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HOBBES: les hommes sont portés par le sentiment de leur propre faiblesse

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Presque tous les hommes sont portés par le sentiment de leur propre faiblesse et par l'admiration, en laquelle ils se trouvent ravis des effets de la nature, à croire qu'il y a un Dieu, auteur invisible de toutes les choses que nous voyons et lequel aussi ils craignent, reconnaissant bien qu'ils n'ont pus en eux-mêmes assez de quoi se défendre des dansera qui les environnent. Mais au reste l'usage imparfait de leur raison et la violence de leurs affections empêchent qu'ils ne le servent comme il faut : d'autant que la crainte que l'on a des choses invisibles, si elle n'est conduite par le bon sens, dégénère en superstition. De sorte qu'il était presque impossible aux hommes, dénués de l'assistance de Dieu, d'éviter ces deux écueils, l'athéisme et la superstition; dont l'une vient d'une espèce de terreur panique qui se glisse dans l'âme sans écouter la raison et que l'autre naît d'une certaine bonne opinion qu'on a de bon raisonnement auquel un petit mélange de crainte ne donne point de retenue. HOBBES

« Presque tous les hommes sont portés par le sentiment de leur propre faiblesse et par l'admiration, en laquelle ils se trouvent ravis des effets de la nature, à croire qu'il y a un Dieu, auteur invisible de toutes les choses que nous voyons et lequel aussi ils craignent, reconnaissant bien qu'ils n'ont pus en eux-mêmes assez de quoi se défendre des dansera qui les environnent.

Mais au reste l'usage imparfait de leur raison et la violence de leurs affections empêchent qu'ils ne le servent comme il faut : d'autant que la crainte que l'on a des choses invisibles, si elle n'est conduite par le bon sens, dégénère en superstition.

De sorte qu'il était presque impossible aux hommes, dénués de l'assistance de Dieu, d'éviter ces deux écueils, l'athéisme et la superstition; dont l'une vient d'une espèce de terreur panique qui se glisse dans l'âme sans écouter la raison et que l'autre naît d'une certaine bonne opinion qu'on a de bon raisonnement auquel un petit mélange de crainte ne donne point de retenue. Introduction Problème : Comment bien croire ou comment croire raisonnablement? Comment éviter la croyance religieuse dégradée? Thèse : En expliquant l'origine de la croyance, Hobbes montre que l'homme est condamné à déformer son sentiment religieux en tombant dans l'athéisme ou dans la superstition.

Ces déformations seraient naturelles et leur origine se situerait dans notre raison et dans nos affections.

La solution consisterait à combiner adroitement raison et affections pour qu'elles s'équilibrent. Annonce du plan : Après avoir expliqué les origines de la croyance naturelle, Hobbes en montre la perversion, et en conséquence les deux écueils qui la menacent. Annonce de la réflexion critique : Mais s'il est possible de croire raisonnablement, faut-il pour autant légitimer la croyance en faisant de l'athéisme un «écueil à éviter»? N'est-ce pas plutôt la religion qu'il nous faudrait considérer comme un «écueil»? En reposant sur la crainte, ne devient-elle pas un moyen de domination? 1) La naissance de la croyance. Comment expliquer tout d'abord la naissance de la croyance? La première raison serait le «sentiment de [notre] faiblesse».

La faiblesse dont parle ici Hobbes a un sens physique.

Il s'agit de l'incapacité où nous sommes de nous défendre contre une nature dangereuse qui menace notre vie.

En cela les animaux sont mieux pourvus et ne peuvent se trouver faibles.

Au contraire, l'homme est non seulement faible, mais il a une conscience pouvant lui faire connaître cette faiblesse : sa conscience, comme le montre Hobbes, joue le rôle de miroir. Selon Hobbes les hommes vivent donc à l'origine dans un état de nature où chacun est contraint de lutter pour survivre.

La conscience de ce que représente cet état de faiblesse qui les caractérise ne peut, selon Hobbes, que pousser les hommes à la crainte : ils ne peuvent que juger supérieur ce qui n'a pas l'apparence d'un homme.

Même la nature est jugée supérieure.

Que dire alors de celui qui serait leur auteur? N'aurait-il pas créé également leur extrême faiblesse? Mais le sentiment religieux ne repose pas seulement sur la faiblesse et la crainte qu'elle engendre vis-à-vis de la nature.

Celle-ci est en effet «admirée» pour ses «effets».

Les hommes peuvent en effet concevoir les produits de la nature comme le résultat d'un projet, selon une vision finaliste, ou comme une machine bien construite, selon une vision mécaniste.

Le mystère qu'inspire le vivant peut ainsi amener les hommes à supposer un créateur «invisible» : c'est parce que cet auteur reste caché que les hommes sont amenés à en faire l'hypothèse.

Ce serait la nature comme résultat d'une création et comme hiérarchie imposant aux hommes la faiblesse, qui serait ainsi à l'origine d'un sentiment religieux. Cependant Hobbes montre également l'ambivalence de ce sentiment : l'auteur de la nature est admiré pour son oeuvre et craint pour sa supériorité.

Il est donc bien ce qui relie tout en étant à distance et en imposant le respect, et il tient en cela du sacré.

Cet auteur est à la fois proche et lointain : il nous dépasse de sa transcendance tout en se manifestant à travers ses oeuvres, dans l'immanence.

Ainsi celui que les hommes appellent Dieu est pour eux une manière d'accepter leur faiblesse tout en espérant une protection : «ils n'ont pas en eux-mêmes assez de quoi se défendre ».

Leur survie pourra donc être attribuée aux faveurs de leur «auteur».

Mais la double origine – intellectuelle et affective – de la religion n'en fait-elle pas la fragilité? 2) Perversion de la croyance. La croyance se trouvera en effet menacée de par son origine et son usage deviendra incertain.

Hobbes montre que le caractère «imparfait» de la raison et la «violence» des sentiments humains empêcheront cette croyance d'être raisonnable : de servir Dieu «comme il faut», en lui obéissant.

Les hommes retourneront la croyance contre eux-mêmes au lieu de l'utiliser pour progresser et compenser leur faiblesse.

Au lieu d'être moins craintifs tout en restant modestes, conscients de leur faiblesse, les hommes deviendront, on le verra, soit «paniqués» soit prétentieux.

La raison principale en est l'absence de Dieu qui ne se montre pas et reste «invisible» : il devient possible de tout (pan = tout, en grec) craindre et d'expliquer la nature et ses effets par n'importe quoi.

Dieu peut prendre de multiples formes et perdre son unité.

Ainsi dans l'animisme chaque chose sera dotée d'un esprit, on donnera un sens imaginaire à chaque action, objet. »

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