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Inné et acquis

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« Est inné ce qui existe dès la naissance de l'être vivant comme l'un de ses traits propres ; acquis, tout ce que son existence lui confère.

Les deux termes ne concernent que les êtres vivants. Ce sont des antonymes, c'est-à-dire des termes contraires : la relation de contrariété est à la fois logique (l'inné n'est pas acquis, l'acquis, pas inné) et inscrite dans la chronologie (l'inné vient avant l'acquis, l'acquis, après l'inné). 1.

COMMENT RECONNAÎT-ON L'INNÉ ET L'ACQUIS ? La couleur des yeux, les empreintes digitales, la forme des oreilles sont des traits innés : ils ne dépendent pas du mode de vie.

Une peau blanche qui a bronzé au soleil, un muscle qui s'est fortifié grâce à l'exercice sont en revanche les traits acquis : c'est une pratique qui les a fait apparaître. En première analyse, on dira que l'individu à sa naissance est doté d'un certain nombre de caractères innés transmis par les gènes de ses parents.

Normalement ces gènes ne sont pas modifiables : la permanence est la caractéristique de l'inné.

Ni supprimable ni transformable, l'inné est cette dimension du vivant que celui-ci emportera jusque dans sa tombe. Inversement, puisque l'acquis découle d'une certaine pratique de vie, il sera contingent (alors que l'inné est nécessaire) : si l'on bronze au soleil, on peut ne pas bronzer, alors que si l'on naît avec la peau blanche, la probabilité qu'on naisse avec une peau noire était nulle.

Alors que l'inné est fermé (le génome de l'individu vient de celui de ses parents), l'acquis est ouvert, puisqu'il dépend des activités et des habitudes de l'individu. 2.

DIFFICULTÉS ET CONTROVERSES Il serait trompeur de rapporter la dualité inné/acquis à la dualité nature/culture car s'il est vrai que l'acquis, chez l'homme, se rapporte à la culture, et que le naturel doit être inné, l'inné n'est pas nécessairement naturel, et l'acquis n'est pas nécessairement culturel.

Puisqu'un enfant hérite de ses parents, il hérite de certains de leurs acquis aussi (le virus du sida est transmissible, et une mère alcoolique donnera naissance à un enfant amoindri).

En outre, certains mécanismes réflexes (comme celui de se mettre sur ses membres postérieurs ou bien celui de se protéger avec les bras lorsqu'on tombe) se mettent en place spontanément : il ne s'agit ni de mécanismes innés, puisqu'ils n'existent pas à la naissance ni d'habitudes culturelles (ce qui est acquis n'est pas forcément appris). Le débat de l'inné et de l'acquis prend une tournure idéologique lorsqu'il porte non plus sur des phénomènes physiques mais sur des phénomènes psychologiques (la mémoire, l'intelligence, etc.).

Une idéologie conservatrice aura tendance à minimiser la part de l'acquis et à majorer celle de l'inné, tandis qu'une idéologie progressiste aura à l'inverse tendance à tout rapporter à l'acquis.

Ainsi le marxisme officiel dans l'ex-URSS avait-il refusé les lois de la génétique au nom d'une idéologie du tout-acquis. L'idée d'une âme qui place l'homme à part de la nature a pour soubassement une conception religieuse de l'homme. Si l'on veut conserver l'idée que l'homme malgré tout n'échappe pas à la nature, tout en conservant sa spécificité absolue, on peut dire avec Merleau-Ponty que, en l'homme, le naturel et le culturel se confondent: il n'y a aucun acte humain qui ne puisse être rapporté à du biologique.

Mais, de l'autre côté, le sens de ces actes, même les plus primitifs, est toujours culturel.

Tout est naturel en l'homme, mais pour l'homme, tout est culturel. Un biologiste contemporain a dit que l'être humain contient 100 % d'inné et 100 % d'acquis.

L'un ne va pas sans l'autre, en effet.

De même qu'un cadre de tableau sans toile peinte est vide et qu'une toile peinte sans cadre ne tient pas, de même l'inné (le cadre) sans l'acquis est vide tandis que l'acquis (le contenu) sans l'inné ne tient pas.. »

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