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Jung: Conscience et inconscient s'opposent-ils ?

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La conscience n'est pas continue. On parle, il est vrai, de la continuité de la conscience ; mais, en réalité, cette continuité n'existe pas et l'impression qu'on en ressent n'est que l'oeuvre du souvenir. La conscience est intermittente, interrompue. Si on fait la somme des phases conscientes d'une vie humaine, on arrive à la moitié ou aux deux tiers de sa durée totale, le reste étant fait de vie inconsciente : durant la nuit on est la proie du sommeil et durant la journée nombreuses aussi sont les heures où l'on n'est conscient qu'à moitié ou aux trois quarts. Il n'y a au fond que peu de moments où l'on soit réellement conscient, où la conscience atteigne un certain niveau et une certaine intensité. Celle qui se manifeste dans les rêves n'est qu'un pitoyable reliquat de conscience ; nous avons dans les rêves un rôle essentiellement passif, nous les subissons. L'inconscient, en revanche, est un état constant, durable, qui, dans son essence, se perpétue semblable à lui-même ; sa continuité est stable, ce que l'on ne saurait prétendre du conscient. Parfois l'activité consciente tombe en quelque sorte au-dessous de zéro et disparaît dans l'inconscient où elle se continue sous forme d'activité inconsciente. Lorsque notre conscience pré-sente son niveau coutumier, ou même lorsqu'elle atteint à une acuité particulière, l'inconscient n'en poursuit pas moins son activité, c'est-à-dire son rêve perpétuel. Tandis que nous écoutons, parlons, lisons, notre inconscient continue de fonctionner quoique nous n'en remarquions rien. À l'aide de méthodes appropriées, on peut montrer que l'inconscient tisse perpétuellement un vaste rêve qui, imperturbable, va son chemin au-dessous de la conscience, parfois émergeant la nuit en un songe, ou causant dans la journée de singulières petites perturbations.

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