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Karl Heinrich MARX (1818-1883)

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En achetant la force de travail de l'ouvrier et en la payant à sa valeur, le capitaliste, comme tout autre acheteur, a acquis le droit de consommer la marchandise qu'il a achetée ou d'en user. On consomme la force de travail d'un homme ou on en fait usage en la faisant fonctionner. Par l'achat de la valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail de l'ouvrier, le capitaliste a donc acquis le droit de se servir de cette force, de la faire travailler pendant toute la journée ou toute la semaine [...]. La valeur de la force de travail est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour son entretien ou sa reproduction, mais l'usage de cette force n'est limitée que par l'énergie agissante et la force physique de l'ouvrier. La valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail est tout à fait différente de l'exercice journalier ou hebdomadaire de cette force tout comme la nourriture dont un cheval a besoin et le temps qu'il peut porter son cavalier sont deux choses tout à fait distinctes. La quantité de travail qui limite la valeur de la force de travail de l'ouvrier ne constitue en aucun cas la limite de la quantité de travail que peut exécuter sa force de travail. Prenons l'exemple de notre ouvrier fileur. Nous avons vu que pour renouveler journellement sa force de travail, il lui faut créer une valeur journalière de trois shillings, ce qu'il réalise par son travail journalier de six heures. Mais cela ne le rend pas incapable de travailler journellement 10 ou 12 heures ou davantage. En payant la valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail de l'ouvrier fileur, le capitaliste s'est acquis le droit de se servir de celle-ci pendant toute la journée ou toute la semaine. Il le fera donc travailler, mettons 12 heures par jour. Au-dessus des six heures qui lui sont nécessaires pour produire l'équivalent de son salaire, le fileur devra donc travailler six autres heures que j'appellerai les heures de surtravail, lequel surtravail se réalisera en une plus-value et un surproduit. Si notre ouvrier fileur, par exemple, au moyen de son travail journalier de 6 heures ajoute au coton une valeur de 3 shillings qui forme l'équivalent exact de son salaire, il ajoutera au coton en 12 heures une valeur de 6 shillings et produira un surplus correspondant de filés. Comme il a vendu sa force de travail au capitaliste, la valeur totale, c'est-à-dire le produit qu'il a créé, appartient au capitaliste qui est, pour un temps déterminé, propriétaire de sa force de travail. En déboursant 3 shillings, le capitaliste va donc réaliser une valeur de 6 shillings puisque en déboursant la valeur dans laquelle sont cristallisées 6 heures de travail, il recevra, en retour, une valeur dans laquelle sont cristallisées 12 heures de travail. S'il répète journellement ce processus, le capitaliste déboursera journellement 3 shillings et en empochera 6, dont une moitié sera de nouveau employée à payer de nouveaux salaires et dont l'autre moitié formera la plus-value pour laquelle le capitaliste ne paie aucun équivalent. C'est sur cette sorte d'échange entre le capital et le travail qu'est fondée la production capitaliste, c'est-à-dire le salariat, que l'ouvrier en tant qu'ouvrier et le capitaliste en tant que capitaliste sont obligés de reproduire constamment. Karl Heinrich MARX (1818-1883)

« En achetant la force de travail de l'ouvrier et en la payant à sa valeur, le capitaliste, comme tout autre acheteur, a acquis le droit de consommer la marchandise qu'il a achetée ou d'en user.

On consomme la force de travail d'un homme ou on en fait usage en la faisant fonctionner.

Par l'achat de la valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail de l'ouvrier, le capitaliste a donc acquis le droit de se servir de cette force, de la faire travailler pendant toute la journée ou toute la semaine [...]. La valeur de la force de travail est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour son entretien ou sa reproduction, mais l'usage de cette force n'est limitée que par l'énergie agissante et la force physique de l'ouvrier. La valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail est tout à fait différente de l'exercice journalier ou hebdomadaire de cette force tout comme la nourriture dont un cheval a besoin et le temps qu'il peut porter son cavalier sont deux choses tout à fait distinctes.

La quantité de travail qui limite la valeur de la force de travail de l'ouvrier ne constitue en aucun cas la limite de la quantité de travail que peut exécuter sa force de travail.

Prenons l'exemple de notre ouvrier fileur.

Nous avons vu que pour renouveler journellement sa force de travail, il lui faut créer une valeur journalière de trois shillings, ce qu'il réalise par son travail journalier de six heures.

Mais cela ne le rend pas incapable de travailler journellement 10 ou 12 heures ou davantage.

En payant la valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail de l'ouvrier fileur, le capitaliste s'est acquis le droit de se servir de celle-ci pendant toute la journée ou toute la semaine.

Il le fera donc travailler, mettons 12 heures par jour.

Au-dessus des six heures qui lui sont nécessaires pour produire l'équivalent de son salaire, le fileur devra donc travailler six autres heures que j'appellerai les heures de surtravail, lequel surtravail se réalisera en une plus-value et un surproduit.

Si notre ouvrier fileur, par exemple, au moyen de son travail journalier de 6 heures ajoute au coton une valeur de 3 shillings qui forme l'équivalent exact de son salaire, il ajoutera au coton en 12 heures une valeur de 6 shillings et produira un surplus correspondant de filés.

Comme il a vendu sa force de travail au capitaliste, la valeur totale, c'est-à-dire le produit qu'il a créé, appartient au capitaliste qui est, pour un temps déterminé, propriétaire de sa force de travail.

En déboursant 3 shillings, le capitaliste va donc réaliser une valeur de 6 shillings puisque en déboursant la valeur dans laquelle sont cristallisées 6 heures de travail, il recevra, en retour, une valeur dans laquelle sont cristallisées 12 heures de travail. S'il répète journellement ce processus, le capitaliste déboursera journellement 3 shillings et en empochera 6, dont une moitié sera de nouveau employée à payer de nouveaux salaires et dont l'autre moitié formera la plus-value pour laquelle le capitaliste ne paie aucun équivalent.

C'est sur cette sorte d'échange entre le capital et le travail qu'est fondée la production capitaliste, c'est-à-dire le salariat, que l'ouvrier en tant qu'ouvrier et le capitaliste en tant que capitaliste sont obligés de reproduire constamment. Lénine considérait la théorie de la plus-value comme «la pierre angulaire » de la doctrine de Marx.

Elle constitue le fondement de la production capitaliste ou du système du salariat, ce qui revient au même.

« Le capital suppose le travail salarié, le travail salarié suppose le capital.

Autrement dit, l'existence d'une classe ne possédant rien que sa capacité de travail est une condition première du capital ».

Or telle est la situation historique du monde industriel européen.

D'un côté, «on trouve sur le marché un groupe d'acheteurs en possession du sol, des matières premières et des moyens de subsistance, toutes choses qui, sauf la terre dans son état primitif, sont des produits du travail, et, de l'autre côté, un groupe de vendeurs n'ayant rien à vendre que leur force de travail, leurs bras et leurs cerveaux agissants »3.

D'où il suit «que l'un des groupes achète continuellement pour réaliser du profit et s'enrichir pendant que l'autre groupe vend continuellement pour gagner sa vie »3.

Ce second groupe est celui des ouvriers, qui vend «sa puissance ou force de travail» au capital.

« Pourquoi la vend-il ? Pour vivre ».

L'ouvrier vend son activité vitale à un tiers pour s'assurer les moyens de subsistance nécessaires.

« Son activité vitale n'est donc pour lui qu'un moyen de pouvoir exister.

Il travaille pour vivre.

».

Car la force de travail est «une marchandise, ni plus, ni moins que le sucre.

On mesure la première avec la montre et la seconde avec la balance »D.

Ainsi « la force de travail est, dans notre société actuelle, une marchandise comme toutes les autres, mais néanmoins, dit Engels, une marchandise tout à fait spéciale. En effet, elle a la propriété particulière d'être une force qui crée de la valeur, une source de plus de valeur qu'elle n'en possède elle-même ». En quoi consiste cette «Force de travail» dont la valeur d'usage est douée du pouvoir singulier de multiplier la valeur? Marx la définit comme « l'ensemble des facultés physiques et intellectuelles qui existent dans le corps de l'homme, dans sa personnalité vivante, et qu'il doit mettre en mouvement pour produire des choses utiles »7.

Il importe donc de ne pas confondre force de travail et travail, car «ce que l'ouvrier vend, ce n'est pas directement son travail, mais sa force de travail »8.

La force de travail devient donc une valeur d'échange, une marchandise.

Quelle est alors la valeur de la force de travail? Marx a démontré précisément que «la valeur d'une marchandise est déterminée par la quantité de travail consacré à sa production », par le travail social qui s'est cristallisé en elle.

Il en va de même pour la force de travail de l'ouvrier.

«Exactement comme pour toute autre marchandise, sa valeur est déterminée par la quantité de travail nécessaire à sa production ».

Quel est, pourrait-on dire, le coût de production d'un ouvrier? «La force de travail d'un homme ne consiste que dans son individualité vivante ».

D'abord pour l'entretien de sa vie, il a besoin d'une quantité minimum de moyens de subsistance.

Mais l'individu s'use comme la machine, et, par conséquent, une autre quantité de ces mêmes moyens est nécessaire pour élever les enfants qui le remplaceront sur le marché du travail et perpétueront les générations ouvrières.

Secondairement, on peut ajouter une autre dépense de valeurs pour le développement de la force de travail, c'est-à-dire pour une formation professionnelle efficace. Les deux premiers impératifs constituent ce que Lassalle a appelé la loi d'airain, énoncée déjà par Ricardo en 1817 : «le prix normal du travail est celui qui est nécessaire pour permettre aux travailleurs, bon an mal an, de subsister et de perpétuer leur race sans que leur nombre augmente ou diminue »14.

Marx reprend, lui aussi, la fameuse loi, mais dans un esprit tout différent, et son point de vue est bien plus celui d'un moraliste que celui d'un économiste.

D'une part, si. »

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