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La découverte de l'inconscient rend-elle vaine toute prétention de l'homme à se reconnaître ?

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« Analyse du sujet : Notre sujet prend la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y répondre, en conclusion, au terme d'un raisonnement argumenté et documenté, par « oui » ou « non » avec toutes les nuances qui se seront imposées au cours de la réflexion. Le sujet articule la notion d'inconscient à l'entreprise humaine de reconnaissance et nous interroge sur la possibilité de cette dernière, mise en péril par la découverte de l'inconscient.

En quoi y a-t-il mise en péril ? Se reconnaître est annoncé comme une entreprise humaine.

C'est l'homme qui précisément cherche à se reconnaître, à s'identifier comme un « moi ».

Ce par quoi il peut se reconnaître ou reconnaître quoi que ce soit, c'est bien sa conscience, en tant que celle-ci établit la relation qui nous lie au monde : nous avons conscience des objets, de leurs propriétés, etc.

La conscience est proprement humaine et permet toute reconnaissance. Mais si justement, l'homme ne se laissait plus définir seulement par la conscience, si une autre force qu'il ne maîtrise pas était antérieure à la conscience elle-même, alors l'activité même de reconnaissance ne serait-elle pas dirigée par cette force qui agirait secrètement ? Plus encore, il s'agit dans notre sujet de se reconnaître.

C'est bien le « moi » de l'homme qui doit être pris pour l'objet de la reconnaissance.

Mais ce « moi », précisément, ne coïncide plus avec lui-même.

L'inconscient, s'ajoutant à la conscience, éclate le « moi », si bien que celui qui a pour tâche de reconnaître et celui qui doit être reconnu n'est plus le moi unifié de la conscience : l'impossibilité est donc double puisqu'elle porte, du fait de la structure réflexive de la reconnaissance de soi, à la fois sur le sujet et l'objet de celle-ci. Problématisation : La découverte de l'inconscient fait exploser l'unité du moi : une partie de celui-ci nous échappe.

Reste cependant la partie consciente du moi sur laquelle nous avons toujours une prise, d'où notre première question : I – La conscience peut-elle prendre l'inconscient pour objet ? En admettant que cela soit possible, cette reconnaissance qui tenterait d'envisager en nous aussi bien la dimension consciente que la dimension inconsciente n'est-elle pas directement biaisée par le fait que l'opération de reconnaissance puisse être dirigée par l'inconscient lui-même ? Par exemple, est-il possible de reconnaître ses défauts si le défaut lui-même empêche sa propre reconnaissance ? Nous proposons de synthétiser ces problèmes en une unique question : II – Qui reconnaît ? Proposition de plan : I – La conscience peut-elle prendre l'inconscient pour objet ? Référence : Freud, Une difficulté de la psychanalyse « Tu es assuré d'apprendre tout ce qui se passe dans ton âme, pourvu que ce soit assez important, parce que, alors ta conscience te le signale Et quand dans ton âme tu n'as reçu aucune nouvelle de quelque chose, tu admets en tout confiance que cela n'est pas contenu en elle.

Davantage, tu vas jusqu'à tenir « psychique » pour identique à « conscient » , c'est à dire connu de toi, malgré les preuves les plus patentes que, dans ta vie psychique, il doit en permanence se passer beaucoup plus de choses qu'il n'en peut accéder à ta conscience.

Accepte donc sur ce point de te laisser instruire.

Le psychique en toi ne coïncide pas avec ce dont tu es conscient, ce sont deux choses différentes, que quelque chose se passe dans ton âme, et que tu en sois par ailleurs informé.

Je veux bien concéder qu'à l'ordinaire, le service de renseignements qui dessert ta conscience suffit à tes besoins.

Tu peux te bercer de l'illusion que tu apprends tout ce qui revêt une certaine importance.

Mais dans bien des cas, par exemple dans celui d'un conflit pulsionnel de ce genre, il est en panne, et alors, ta volonté ne va pas plus loin que ton savoir.

Mais dans tous les cas, ces renseignements de ta conscience sont incomplets et souvent peu sûrs, par ailleurs, il arrive assez souvent que tu ne sois informé des évènements que quand ils se sont déjà accomplis et que tu ne peux plus rien y changer.

Qui saurait évaluer, même si tu n'es pas malade, tout ce qui s'agite dans ton âme et dont tu n'apprends rien, ou dont tu es mal informé ? Tu te comportes comme un souverain absolu, qui se contente des renseignements que lui apportent les hauts fonctionnaires de sa cour, et qui ne descend pas dans la rue pour écouter la voix du peuple.

Entre en toi-même, dans tes profondeurs, et apprends d'abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu dois devenir malade, et tu éviteras peut-être de le devenir.

» Freud insiste dans notre extrait sur la nécessité de reconnaître l'existence de l'inconscient.

Pourquoi cette insistance alors que le fait que certaines choses (certains de nos désirs par exemple) nous échappent semble évident ? En réalité, il faut distinguer ce fait de sa reconnaissance.

Plus encore le fait de son existence produit l'illusion qu'il n'existe pas.

(« La plus grande malice du diable est de nous avoir fait croire qu'il n'existait pas.

» Baudelaire).

Il ne s'agit donc pas d'une insistance d'ordre purement théorique.

Au contraire, reconnaître que l'inconscient existe est la première étape vers une compréhension de ce qui est inconscient.

C'est comme cela seulement qu'il peut se manifester à notre conscience.. »

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