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La croyance n'est-elle qu'une démission de la raison ?

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« VOCABULAIRE: CROIRE / CROYANCE: 1) Attitude de l'esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner une preuve (Synonyme d'opinion). 2) Adhésion de l'esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme de foi). RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). Croyance: Du latin credere, « avoir confiance en », «tenir pour vrai ». Attitude de l'esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner de preuve (synonyme : opinion).

Adhésion de l'esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme : foi). • Paradoxalement, La croyance n'est pas l'apanage des « croyants ».

Dans la mesure où l'on ne peut produire la preuve de la non-existence de Dieu, l'athéisme est aussi une forme de croyance.

• La doctrine kantienne de la moralité admet l'existence de Dieu, la liberté de la volonté et l'immortalité de l'âme à titre de simples « postulats » de la raison pratique : l'existence de Dieu relevant de la croyance et non de la connaissance. Introduction Le libellé ainsi posé interroge l'irréductibilité de la foi à la raison, et aussi les conséquences, pour la raison, de cette éventuelle irréductibilité.

La raison impérialiste ne peut que prendre ombrage de cette indépendance : elle préférerait que ce qui n'est pas elle (la foi) dépende encore d'elle.

Si la raison démissionne dans la foi, cela sous-entend qu'elle renoncerait à faire entendre à la foi l'exigence rationnelle de sens.

La foi devrait donc être rationalisable pour avoir du sens : mais n'y a-t-il vraiment que ce qui est rationnel qui a du sens ? 1- La croyance comme démission de la raison a) En un sens, toute croyance est mystique et fanatique.

Une vision rapide de l'histoire des religions y trouve bien souvent de l'obscurantisme, et un refus des vérités rationnelles (Giordani Bruno au bûcher et Galilée en cour, qui soutenaient que l'héliocentrisme en dépit des intérêts religieux).

La formule de Tertullien dans la Chair du Christ (V, 4) : credo quia absurdum (je crois parce que c'est absurde), est alors symbolique d'une certaine négation provocatrice de la raison par la croyance. Je crois parce que c'est absurde.

Saint Augustin Cette phrase définit la foi.

Nous n'avons nulle preuve de l'existence de Dieu.

Croire en Dieu (ou n'y pas croire) relève d'un choix d'existence mais qui reste infondable en raison. Freud l'explicite ainsi : « cela veut dire que les doctrines religieuses sont soustraites aux revendications de la raison, qu'elles sont au-dessus de la raison » (op.

cit., p.

29).

Non seulement la croyance prétend échapper aux critères rationnels, mais qui plus est, elle revendique non sans provocation son irrationalisme.

Perseverare diabolicum, si l'on ose dire. b) Quand à son tour Nietzsche voit dans la formule de Tertullien l'expression d'une volonté de « dénigrer la raison en général » (HtH, 1, §630), il se fait l'écho de l'idée selon laquelle c'est le caractère rationnel d'une attitude qui en fait la légitimité et le sens.

Hegel, contre la pensée des Lumières, fait ainsi retour à la religion révélée pour dire combien la raison est la vérité de la foi.

Une démission de la raison serait donc fâcheuse pour la religion parce que celle-ci s'y trouverait réduite au sentimentalisme : « si l'on réduit de la sorte le contenu divin — la révélation de l'existence de Dieu, le rapport de l'homme à Dieu, l'existence de Dieu pour l'homme — au seul sentiment, on la limite au point de vue de la subjectivité parti-culière, de l'arbitraire, du caprice » (La Raison dans l'Histoire, 10/18, p.

64). II - Le sacrifice de la raison a) À défaut de provoquer une lâche démission de la raison, qui refuse orgueilleusement que la foi lui échappe, la croyance peut orienter la raison dans un rapport plus constructif quoiqu'encore un peu passif.

Dans l'analyse de la théorie kantienne de la morale, la croyance n'est pas un fait de la raison, mais une résolution.

La foi n'est pas rationnelle au sens propre, sinon elle serait certitude logique.

Mais elle est au moins certitude morale, ce qui signifie que même forcée et seconde, la raison n'en est pas absente : la Critique de la Raison pure dit ainsi que « la raison se voit forcée d'admettre un tel être (Dieu), ainsi que la vie dans un monde que nous devons concevoir comme futur ».

Condition de possibilité de la morale, la croyance relève donc sinon d'une décision, au moins en un sens d'une stratégie de la raison.. »

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