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« Il n'existe pas de peuples non civilisés. Il n'existe que des peuples de civilisations différentes. » Marcel MAUSS, « L'enseignement de l'histoire des religions des peuples non civilisés à l'École des hautes études », Revue de l'histoire des religions,

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Cette citation peut paraître, de prime abord, évidente. Pourtant cette idée a mis très longtemps avant de s'imposer dans nos esprits. En effet, lorsque Mauss, éminent sociologue français, écrit ces mots (1902), une véritable polémique fait alors rage. Celle-ci a pour origine la question du statut culturel (religieux, moral, intellectuel, social...) que l'on doit accorder aux peuples dits « primitifs ». Cette polémique est d'ailleurs intensifiée, alimentée par toute l'entreprise occidentale de colonisation des peuples africains qui sévit encore à ce moment là, ainsi que le poids du dogme religieux qui s'illustre par les nombreuses « missions » à vocation « éducative »...

D'un point de vue philosophique, au cœur du débat ethnologique, se joue la problématique générale du rapport à l'altérité (désigne ce qui est autre en général). C'est ce qu'a bien vu Mauss qui, soucieux de son approche scientifique rigoureuse (à l'image de son oncle Durkheim), n'eut de cesse de combattre les préjugés et les opinions fausses en vue d'une analyse sociologique toujours plus impartiale et exacte des civilisations étrangères.

Pour effectuer un commentaire rigoureux de cette citation de Mauss, il s'agira d'apporter une réponse à ces deux questions :

  • Dans quel contexte Mauss affirme l'inexistence des peuples non-civilisés ?

  • L'affirmation des « civilisations », des différences significatives entre les groupes humains, ne conduit-elle pas à ruiner la notion unitaire et universelle de « culture » ?

« « Il n'existe pas de peuples non civilisés.

Il n'existe que des peuples de civilisations différentes.

» Marcel MAUSS, « L'enseignement de l'histoire des religions des peuples non civilisés à l'École des hautes études », Revue de l'histoire des religions, tome 2. Commentaire de citation Introduction Cette citation peut paraître, de prime abord, évidente.

Pourtant cette idée a mis très longtemps avant de s'imposer dans nos esprits.

En effet, lorsque Mauss, éminent sociologue français, écrit ces mots (1902), une véritable polémique fait alors rage.

Celle-ci a pour origine la question du statut culturel (religieux, moral, intellectuel, social...) que l'on doit accorder aux peuples dits « primitifs ».

Cette polémique est d'ailleurs intensifiée, alimentée par toute l'entreprise occidentale de colonisation des peuples africains qui sévit encore à ce moment là, ainsi que le poids du dogme religieux qui s'illustre par les nombreuses « missions » à vocation « éducative »... D'un point de vue philosophique, au cœur du débat ethnologique, se joue la problématique générale du rapport à l'altérité (désigne ce qui est autre en général).

C'est ce qu'a bien vu Mauss qui, soucieux de son approche scientifique rigoureuse (à l'image de son oncle Durkheim), n'eut de cesse de combattre les préjugés et les opinions fausses en vue d'une analyse sociologique toujours plus impartiale et exacte des civilisations étrangères. Pour effectuer un commentaire rigoureux de cette citation de Mauss, il s'agira d'apporter une réponse à ces deux questions : Dans quel contexte Mauss affirme l'inexistence des peuples non-civilisés ? L'affirmation des « civilisations », des différences significatives entre les groupes humains, ne conduit-elle pas à ruiner la notion unitaire et universelle de « culture » ? I) L'idée de peuple non-civilisé La grande préoccupation intellectuelle occidentale sera, pendant plus de 50 ans (milieu XIVième siècle-début XXième ) de définir la place des peuples d'outre-mer occupée dans nos échelles de valeur culturelle.

Pendant près de cinquante ans, toutes les hautes instances religieuses, sociales, politiques, philosophiques, vont s'accorder majoritairement sur l'idée qu'il est du devoir d'une « haute culture » d'éduquer les peuples dits « archaïques ».

Les origines de cette prétention sont plurielles.

Aux préjugés et ignorances populaires se joignent les récits de ceux qui effectuent les voyages vers l'étranger ainsi que la rigidité du culte chrétien qui voit dans le « fétichisme » l'illustration d'une religion corrompue et naïve.

Ajoutons à cela les différentes idées reçues, pourtant combattues vivement notamment par Montaigne (cf.

Essais), qui taxent certains peuples de « barbares » ou « cannibales ». Le fait est que les instances qui composaient les « missions » chrétiennes (qui ressemblent plus à des colonisations et des pillages) sont les seuls éléments qui permettent aux penseurs d'étayer leur connaissance des ethnies éloignées.

Rousseau note, avec perplexité, le peu d'objectivité (et pour cause !) à l'oeuvre dans les récits de ces voyageurs : « Il n'y a guère que quatre sortes d'hommes qui fassent des voyages de long court ; les Marins, les Marchands, les Soldats et les Missionnaires ; or on ne doit guère s'attendre que les trois premières classes fournissent de bons Observateurs, et quant à ceux de la quatrième, occupés de la vocation sublime qui les appelle, quand ils ne seraient pas sujets à des préjugés d'état comme tous les autres, on doit croire qu'ils ne se livreraient pas volontiers à des recherches qui paraissent de pure curiosité, et qui les détourneraient des travaux plus important auxquels ils se destinent.

» (cf.

Oeuvres politiques) Cette constatation a le mérite de cristalliser les difficultés auxquelles se confronte une sociologie et une ethnologie naissantes : la valeur des sources et des récits qu'elle exploite pour ses travaux.

Rousseau reconnaît d'ailleurs qu'il s'agit de l'unique source de référence, puisque « la philosophie ne voyage point »... Mauss lui-même n'ira jamais sur le terrain, mais s'instruira longuement des synthèses « ethnologiques » de ses contemporains (Frazer et Tylor).

Il va combattre l'idée selon laquelle certains peuples son considérés comme noncivilisés.

Hegel fut l'un des tenants les plus radicaux de cette position, pensant que le peuple africain, notamment, est incapable d'évoluer, de « progresser » culturellement (cf.

« le fondement géographique de l'histoire universelle », in Leçons sur la philosophie de l'histoire).

Cette idée, ajoutée au sens religieux des « missions », va renforcer l'opinion déjà courante que certains peuples sont « primitifs » et non-civilisés.

En rompant avec les méthodes sociologiques classiques et affirmant l'indépendance de l'ethnologie, Mauss prépare déjà une critique des pensées dominantes. II) La problématique de la différence culturelle Les sociétés dites « primitives » révèlent, bien que par une complexité différente, les mêmes traits caractéristiques de socialisation et de civilisation que nos sociétés occidentales.

Si Mauss affirme qu'un peuple non-civilisé n'existe. »

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