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La croyance religieuse est-elle une entrave à la liberté ?

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« PREMIERE CORRECTION Le sujet vous demande d'analyser le rapport entre la croyance religieuse et la liberté.

La croyance se définit pas une adhésion à certaines thèses, adhésion non motivée par un raisonnement permettant de fonder la vérité de ces dernières.

L'opinion est ainsi un type de croyance puisqu'elle consiste à considérer comme vraie une proposition sans l'avoir prouvée ou sans avoir connaissance de sa preuve. Un des points fondamentaux de toute religion consiste justement dans le fait qu'elle relève de la croyance.

Cette croyance se porte ici sur un certain nombre de dogmes particuliers, spécifiques à chaque religion, délivrant un sens global sur la destiné humaine, mais également sur des lois, des commandements que l'homme religieux doit respecter.

Les thèses que délivre et transmet la religion portent enfin sur une entité suprasensible qui sous-tend toute notre existence et en pourvoie le sens. Toute croyance peut-être considérée comme une entrave à la liberté humaine dans la mesure où elle repose sur une adhésion « aveugle », motivée par des raisons non rationnelles telles que l'autorité des personnes qui proclament des thèses.

Cependant, la croyance religieuse peut paraître comme d'autant plus dangereuse pour la liberté humaine qu'elle porte sur des points fondamentaux de l'existence.

En nous délivrant des thèses rassurantes sur cette dernière, la croyance religieuse nous réduirait à un double esclavage ; celui de la pensée, qui n'est plus autonome, et celui, social, selon lequel le peuple se soumet aveuglément à un ordre qui fait le jeu d'une société qui l'opprime. Bien plus, la croyance religieuse est une adhésion sur des thèses concernant une entité suprasensible (Dieu), qui ne saurait constituer un objet de connaissance rationnelle.

Dès lors, la croyance religieuse se porterait sur des thèses qu'il est impossible de confirmer ou d'infirmer.

Là où l'opinion peut se reprendre et peut, par la mise en oeuvre de la rationalité, se réformer, la croyance religieuse nous condamne à rester, du fait de son objet même, dans la croyance. Pourtant, la croyance religieuse, que l'on nomme également la foi, est-elle réductible à une telle adhésion aveugle et soumise ? Il semble que le fait que la foi porte, à la différence de l'opinion, sur une réalité insaisissable par la seule rationalité lui donne un statut particulier.

Car toute foi réellement religieuse se comprend elle-même comme une croyance, comme ne pouvant pas se poser en tant que connaissance rationnelle, à la différence de l'opinion qui prétend être un savoir. Il est certes vrai que la croyance en Dieu se cristallise souvent sur des dogmes auxquels on adhère par habitude ou du fait de l'autorité traditionnelle.

Mais c'est sur ce point qu'il s'agirait de différencier la foi de la simple croyance en Dieu.

Car la foi a pour particularité d'être toujours critique d'elle-même.

De ce point de vue, il s'agirait d'opérer une critique de certains dogmatismes religieux qui, du fait même de leur dogmatisme, n'assureraient pas la dimension toujours critique que la foi doit manifester pour se distinguer de la simple opinion. La foi est enfin une façon pour l'homme de tenter de saisir l'insaisissable, d'appréhender ce que la seule rationalité ne peut prouver. La foi, de ce point de vue, n'est pas une entrave à la liberté humaine, mais, bien au contraire, un moyen pour l'homme de se libérer par la pensée de sa condition finie, limitée, tout en restant dans une position critique.

En ouvrant l'homme sur la dimension essentielle de son existence, sur la question du sens de cette dernière, elle peut donc apparaître comme libératrice. Il semble même qu'il soit nécessaire d'en passer par la foi pour considérer l'homme comme libre.

Car devant le déterminisme que met en évidence la rationalité scientifique, comment penser l'homme comme un être libre si ce n'est en faisant acte de foi ? Si la critique de la croyance religieuse est justifiée lorsque cette croyance se pose comme une adhésion dogmatique, elle apparaît pourtant comme contradictoire.

Car reprocher à la foi d'entraver la liberté revient justement à affirmer que l'homme peut être libre, affirmation qui semble sous-tendue par une foi en la liberté humaine... 1) La croyance religieuse, comme adhésion non rationnelle à des dogmes, peut apparaître comme une entrave à la liberté humaine. L'adhésion aux dogmes étant souvent motivée par la puissance d'une tradition ou par une autorité extérieure, elle peut même être considérée comme une forme d'esclavage de la pensée. Le fondement de la critique irréligieuse est: c'est l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu'a l'homme qui ne s'est pas encore trouvé luimême, ou bien s'est déjà reperdu.

Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L'homme, c'est le monde de l'homme, l'État, la société.

Cet État, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu'ils sont eux-mêmes un monde à l'envers.

La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles.

Elle est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de vraie réalité.

Lutter contre la religion c'est donc indirectement lutter contre ce monde-là , dont la religion est l'arôme spirituel.

La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'à¢me d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle est l'opium du peuple.

L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole.

Karl Heinrich MARX (1818-1883) Dans le christianisme, ni la morale, ni la religion ne sont en contact avec la réalité.

Rien que des causes imaginaires. »

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