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HOBBES: Lorsqu'un homme a observé assez souvent

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Lorsqu'un homme a observé assez souvent que les mêmes causes antécédentes sont suivies des mêmes conséquences, pour que toutes les fois qu'il voit l'antécédent il s'attende à voir la conséquence ; ou que lorsque qu'il voit la conséquence il compte qu'il y a eu le même antécédent, alors il dit que l'antécédent et le conséquent sont des signes l'un de l'autre ; c'est ainsi qu'il dit que les nuages sont des signes de la pluie qui doit venir, et que la pluie est un des signes des nuages passés. C'est dans la connaissance de ces signes, acquise par l'expérience, que l'on fait consister ordinairement la différence entre un homme et un autre homme relativement à la sagesse, nom par lequel on désigne communément la somme totale de l'habileté ou de la faculté de connaître ; mais c'est une erreur, car les signes ne sont que des conjectures ; leur certitude augmente et diminue suivant qu'ils ont plus ou moins souvent manqué ; ils ne sont jamais pleinement évidents. Quoiqu'un homme ait vu constamment jusqu'ici le jour et la nuit se succéder, cependant il n'est pas pour cela en droit de conclure qu'ils se succéderont toujours de même, ou qu'ils se sont ainsi succédé de toute éternité. L'expérience ne fournit aucune conclusion universelle. HOBBES

« Texte : Lorsqu'un homme a observé assez souvent que les mêmes causes antécédentes sont suivies des mêmes conséquences, pour que toutes les fois qu'il voit l'antécédent il s'attende à voir la conséquence ; ou que lorsque qu'il voit la conséquence il compte qu'il y a eu le même antécédent, alors il dit que l'antécédent et le conséquent sont des signes l'un de l'autre ; c'est ainsi qu'il dit que les nuages sont des signes de la pluie qui doit venir, et que la pluie est un des signes des nuages passés.

C'est dans la connaissance de ces signes, acquise par l'expérience, que l'on fait consister ordinairement la différence entre un homme et un autre homme relativement à la sagesse, nom par lequel on désigne communément la somme totale de l'habileté ou de la faculté de connaître ; mais c'est une erreur, car les signes ne sont que des conjectures ; leur certitude augmente et diminue suivant qu'ils ont plus ou moins souvent manqué ; ils ne sont jamais pleinement évidents.

Quoiqu'un homme ait vu constamment jusqu'ici le jour et la nuit se succéder, cependant il n'est pas pour cela en droit de conclure qu'ils se succéderont toujours de même, ou qu'ils se sont ainsi succédé de toute éternité.

L'expérience ne fournit aucune conclusion universelle. Introduction : Cet extrait de De la Nature Humaine de Hobbes, 1640, reproduisant les paragraphes 9 et 10 traitent de l’expérience et de sa valeur notamment du point de vue scientifique.

L’expérience est utilisée notamment par l’induction pour définir des vérités scientfiques.

La question est alors d’évaluer la fécondité cognitive et gnoséologique d’une telle méthode.

Dès lors on peut dire que c’est la méthode empiriste qui est en question, c’est-à-dire sa capacité à nous fournir des connaissances sûres sur le monde.

Or c’est bien ce qu’entend remettre en cause Hobbes ici.

Si la première partie du texte (du début de l’extrait à « les nuages sont des signes de la pluie qui doit venir, et que la pluie est un des signes des nuages passés ») tend à définir et expliquer le fond de cette méthode, la seconde partie (de « C'est dans la connaissance de ces signes » à « ils ne sont jamais pleinement évidents ») montrera le manque d’évidence de cette méthode, voire son incapacité à une fournir des jugements universels c’est-à-dire scientifiques sur le monde (Troisième partie : de « Quoiqu'un homme ait vu constamment jusqu'ici le jour et la nuit se succéder » à la fin du texte).

C’est suivant ces trois moments logiques que nous entendons rendre compte du texte. I – La connexion nécessaire a) Le point essentiel que met en exergue Hobbes dans ce texte est effectivement le rôle de l’expérience mais ici il s’agit de la somme des expériences.

La question est donc de savoir quel est le statut épistémologique de ces expériences, c’est-à-dire ce qu’elles peuvent nous apprendre.

Ici l’homme est décrit comme un observateur.

C’est donc relativement à ses perceptions qu’il pense obtenir un certain savoir.

Ces observations ont pour lien de vérifier systématiquement qu’un élément A et toujours suivi d’un élément B.

C’est ce que l’on peut appeler une conjonction constante ou une connexion nécessaire.

La différence, nous y reviendrons à la fin du texte, repose sur la validité scientifique mise en œuvre. b) C’est pour cela que dès la première partie de ce texte, Hobbes insiste sur le principe de mêmeté.

Pour l’observateur, il n’y a pas différence entre les différents éléments qu’il a pu observé à différents moments.

Ainsi, la fumée reste toujours de la fumée qu’elle soit vu à tel ou tel moment.

Et le feu est considéré aussi de manière identique.

On peut voir alors que le jugement qui structure le principe de la mêmeté de l’expérience est l’exclusion de la différence et des particularités.

Il s’agit d’une sélection des informations.

Dès lors puisque l’on a pu toujours vérifier que la fumée venait du feu, alors par induction, on peut supposer que si l’on voit l’un des deux éléments alors on peut s’attendre à voir apparaître l’autre élément.

C’est ainsi que se développe l’idée de nécessité entre deux phénomènes qui est la liaison systématique et indéfectible de deux éléments. c) Ce raisonnement que va critique Hobbes repose donc sur l’induction, c’est-à-dire sur la répétition de l’expérience. Dans ce cas, on peut que cette méthode scientifique, l’induction, repose sur une habitude perceptive.

L’induction est donc un phénomène purement psychologique qui suppose la croyance dans la liaison entre un phénomène et un autre. C’est ce qui crée se sentiment d’attente.

C’est pourquoi ils sont le signe de l’un et de l’autre.

Etant donné qu’ils ont toujours été perçus ensemble, on peut dire que les deux éléments renvoient l’un vers l’autres, c’est-à-dire que l’un annonce l’autre comme le feu annonce la chaleur et que l’autre suppose le premier comme condition de son existence comme la chaleur le feu.

Dès lors on est alors capable suivant ce que l’on pense être un déterminisme de la nature, les mêmes causes produisant les mêmes effets, d’anticiper l’avenir.

C’est pour cela que la présence de nuages est signe de pluie à venir.

Ce principe du point de l’observateur est purement inductif c’est-à-dire repose sur son expérience et son habitude de voir les deux phénomènes se lier. Transition : Ainsi l’induction repose sur l’expérience de l’observateur et suppose l’existence d’un déterminisme à l’œuvre dans la nature, c’est-à-dire une connexion nécessaire entre deux faits.

Or comme va le montrer Hobbes, cela n’existe pas ou relève simplement d’une habitude perceptive donc d’une attitude psychologique. II – L’homme d’expérience : conjecture plutôt que nécessité a) L’induction est donc cette opération de la pensée qui synthétise l’ensemble des expériences donnée pour en tirer un. »

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