Aide en Philo

Karl Heinrich MARX: L'usage ou l'emploi de la force de travail

Extrait du document

L'usage ou l'emploi de la force de travail, c'est le travail. L'acheteur de cette force la consomme en faisant travailler le vendeur. Pour que celui-ci produise des marchandises, son travail doit être utile, c'est-à-dire se réaliser en valeurs d'usage. C'est donc une valeur d'usage particulière, un article spécial que le capitaliste fait produire par son ouvrier. De ce que la production de valeurs d'usage s'exécute pour le compte du capitaliste et sous sa direction, il ne s'ensuit pas, bien entendu, qu'elle change de nature. Aussi, il nous faut d'abord examiner le mouvement du travail utile en général, abstraction faite de tout cachet particulier que peut lui imprimer telle ou telle phase du progrès économique de la société. Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature. L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui sommeillent. Nous ne nous arrêtons pas à cet état primordial du travail où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté. Et cette subordination n'est pas momentanée. L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté. Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles; en un mot, qu'il est moins attrayant. Karl Heinrich MARX (1818-1883)

« L'usage ou l'emploi de la force de travail, c'est le travail.

L'acheteur de cette force la consomme en faisant travailler le vendeur.

Pour que celui-ci produise des marchandises, son travail doit être utile, c'est-à-dire se réaliser en valeurs d'usage.

C'est donc une valeur d'usage particulière, un article spécial que le capitaliste fait produire par son ouvrier.

De ce que la production de valeurs d'usage s'exécute pour le compte du capitaliste et sous sa direction, il ne s'ensuit pas, bien entendu, qu'elle change de nature.

A ussi, il nous faut d'abord examiner le mouvement du travail utile en général, abstraction faite de tout cachet particulier que peut lui imprimer telle ou telle phase du progrès économique de la société. Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.

En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui sommeillent.

Nous ne nous arrêtons pas à cet état primordial du travail où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif.

Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.

Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté.

Et cette subordination n'est pas momentanée.

L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté.

Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles; en un mot, qu'il est moins attrayant. Cette page est peut-être sans analogue dans l'oeuvre de Marx et elle étonne encore davantage dans le grand ouvrage de sa maturité.

Marx y analyse le procès' du travail en faisant abstraction de tout environnement historique, économique ou politique.

Il y a une sorte de nature ou essence du travail, car le travail, c'est-à-dire « l'activité qui a pour but la production de valeurs d'usage, l'appropriation des objets extérieurs aux besoins » est «la condition générale des échanges matériels entre l'homme et la nature, une nécessité physique de la vie humaine, indépendante par cela même de toutes ses formes sociales, ou plutôt également commune à toutes ».

On ne devine pas au goût du froment qui l'a cultivé; de même le résultat du travail n'indique en rien dans quelles conditions sociales il s'est accompli.

« La nature générale du travail n'est évidemment point du tout modifiée, parce que l'ouvrier accomplit son travail non pour lui-même, mais pour le capitaliste »2.

Une fois le travail effectué, « le procès s'éteint dans le produit, c'est-à-dire dans une valeur d'usage, une matière naturelle assimilée aux besoins humains par un changement de forme» et «ce qui était du mouvement chez le travailleur, apparaît maintenant dans le produit comme une propriété en repos.

L'ouvrier a tissé et le produit est un tissu »3. Cette sorte de mise entre parenthèses du travail à l'égard des données historiques pour une analyse du travail en soi n'est pas sans évoquer certains passages de la dialectique hégélienne de la Phénoménologie de l'esprit et de la fonction du travail dans la fameuse relation Domination-Servitude.

Ici la dialectique de Marx dégage le processus d'action réciproque par lequel, « afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie », l'homme transforme la nature, mais se transforme en retour.

L'activité de l'homme effectue «à l'aide des moyens de travail une modification voulue de son objet », mais cette activité même est ce qui met ses facultés en exercice et les développe.

Telle est la différence radicale qui sépare le mode instinctif des comportements animaux, lequel était à bien des égards aussi celui de l'homme primitif, et, d'autre part, l'action proprement humaine où dans la conception la fin est première si elle est dernière dans l'exécution.

L'oeuvre humaine est soutenue dans toute son opération par une attention constante qui la dirige consciemment vers son but, exigeant une tension de volonté d'autant plus forte qu'elle est plus difficile.

Et sans doute faut-il comprendre que plutôt que l'attrait d'un « libre jeu des forces corporelles et intellectuelles » de l'homme, où un Charles Fourier voyait le caractère spécifique du travail, c'est dans la puissance productrice de l'effort humain que résident selon Marx la nature et la valeur du travail. MARX (Karl).

Né à Trêves, en 1818, mort à Londres en 1883.

Il fit ses études aux Universités de Bonn, de Berlin et de Iéna, et fonda en 1842, la Gazette Rhénane.

Il se rendit à Paris en novembre 1843, et y lança les Annales franco-allemandes.

Expulsé en 1845, il se réfugia à Bruxelles, effectua un voyage en Angleterre, au cours duquel il rédigea le Manifeste du parti communiste Il est expulsé de Belgique en 1848, fait un bref séjour à Paris et s'installe à Cologne, où il fonde la Nouvelle gazette rhénane.

Chassé des États rhénans en 1849, il se rend à Paris, d'où il est expulsé et il part vivre à Londres.

Il y connaît la misère, malgré le soutien amical d'Engels.

L'Internationale ouvrière est créée en 1864.

Des conflits de doctrine éclatèrent, des rivalités opposèrent Marx à Mazzini, à Bakounine, à Jules Guesde.

A l'abri du besoin grâce à une pension d'Engels et veuf en 1881, il voyagea, pour sa santé : Monte-C arlo, V evey, Enghien, Alger.

Il mourut d'un abcès du poumon.

C'est en Angleterre que Marx étudia scientifiquement, en économiste, les problèmes de la classe ouvrière, et qu'il fut amené à élaborer et à exprimer sa doctrine : le marxisme, dont lui-même prétendit d'ailleurs se tenir à l'écart.

Les transformations sociales dont l'histoire nous donne le spectacle ont pour hase la structure économique.

C'est le principe du matérialisme historique. «L'existence des classes est liée à des phases du développement historique déterminé de la production ».

La lutte des classes est le rouage primordial de la transformation du monde.

La classe la plus nombreuse, qui est la plus défavorisée, doit assurer son triomphe sur la classe la plus riche, qui est la moins nombreuse.

Le prolétariat doit vaincre la bourgeoisie.

L'analyse économique de Marx le conduit à démontrer que le mode de production des richesses est collectif, alors que leur mode d'appropriation demeure individuel ; là est la base de l'antagonisme des classes.

Le capital bourgeois, qui possède et ne produit pas, s'est soumis le travail prolétarien qui produit, mais ne possède pas.

« Le C apital est du travail mort, qui, tel un vampire, ne vit qu'en suçant le travail vivant, et vit d'autant plus qu'il en suce davantage.

» - Marx énonce la loi de concentration, selon laquelle le nombre des prolétaires s'accroît sans cesse, alors que le nombre des propriétaires du capital a tendance à décroître.

Le déséquilibre entre production et consommation entraîne les crises économiques et doit hâter l'avènement du prolétariat et la collectivisation de la propriété.

Mais l'erreur de Marx est célèbre, qui prédit que la révolution éclaterait dans le pays le plus industrialisé et où la loi de concentration jouait le plus fortement, c'est-à-dire les États-Unis.

— Marx énonce la loi d'airain des salaires, qui réduit au minimum le gain du travailleur, et il distingue la valeur d'échange, fonction de la quantité de travail incorporé dans l'objet, de la valeur d'usage.

— L'un des facteurs essentiels de l'avènement du prolétariat est le développement interne du prolétariat lui-même.

C 'est par son aliénation totale, en s'enfonçant au plus bas de sa condition, que le prolétaire prend conscience de celle-ci.

—« Le processus suivant lequel le travail est transformé en capital contient en lui le secret de la destruction future du capitalisme.

» Le dépérissement de l'État bourgeois est une étape de cette destruction, qui doit aboutir, après la grande crise, à la dictature du prolétariat.

Mais celle-ci ne doit être qu'un passage vers l'instauration d'une société sans classes, c'est-à-dire d'une société communiste, où la propriété privée sera supprimée.

— Les principales influences que l'on décèle dans la pensée de Marx sont celles de Hegel, de Feuerbach et de Ricardo.

La philosophie allemande, le socialisme français et l'économie politique anglaise s'y retrouvent.

Le marxisme a des limites, mais tel qu'il est, il a joué un rôle considérable dans l'histoire du monde.

« De même que le C hrist aux martyrs de l'esclavagisme antique, Karl Marx a apporté aux martyrs de l'esclavagisme moderne un bouleversant espoir.

» (G.

Walter).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles