Aide en Philo

HOBBES: il existe des lois, et des fonctionnaires publics armés

Extrait du document

Il peut sembler étrange, à celui qui n'a pas bien pesé ces choses , que la nature puisse ainsi dissocier les hommes et les rendre enclins à s'attaquer et à se détruire les uns les autres : c'est pourquoi peut-être, incrédule à l'égard de cette inférence tirée des passions, cet homme désirera la voir confirmée par l'expérience. Aussi, faisant un retour sur lui-même, alors que partant en voyage, il s'arme et cherche à être bien accompagné, qu'allant se coucher, il verrouille ses portes, que, dans sa maison même, il ferme ses coffres à clef; et tout cela sachant qu'il existe des lois, et des fonctionnaires publics armés, pour venger tous les torts qui peuvent lui être faits : qu'il se demande quelle opinion il a de ses compatriotes, quand il voyage armé ; de ses concitoyens, quand il verrouille ses portes de ses enfants et de ses domestiques, quand il ferme ses coffres à clef. N'incrimine-t-il pas l'humanité par ses actes autant que je le fais par mes paroles ? Mais ni lui ni moi n'incriminons la nature humaine en cela. Les désirs et les autres passions de l'homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés. Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, tant que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise; et ils ne peuvent pas connaître de lois tant qu'il n'en a pas été fait ; or, aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire. HOBBES

« Il peut sembler étrange, à celui qui n'a pas bien pesé ces choses , que la nature puisse ainsi dissocier les hommes et les rendre enclins à s'attaquer et à se détruire les uns les autres : c'est pourquoi peut-être, incrédule à l'égard de cette inférence tirée des passions, cet homme désirera la voir confirmée par l'expérience.

Aussi, faisant un retour sur lui-même, alors que partant en voyage, il s'arme et cherche à être bien accompagné, qu'allant se coucher, il verrouille ses portes, que, dans sa maison même, il ferme ses coffres à clef; et tout cela sachant qu'il existe des lois, et des fonctionnaires publics armés, pour venger tous les torts qui peuvent lui être faits : qu'il se demande quelle opinion il a de ses compatriotes, quand il voyage armé ; de ses concitoyens, quand il verrouille ses portes de ses enfants et de ses domestiques, quand il ferme ses coffres à clef. N'incrimine-t-il pas l'humanité par ses actes autant que je le fais par mes paroles ? Mais ni lui ni moi n'incriminons la nature humaine en cela.

Les désirs et les autres passions de l'homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés.

Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, tant que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise; et ils ne peuvent pas connaître de lois tant qu'il n'en a pas été fait ; or, aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire. Analyse thématique Premier moment (constitué par la première phrase) Il s'agit de l'annonce de la nécessité de valider une thèse concernant la naturelle insociabilité des hommes et leurs tendances à l'agression mutuelle.

Cette thèse a été énoncée antérieurement, et l'auteur rappelle qu'elle a été produite par inférence (opération logique consistant à tirer la conséquence nécessaire de propositions ou d'observations déterminées).

Le doute qui peut subsister à propos d'une telle inférence (du fait qu'elle n'est pas tant logique que construite sur une théorie anthropologique concernant les passions) n'a-t-il pas besoin d'être levé par le constat effectué directement sur l'expérience ordinaire ? Deuxième moment (deuxième phrase) Une introspection est invoquée et suscitée, qui met en évidence l'omniprésence de la méfiance à l'égard des hommes, ou des hommes entre eux.

Et ce, à tout propos et hors de propos semble-t-il ; puisque lois et policiers sont censés exercer leur protection.

Divers exemples de la vie quotidienne attestent la réalité de cette méfiance, qui contraste avec la dénégation purement verbale dont elle fait souvent l'objet. Troisième moment (troisième phrase) L'invocation du comportement de défiance permet alors de prendre à témoin celui qui douterait de la validité de la thèse hobbesienne concernant l'humanité et, en quelque sorte, de faire apparaître une contradiction majeure entre le comportement humain le plus répandu et la protestation que suscite sa caractérisation la plus réaliste. Quatrième moment (les trois dernières phrases du texte) Reconsidération du sens de la thèse avancée, et du jugement de valeur qu'on croit spontanément devoir lui attacher.

Une connaissance de la nature humaine et de ses tendances ne vaut pas ipso facto condamnation : celleci ne peut procéder que d'une loi et d'une convention fondatrice choisissant la personne propre à la faire. C'est dire qu'en deçà de la genèse du politique et des lois civiles, la nature humaine, telle qu'elle est, ne peut faire l'objet d'aucun jugement négatif.

Désirs et actions ne sont pas d'emblée des péchés, dit Hobbes, prenant ainsi le contrepied de toute la tradition chrétienne (et notamment de la thématique du péché originel). Construction du texte Première partie (phrase 1): Présentation des réserves suscitées par la thèse hobbesienne et annonce d'une argumentation destinée à les lever. Deuxième partie (phrase 2): Exposé de l'argument, sous la forme d'une série d'exemples descriptifs attestant la réalité en acte de la méfiance. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles