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HUME: Supposez qu'un homme...

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Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens. HUME

Quelle est la relation exacte entre la cause et l'effet dont dépendent un si grand nombre des connaissances humaines ? Y-a-t-il dans la cause quelque chose qui permette de comprendre l'effet qu'elle engendre ? Ainsi, la diminution de la température de l'eau contient-elle en elle-même la cause de son effet, qui est la transformation de cette même eau en glace ? Ce n'est bien entendu pas le cas. En vérité, certains philosophes du XVIIe siècle se sont posé la question de savoir d'où venait la capacité de la cause à engendrer l'effet. Ils y répondent par des principes transcendants : c'est Dieu, pour Malebranche, qui fait que la cause est efficace, c'est-à-dire qu'elle engendre un effet. Mais Hume s'interroge sur autre chose. Il se demande pourquoi l'homme croit à cette liaison alors que rien ne nous permet de saisir dans la cause ce qui la relie à l'effet. Il s'interroge donc sur la présence dans l'esprit humain de ce principe de connaissance qu'est la relation de cause à effet.

« Quelle est la relation exacte entre la cause et l'effet dont dépendent un si grand nombre des connaissances humaines ? Y-a-t-il dans la cause quelque chose qui permette de comprendre l'effet qu'elle engendre ? Ainsi, la diminution de la température de l'eau contient-elle en elle-même la cause de son effet, qui est la transformation de cette même eau en glace ? Ce n'est bien entendu pas le cas.

En vérité, certains philosophes du XVIIe siècle se sont posé la question de savoir d'où venait la capacité de la cause à engendrer l'effet.

Ils y répondent par des principes transcendants : c'est Dieu, pour Malebranche, qui fait que la cause est efficace, c'est-à-dire qu'elle engendre un effet.

Mais Hume s'interroge sur autre chose.

Il se demande pourquoi l'homme croit à cette liaison alors que rien ne nous permet de saisir dans la cause ce qui la relie à l'effet.

Il s'interroge donc sur la présence dans l'esprit humain de ce principe de connaissance qu'est la relation de cause à effet. La croyance, pour Hume, est une connexion qu'établit l'imagination sous l'effet de l'impression.

Plus l'impression est forte, plus la croyance est vive.

Le fait de constater par l'expérience du sensible qu'une relation de contiguïté se produit de façon répétée entre deux faits fait naître une impression particulièrement vive, et donc enracine la croyance dans l'esprit humain.

C'est le cas de la relation de cause à effet.

On constate qu'à un événement donné est constamment associé un autre : par exemple la diminution de la température de l'eau d'une part, et la congélation d'autre part.

L'homme projette une relation, propre à son esprit, qui est celle de la cause et de l'effet sur l'apparition contiguë de ces deux événements.

La relation de cause à effet ne tient donc pas à une liaison réelle, intrinsèque aux choses mêmes, mais à une forme particulière de l'esprit.

Ce n'est que parce que l'esprit a pour habitude de projeter son propre fonctionnement sur le monde que l'on est en droit d'estimer que la cause contient sa capacité à produire l'effet : cette liaison n'est que l'effet de l'imagination. Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle.

Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens. HUME I - LES TERMES DU SUJET Le texte comporte deux registres de termes.

D'un côté, "réflexion" et "raisonnement" indiquent des activités spontanées, qui procèdent de soi. De l'autre "observation", "sens", "expérience" indiquent ce que nous devons aux données sensibles, à l'extérieur, dans nos connaissances. II - ANALYSE DU PROBLÈME Le problème est un problème classique dans la philosophie de la connaissance : la relation de causalité peut-elle être connue par simple observation ? Nos sens peuvent-ils nous faire connaître un fait ? Quelles sont les limites du pouvoir de la raison, s'agissant de la connaissance des questions de fait ? Peut-on s'en remettre à la raison seule pour connaître ? De telles questions sont au coeur du débat entre empirisme et rationalisme.. »

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