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Justice et Force ?

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« Définition des termes du sujet: FORCE / FORT: a) Principe de puissance ou d'action.

b) Par opposition au droit: recours à la contrainte pour faire respect un pouvoir illégitime.

c) Droit du plus fort: conception qui fait reposer l'autorité du chef sur sa supériorité physique.

d) Fort: qui possède la force au sens fort ou au figuré.

Opposé à faible. Justice: a) Juste reconnaissance du mérite et des droits de chacun. b) Caractère de ce qui est conforme au droit positif (légal) ou au droit naturel (légitime). Nous avons vu que l'homme juste est celui qui agit avec justice sans contrainte extérieure, par vertu.

Mais tous les hommes sont-ils justes ? L'expérience constante de l'injustice au cours de l'histoire montre suffisamment l'inanité ou la naïveté d'une telle question.

Le simple fait que le juste s'incarne dans quelques figures que la mémoire des hommes retient et vénère signale assez sa rareté.

Pourtant la justice est nécessaire à la paix sociale.

Et puisque les hommes n'y sont pas naturellement enclins, il faudra les y soumettre, par force.

Aucune règle ne peut exister sans sanction.

La justice repose donc sur une contrainte.

Deux questions se posent alors : premièrement, comment les hommes en sont-ils venus à accepter cette contrainte ? et deuxièmement, cette contrainte exercée par la force ne risque-t-elle pas de compromettre gravement la justice ? La justice repose sur une convention Commettre l'injustice est pire que la subir, et j'aimerai mieux quant à moi, la subir que la commettre (Gorgias) Commettre l'injustice c'est perdre sa dignité et passer le reste de sa vie en compagnie d'un injuste.

L'assassin est celui qui perd l'estime de soi.

Cette phrase fonde l'idée moderne de conscience morale : il n'est pas de crime sans témoin car il est en moi un témoin intérieur qui me juge.

A rapprocher de la phrase de Montaigne : Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens (Essais) Contre Platon, les sophistes ont été les premiers à affirmer que la justice n'était pas naturelle, mais reposait sur une contrainte, acceptée par convention.

A l'appui de cette thèse, ils convoquent l'expérience : nul n'est juste volontairement.

S'ils étaient assurés de l'impunité, comme le berger de la fable, tous les hommes seraient injustes.

On peut contester le caractère radical d'une telle affirmation.

Reste que si elle n'est pas toujours vraie, elle l'est, en tout cas, souvent et cela suffit.

Si les hommes ne sont pas justes de leur propre gré, c'est, poursuivent-ils, que la justice n'est pas un bien en elle-même.

Elle est, si l'on veut, un moindre mal.

Subir l'injustice est en effet pire que la commettre. C'est pourquoi les hommes, par calcul et par convention, acceptent la justice et les lois, parce qu'elles les protègent des exactions et des crimes.

La justice est utile, voilà tout. Le cynisme apparent d'une telle thèse n'a pas manqué de soulever des protestations. Cicéron, par exemple, maintiendra le fait qu'il existe une loi naturelle de justice qui prescrit à chacun ses devoirs.

Mais n'est-ce pas alors confondre justice et morale ? Agir par devoir, c'est agir librement, sans contrainte extérieure.

Or les règles de justice s'imposent à tous et par la contrainte s'il le faut.

En outre, on peut, comme Hume, mettre en doute que la vertu de justice soit naturelle.

Si la justice est rendue nécessaire, c'est que les hommes ne sont pas naturellement enclins à partager et que, néanmoins, la rareté des biens rend le partage indispensable (texte 8).

De façon plus radicale encore, Hobbes soutient la thèse selon laquelle les notions de juste et d'injuste, de bien et de mal n'ont aucun sens dans l'état de nature.

Chacun y soutient son droit par la force ou la ruse.

C'est la violence et la menace qu'elle fait peser sur leur vie qui conduisent les hommes à accepter de se soumettre à un pouvoir fort, capable de les contraindre au respect des lois qu'il édicte. La loi du plus fort Si la justice ne peut s'imposer que par la force, ne risque-t-elle pas de se confondre purement et simplement avec elle ? Pourtant, la justice prononce et dit le droit, c'est-à-dire ce qui doit être et non ce qui est.

Elle oppose donc l'être au devoir-être.

Le droit et la force sont incompatibles et, Rousseau (cf.

Du contrat social, Livre I, chapitre III, « Du droit du plus fort ») nous l'a appris, la notion de « droit du plus fort » est contradictoire.

Comment, dès lors, mettre ensemble la force et la justice ? Comment faire pour que cette alliance contre nature et pourtant nécessaire ne dénature pas la justice ? A cette question, Pascal répond : « Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ». Empreinte de pessimisme et de scepticisme, cette réponse, cependant, a le mérite de tenir à égale distance idéalisme et cynisme.

Au premier, elle fait entendre qu'il est vain d'espérer que la justice puisse régner sans la force ; au second, elle réplique que la force ne peut régner sans justice, ou du moins sans s'efforcer en même temps de. »

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