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La division du travail

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« • On peut comprendre par «division du travail » un phénomène social très général : la spécialisation des différentes fonctions dans la société (cette division du travail a été notamment étudié par Durkheim dans « Division du travail social»). Dans les sociétés peu différenciées les diverses fonctions sociales sont quelque peu imbriquées les unes dans les autres (par exemple le prêtre peut être aussi guérisseur ou (et) magistrat).

L'évolution des sociétés a amené la distinction et la spécialisation progressives des tâches sociales. Selon Durkheim c'est une bonne chose car c'est ainsi que se substitue à la «solidarité mécanique» une «solidarité organique» (c'est-à-dire comparable à celle qui lie les différentes fonctions d'un organisme vivant). • On peut comprendre par «division du travail » la division professionnelle du travail, la spécialisation des métiers. Elle peut aboutir (et elle aboutit) à ce que Friedmann a appelé «le travail en miettes ». Exemple bien connu : le travail à la chaîne.

L'individu s'y sent enchaîné à des tâches parcellaires pour assurer son existence matérielle.

Non seulement parcellaires mais répétitives. Il s'agit d'éliminer les gestes inutiles, de gagner du temps.

Mais pour qui ? Et pour quoi ? • La division du travail est-elle un simple problème technique de «rationalisation de l'organisation du travail » (comme le prétendait Taylor) ou fondamentalement un problème social (et politique) ? • Les problèmes peuvent-ils être résolus par la technique des relations humaines ? (Kurt Lewin), par l'automation ? par la façon de poser et résoudre les questions sociales. Un concept très ancien • Platon (République, Livre III) remarque que l'homme vit en communauté car il est incapable de combler seul la pluralité de ses besoins (se nourrir, se loger, se vêtir) : « On produit toutes choses en plus grand nombre, mieux et plus facilement, lorsque chacun, selon ses aptitudes et dans le temps convenable, se livre à un seul travail, étant dispensé de tous les autres ». • Dans la société traditionnelle grecque, le but essentiel de la division des tâches est non pas l'augmentation de la productivité mais une nécessité inscrite dans la nature humaine, chacun ayant une place et une tâche inscrites dans sa nature.

Ainsi, la qualité prime sur la quantité. Vers une dépersonnalisation du travail • Jusqu'au XVIIe siècle, c'est l'artisan qui produit les outils et les biens matériels utiles à chacun.

Présent à chaque étape de la fabrication, l'artisan a un contrôle total sur l'objet : son travail a un sens qu'il perçoit. • Au XVIIIe siècle, la première révolution industrielle et la naissance de la machine bouleversent les rapports de l'homme au travail : c'est désormais la machine-outil qui exécute certaines tâches ; l'homme devient un apprenti-sorcier. • La technique, parce qu'elle fait passer la science aux actes, pose le problème de la finalité — voire de la moralité de la science : l'arme nucléaire, par exemple, est-elle seulement la perversion d'un pur et innocent désir de connaître ? ou bien, la science est-elle responsable, dès son principe, des terrifiantes applications qu'on en peut faire ? • Les dangers que font aujourd'hui courir à l'humanité les progrès techniques (cf.

également les manipulations génétiques) mettent-ils en cause l'usage qu'on fait de la science ou la science elle-même ? « L'esprit humain, déclarait Auguste Comte, doit procéder aux recherches théoriques en faisant complètement abstraction de toute considération pratique » (Comte, Cours de philosophie positive, 1830/1842).

Mais est-il possible, et si oui, est-il légitime de procéder de la sorte ? Quelle que soit votre réponse, la question est incontournable dans tout devoir tournant autour de la valeur de la science. • Au XIXe siècle, avec la mécanisation, les différentes tâches d'un même travail sont réparties entre plusieurs travailleurs. L'ouvrier n'est plus producteur mais opérateur; il n'effectue plus qu'une seule opération.

L'objet fabriqué par des dizaines de mains n'appartient plus à personne.

Le travail est dépersonnalisé : Marx parle d'aliénation* et de dépossession.

Même si le rendement est meilleur, le travailleur ne peut plus donner un sens à son travail. • Au XXe siècle, se développe l'hyperspécialisation qui génère une technologie poussée à l'extrême : seuls les experts dirigent et la quantité prime sur la qualité. CITATIONS: « Si les navettes lissaient d'elles-mêmes et les plectres jouaient tout seuls de la cithare, alors les ingénieurs n'auraient pas besoin d'exécutants, ni les mares d'esclaves.

» Aristote, La Politique, Ive s.

av.

J.-C. Pour Aristote, l'esclave n'est qu'un instrument animé qui met en mouvement les instruments inanimés que sont les navettes et les cithares. «Ce qui fait la valeur morale de la division du travail [...], c'est que, par elle, l'individu reprend conscience de son état de dépendance vis-à-vis de la société.

» Durkheim, De la division du travail social, 1893. « Le vrai travail est avec l'homme; c'est le travail des champs et des jardins, les heureux échanges formés sous le regard, et la division du travail, mais non point poussée jusqu'à la division des hommes.

» Alain, Les Aventures du coeur, 1945.. »

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