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La consommation peut-elle être une fin de soi ?

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« [Le seul bonheur que l'homme puisse connaître sur terre est lié aux biens matériels.

Les sociétés qui ont fondé leur économie sur la consommation sont devenues les plus riches et les plus puissantes.] Il faut consommer en attendant la félicité éternelle Max Weber, dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, établit d'étroits rapports entre le protestantisme et la naissance du capitalisme moderne.

L'éthique protestante se fonde sur l'idée que l'homme est déchu.

Son existence est tout entière vouée au travail.

Il n'a rien à espérer, sinon produire.

De là l'origine religieuse de la consommation considérée comme seule finalité possible. Consommer est une fin sociale Capitalisme et marxisme se rejoignent sur ce point: de l'abondance matérielle dépendent la liberté et le bonheur de l'homme. Comme la production permet la consommation, laquelle, à son tour, stimule la production, la société, qu'elle soit libérale ou collectiviste, doit viser un but unique: créer de nouvelles richesses grâce à la consommation. Consommer est un acte civique C'est en consommant que chaque individu participe activement à l'essor économique de la société.

Tout en satisfaisant ses besoins, ses désirs, il collabore au bonheur de tous.

Tout comme le vote démocratique, la consommation réunit les hommes. [Ce qui caractérise toute grande civilisation, c'est son aptitude à viser d'autres fins que le simple bien-être matériel.

La consommation n'est plus qu'un processus d'avilissement de l'individu.] La consommation ne crée pas de grandes valeurs Au VIIe siècle avant J.-C, la Grèce s'est à nouveau ouverte sur l'Orient.

Cette reprise du commerce a été à l'origine d'une grande crise politique et morale.

L'ancienne aristocratie fut remplacée par la classe des marchands, lesquels ne cherchaient qu'à s'enrichir. Les anciennes valeurs, le courage, l'honneur, le mérite, cédèrent la place à l'esprit de lucre. La consommation enfante l'insatisfaction Si l'argent, qui permet de consommer, pouvait satisfaire l'homme, ce dernier ne souhaiterait pas en avoir toujours plus.

Il en va de même pour tous les biens de consommation.

L'individu croit que son bonheur est proportionné à son pouvoir d'achat. Malheureusement, si le plaisir que procure l'art ne s'épuise pas, celui de posséder un nouvel appareil ménager ne dure qu'un instant. La consommation aliène l'homme L'homme s'est libéré de ses besoins pour mieux s'y enchaîner.

C'est le paradoxe des sociétés de consommation: elles créent des richesses en abondance, mais en même temps conduisent les individus à toujours croire qu'il leur manque tout, qu'il s'agisse du nécessaire comme du superflu. La réunion des hommes en société a certes un but, qui est le bien commun.

Ce bien dépend pour une grande part de la production et de la répartition des richesses.

Aristote distingue deux types d'économies: celle qui gère les richesses réelles et nécessaires, et celle qui consiste à tirer artificiellement de ces richesses de nouvelles richesses.

C'est le cas par exemple du banquier qui ne produit rien, qui «crée» de l'argent à partir de l'argent.

Ce type d'économie est fermement condamné par Aristote, dans la mesure où il parasite l'économie réelle.

Il est possible de dire la même chose de la consommation, dès l'instant où elle devient une finalité, tant pour la société que pour l'individu.

En effet, elle ne libère plus l'homme, elle n'est plus réelle, mais devient un artifice économique destiné à maintenir la logique du capitalisme.

Ce qui aboutit à une situation paradoxale: l'homme a lutté pour s'affranchir des nécessités naturelles, et le voilà à nouveau condamné à travailler pour satisfaire des besoins qui n'ont cette fois-ci plus rien de nécessaire.

Ce faisant, il oublie les valeurs spirituelles, morales, esthétiques qui ont fait la grandeur de la civilisation.. »

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