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La connaissance est-elle toujours utile ?

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« Le terme « connaissance » recouvre deux concepts différents : d'une part, la connaissance est une faculté de compréhension et de perception du monde.

Il s'agit moins d'une saisie d'un objet particulier, que d'une capacité à saisir intellectuellement les propriétés des objets en général.

Ainsi entendue, la connaissance se rapproche d'un concept voisin : celui d'intelligence, ou de raison, entendues comme faculté d'appréhension intellectuelle du monde. Mais la connaissance est aussi un résultat : elle est ce que l'on a appris, par l'étude ou la pratique, par l'expérience des livres ou l'expérience du monde (expériences similaires, homogènes, d'après Montaigne dans le dernier chapitre des Essais). L'utilité désigne la propriété d'un objet à servir valablement de moyen à une fin.

La détermination de l'utilité d'un objet dépend donc de l'identification préalable de la fin à laquelle on veut le consacrer.

Un objet, ou une faculté, ne sont donc utiles que pour autant qu'ils permettent de réaliser la fin qu'on leur assigne.

A contrario, un objet, ou une faculté, sont inutiles pour deux raisons : parce qu'ils ne sont pas les moyens appropriés d'une fin prédéfinie ; parce qu'ils ne sont les moyens appropriés d'aucune fin. Nous nous demanderons à quelles conditions la connaissance, entendue successivement comme faculté et comme acquis, peut être le moyen approprié d'une fin. I. La connaissance comme faculté est toujours utile a. Connaissance, intelligence, raison La connaissance est d'abord une faculté : elle consiste en l'effort des de l'individu pour saisir les objets qui l'entourent, perceptivement puis intellectuellement.

La connaissance est donc cette activité par laquelle le sujet se rapporte à ce qui l'entoure et en forme une idée qui lui permet d'avoir un rapport pratique ou théorique avec cet entourage.

D'après Kant, l'activité de la connaissance implique un travail de synthèse du divers sensible : cette orange que nous voulons connaître se donne d'abord à nous comme un divers sensible (une couleur, une forme ronde, une odeur…) que la faculté de connaître synthétise, afin d'avoir un rapport pratique (saisir l'orange, la manger…) ou théorique (construire le concept d'orange, de façon inductive, par la confrontation des similitudes essentielles et des différences contingentes d'une pluralité d'objets « oranges »).

La connaissance semble donc se confondre, en tant que faculté, avec l'intelligence et la raison. b. « Un instrument universel qui peut servir en toutes sortes de rencontre » C e détour par une définition plus étendue de la connaissance comme faculté nous permet de répondre à la question posée : la connaissance ainsi entendue est toujours utile.

En effet, il s'agit d'une faculté plastique, malléable à toutes les circonstances, qui nous permet d'avoir un rapport pratique ou théorique au monde qui nous entoure.

Nous pouvons dire d'elle ce que Descartes disait de la raison : elle est un « instrument universel qui peut servir en toutes sortes de rencontres ». II. La connaissance comme acquis n'est pas toujours utile a. « Ces connaissances sont comme des étoiles qui brillent trop loin de nous pour nous éclairer » Il n'en est pas de même pour la connaissance entendue comme acquis.

En effet, une critique célèbre de la connaissance théorique peut se lire dans les Lettres philosophiques de Voltaire.

Celui-ci compare la recherche fondamentale à « des étoiles qui brillent trop loin de nous pour nous éclairer ».

Voltaire entend par là que passé un certain stade d'abstraction et de théorisation, la recherche fondamentale n'est plus le moyen d'aucune amélioration concrète de la vie et du confort des hommes (le luxe vanté par le poème « Le mondain ») mais devient seulement fin en soi, sans utilité pour les hommes. b. Recherche fondamentale et applications pratiques Cependant, un autre philosophe des lumières, Fontenelle, avait prévenu Voltaire dans sa critique.

En effet, dans le Discours sur la pluralité des mondes, Fontenelle montre bien que la recherche fondamentale entretient toujours un lien avec une application pratique : la recherche du mathématicien, du physicien, sans utilité immédiate apparente, n'en fait pas moins progresser la compréhension globale du monde, et prépare de nouveaux progrès concrets pour les hommes.

Ainsi de Kepler, par exemple, et de ses découvertes en optique : inutiles au premier abord, elles servent aujourd'hui à de nombreuses applications concrètes (notamment aux opticiens). III. L'utilité inégale de la connaissance pratique et de la connaissance théorique a. La connaissance stérile de l'érudit Cependant, il faut bien prendre garde à ne pas absolutiser la connaissance, c'est-à-dire à ne pas la valoriser indifféremment.

Il y a bien une connaissance inutile, stérile : la connaissance qui est précisément absolutisée, qui est sa propre fin, qui ne se justifie que par le désir de connaître, et jamais par la volonté de connaître « pour… ».

Telle est la connaissance de l'érudit, qui cherche à connaître pour connaître, et dont la connaissance n'est jamais le moyen d'autre chose.

C'est encore Voltaire qui raille ce type de connaissance dans les Lettres philosophiques : a quoi est donc utile une dissertation sur la coiffure des romains ? b. Connaissance du monde et connaissance de soi D'autre part, il faut également prendre garde à ne pas valoriser la connaissance théorique, généralement jugée utile, aux détriments de la connaissance pratique, jugée de moindre qualité.

Si la première n'est pas toujours utile, nous venons de le montrer, la seconde, elle, l'est toujours : car par la connaissance pratique du monde, c'est à un développement de nos capacités, à un accroissement de notre être que nous aboutissons.

La connaissance pratique est donc toujours utile car elle a pour effet une connaissance accrue de soi. Conclusion : La connaissance comme faculté est toujours utile, car elle est un instrument qui peut s'adapter à une pluralité de circonstances.

La connaissance théorique n'est pas toujours utile : elle cesse de l'être quand elle s'est absolutisée et s'est détachée de toute autre fin que son propre accroissement.

La connaissance pratique est toujours utile, car elle est connaissance accrue de soi même, développement des capacités de l'individu.. »

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