personnes, nous devenons capables de ressentir plus profondément ce qui se passe en nous-mêmes. D'une façon générale, le but de l'art consiste à rendre accessible à l'intuition ce qui existe dans l'esprit humain, la vérité que l'homme abrite dans son esprit, ce qui remue la poitrine humaine et agite l'esprit humain. C'est ce que l'art a pour tâche de représenter, et il le fait au moyen de l'apparence qui, comme telle, nous est indifférente, dès l'instant où elle sert à éveiller en nous le sentiment et la conscience de quelque chose de plus élevé. C'est ainsi que l'art renseigne l'homme sur l'humain, éveille des sentiments endormis, nous met en présence des vrais intérêts de l'esprit. Nous voyons ainsi que l'art agit en remuant, dans leur profondeur, leur richesse et leur variété, tous les sentiments qui s'agitent dans l'âme humaine, et en intégrant dans le champ de notre expérience ce qui se passe dans les régions intimes de cette âme. Nihil humani a me alienum puto * : telle est la devise qu'on peut appliquer à l'art. *. Rien de ce qui est humain ne m'est étranger

« PRESENTATION de "ESTHETIQUE" DE HEGEL Publiées à titre posthume en 1832, les Leçons d'esthétique reprennent les cours professés par Hegel (1770-1831) à l'université de Berlin de 1818 à 1829.

Dans cette introduction, l'auteur défend le projet d'une philosophie de l'art : « mode de manifestation particulier de l'esprit » (I, I, 2), l'art doit faire l'objet d'une étude rationnelle, seule à même d'en ressaisir la signification.

Depuis le milieu du siècle, l'esthétique suscite de nombreux débats portant sur la définition de son objet : le problème est de savoir si l'idée de beau a un fondement objectif, auquel cas l'esthétique peut la déterminer rationnellement, ou un fondement subjectif, auquel cas l'esthétique devient l'analyse du sentiment de plaisir ou du jugement de goût.

Hegel rompt avec ses prédécesseurs en redéfinissant l'esthétique comme la science du beau artistique : en comprenant le beau comme une oeuvre de l'esprit qui se donne une forme sensible pour se révéler à luimême, il s'agit de réconcilier la sensibilité et la raison, la subjectivité et l'objectivité. Introduction : Le thème qui est ici abordé par Hegel est celui du sens de l’art.

Hegel soutient dans ce texte que l’art est le moyen par lequel l’homme découvre et explore son humanité essentielle.

Cette thèse constitue en son temps une position philosophique révolutionnaire puisque les philosophes jusqu’à lors avaient coutume de considérer l’art comme une forme dégradée de la pensée, qui ne permettrait que de générer des illusions, et jamais d’atteindre la vérité. Cependant, il semble qu’Hegel parvienne par cette théorie à mettre en lumière certaines choses que les philosophes avant lui n’avaient pas réussi à expliquer lorsqu’ils glosaient sur l’art.

Dans un premier temps, Hegel expose son postulat et montre sur quoi cette hypothèse s’appuie.

Suite à cela, le philosophe montre dans un deuxième temps que cette hypothèse doit nous élever à la compréhension de l’humain comme étant intimement lié à l’art en tant que tel. Proposition de plan : 1. Du début du texte jusqu’à « …profondément ce qui se passe en nousmêmes », Hegel présente sa thèse selon laquelle l’art doit « éveiller l’âme ». a) Du début du texte jusqu’à « … de respectable et de vrai.

» : Hegel montre ici l’intérêt de son postulat, ce postulat d’après lequel l’art doit « éveiller l’âme ».

D’après lui, ce postulat est le plus explicatif quant au rôle de l’art en ce monde et c’est pourquoi il faut s’en « occuper en premier lieu ».

C’est en effet « en envisageant le but final de l'art sous ce dernier aspect » que l’on rend compte de la manière la plus absolue du but et du dessein de l’art.

Toute autre hypothèse serait en effet forcée de laisser certaines réalités artistiques de côté, alors que lorsqu’on postule que l’art doit « éveiller l’âme », on peut rendre compte, d’après Hegel, de la totalité du champ artistique.

Lorsqu’on part de ce postulat, on peut effectivement rendre compte du fait que « le contenu de l'art comprend tout le contenu de l'âme et de l'esprit, que son but consiste à révéler à l'âme tout ce qu'elle recèle d'essentiel, de grand, de sublime, de respectable et de vrai.

» b) De « Il nous procure… » à « ce qui se passe en nous-mêmes » : Hegel illustre son postulat par une expérience artistique concrète : l’art nous fait par exemple partager « les expériences des personnes qu'il représente ».

Il nous met en contact avec elles en nous permettant de nous évader de notre vie quotidienne (l’art « nous transporte dans des situations que notre expérience personnelle ne nous fait pas, et ne nous fera peut-être jamais connaître »).

Mais cette évasion n’est pas pure illusion, elle permet « l’expérience de la vie réelle », car en réalité, notre quotidien n’est pas parfaitement réel, il n’est qu’une version dégradée de la réalité, alors que ces personnes représentées dans l’art, elles sont la réalité même.

Ainsi l’art nous élève vers cette réalité, mais qui plus est, elle nous révèle que cette réalité sommeille en nous-mêmes.

En effet, nous ne faisons pas qu’être transportés, nous partageons la réalité de ces personnes représentées dans l’art.

Et nous la partageons pour la simple raison que cette réalité nous est commune.

Ainsi, « nous devenons capables de ressentir plus profondément ce qui se passe en nous-mêmes.

» Transition : Ce postulat n’appelle-t-il pas logiquement qu’on reconnaisse le lien qui existe entre l’art et l’humain ? 2.

De « D'une façon générale, le but de l'art consiste… » à la fin du texte, Hegel expose le lien entre l’art et l’humain. a) De « D'une façon générale … » à « agite l'esprit humain » : Hegel monte ici à un niveau supérieur de généralisation (« D’une façon générale ») et montre dans cette sous-partie. »

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