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Jean-Louis Baudelocque

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Jean-Louis Baudelocque est né à Heilly, près d'Amiens, le 30 novembre 1746. La profession médicale est de tradition dans la famille. Préparé par de solides études préliminaires, il vient compléter ses connaissances à Paris dans les leçons des grands maîtres. Séduit par l'enseignement que Solayrès faisait à son cours privé d'accouchements, il devint un de ses auditeurs assidus. Distingué par son maître, il ne tarda pas à le remplacer. Quand l'École de santé fut rebâtie, Baudelocque, désigné pour ainsi dire par le vOeu public, fut nommé professeur, puis chargé, comme chirurgien et accoucheur, de l'enseignement des sages-femmes aux couvents réunis de l'Oratoire et de Port-Royal. Nous sommes en 1794. La mort avait enlevé les deux maîtres incontestés de l'obstétrique, Levret en France, Smellie en Angleterre. Baudelocque fut alors sans contredit le premier accoucheur de son époque. La substance de quarante années de travaux fut condensée dans deux de ses livres : Le premier, Les principes sur l'art des accouchements, est une sorte de catéchisme destiné aux sages-femmes de la campagne. Pour les médecins, qui pouvaient le suivre, il écrivit le second, L'Art des accouchements, véritable corps de doctrine, fondé non seulement sur les opinions de ses devanciers, mais aussi sur une expérience personnelle riche et bien mûrie.

« Jean-Louis Baudelocque par Edmond Lévy-Solal Professeur à la Faculté de médecine, Paris Jean-Louis Baudelocque est né à Heilly, près d'Amiens, le 30 novembre 1746.

La profession médicale est de tradition dans la famille. Préparé par de solides études préliminaires, il vient compléter ses connaissances à Paris dans les leçons des grands maîtres.

Séduit par l'enseignement que Solayrès faisait à son cours privé d'accouchements, il devint un de ses auditeurs assidus.

Distingué par son maître, il ne tarda pas à le remplacer. Quand l'École de santé fut rebâtie, Baudelocque, désigné pour ainsi dire par le vOeu public, fut nommé professeur, puis chargé, comme chirurgien et accoucheur, d e l'enseignement des sages-femmes aux couvents réunis d e l'Oratoire et de Port-Royal.

Nous sommes en 1794. La mort avait enlevé les deux maîtres incontestés de l'obstétrique, Levret en France, Smellie en Angleterre.

Baudelocque fut alors sans contredit le premier accoucheur de son époque. La substance de quarante années de travaux fut condensée dans deux de ses livres : Le premier, Les principes sur l'art des accouchements, est une sorte de catéchisme destiné aux sages-femmes de la campagne.

Pour les médecins, qui pouvaient le suivre, il écrivit le second, L'Art des accouchements, véritable corps d e doctrine, fondé non seulement sur les opinions de ses devanciers, mais aussi sur une expérience personnelle riche et bien mûrie. C'est l'époque où s'engage le grand débat sur l'un des principes essentiels d e l'obstétrique : agir ou ne pas agir au moment de l'accouchement.

Le forceps venait d'être perfectionné par Smellie et surtout par Levret.

Mais comme toujours, dès qu'une science s'enrichit d'une méthode nouvelle, des protagonistes trop zélés tendent à l'appliquer sans discernement.

L'autorité de Baudelocque sauve la technique et l'instrument du discrédit.

Il formule des règles précises qui vont substituer à l'intervention systématique, une plus exacte appréciation des forces de la nature. Cependant, il est des difficultés dont le forceps ne peut triompher.

Pour les prévenir, il importe avant tout de connaître la conformation du bassin et en particulier le rapport d e ses dimensions avec la tête fOetale.

Baudelocque imagine son compas et on sait avec quel enthousiasme il célébra ses premiers résultats.

De nos jours, cette méthode n'a plus qu'un intérêt historique.

On peut être surpris qu'à l'époque où seul le toucher servait de guide, la pelvimétrie interne ne se soit pas imposée comme un moyen d'investigation plus sûr, pour apprécier la capacité obstétricale du bassin.

Question de défiance sans doute, contre l'abus de l'exploration interne, "car ces attouchements, écrit Baudelocque, rendent les parties douloureuses et les prédisposent à l'inflammation".

Quelle remarque judicieuse pour l'époque préaseptique ! Réservé sur l'usage du forceps, Baudelocque l'est davantage encore sur celui des crochets, dont il proscrit formellement l'emploi sur l'enfant vivant.

Là encore il est un précurseur, car il fallut un siècle pour que l'anathème de Baudelocque contre le fOeticide fût consacré par le célèbre aphorisme de Pinard : "L'embryotomie sur l'enfant vivant a vécu." Les extractions d e force étant responsables de tels désastres, on fut amené, pour en restreindre les effets, à chercher dans l'accouchement prématuré artificiel, la solution des difficultés créées par l'étroitesse du bassin.

Or, cette méthode prophylactique, Baudelocque la repousse également, car elle aussi ne procure que déboires.

Les prévisions du maître accoucheur trouvèrent leur justification dans les échecs enregistrés bien après lui, et ce, malgré les progrès techniques. Que faire alors devant un obstacle irréductible sinon recourir à la chirurgie ? La lutte était alors ardente entre les partisans de la section césarienne et de la section du pubis.

Baudelocque prend parti pour l'hystérotomie. Au vrai, toutes ces tentatives étaient prématurées.

La césarienne de François Rousset aussi bien que la symphyséotomie de Sigault ne pouvaient encore trouver leur place légitime.

Mais comment ne pas admirer encore une fois la sagacité et la finesse d'observation du clinicien qui, imputant la gravité des accidents à la fermeture de la paroi abdominale, malgré l'absence de toute suture utérine, préconisait déjà le drainage, à la fois vaginal et abdominal ? Ne pressentait-il pas le rôle nuisible des germes infectants ? Mais laissons-lui la parole : "L'exemple des maladies qui exercent si souvent leurs ravages dans les hôpitaux, où la misère conduit chaque année un grand nombre de femmes enceintes, prouve à quel point l'air doit être pur et exempt de corruption.

Les miasmes putrides dont il est chargé ne sont pas les seuls qui puissent en altérer la pureté." L'air au premier plan comme origine "des miasmes putrides" ne touchons-nous pas à la prophylaxie, à la nature microbienne des maladies infectieuses, dont Pasteur lèvera bientôt "le voile qui les avait couvertes pendant tant de siècles" ? Ainsi, Baudelocque sut tracer des "sentiers nouveaux" à ceux qui, après lui, devaient entrer dans la carrière. Portons maintenant nos regards sur le professeur.

C'est à la Maternité de Port-Royal que Baudelocque trouva la matière de ses travaux originaux et l'occasion de prouver le précepte par l'exemple.

Lorsqu'il eut à instruire des élèves sages-femmes, c'est par sa patience, par l'expression de vérités simples, répétées de différentes manières, qu'il sut leur aplanir les difficultés de l'étude.

Ainsi forma-t-il plusieurs générations de praticiennes, instruites, capables de préserver mères et enfants de l'impéritie des matrones. Si l'on ne peut parler du sens social de Baudelocque, véritable anachronisme pour l'époque, on peut dire qu'à toutes les qualités qui distinguaient le savant, le professeur, le praticien, il joignait une sensibilité délicate et une grande bonté.

Il chercha à soulager tous les maux, mais il se pencha plus spécialement sur les malheureux, car l'infortune "était un titre particulier à ses secours". Malgré ses mérites et ses bienfaits, Baudelocque eut des détracteurs acharnés, mais leurs cabales ne firent que tourner à leur honte et à leur confusion.

Néanmoins, ces calomnies finirent par altérer sa santé, et le 2 mai 1810, la mort termina sa carrière. C'est pour perpétuer la mémoire de l'homme qui illustra avec tant d'éclat la première chaire d'enseignement de la Maternité de PortRoyal, que Pinard fit donner à la clinique obstétricale enclose dans les murs mêmes de cet établissement, le nom de Clinique Baudelocque.. »

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