HOBBES
Extrait du document
«
Presque tous les hommes sont portés par le sentiment de leur propre
faiblesse et par l'admiration...
on a de son raisonnement auquel un petit
mélange de crainte ne donne point de retenue.
Problématique du texte:
La faiblesse de l'homme engendre, chez ce dernier, la croyance en Dieu.
Faiblesse du corps et de l'esprit doublée de la considération de l'immensité et
des prodiges de la nature.
Mais la crainte de l'invisible et de la nature des
affections humaines conduisent à l'athéisme ou à la superstition.
La superstition
naît, d'après Hobbes, d'une raison submergée, assiégée par les passions (peur,
crainte, etc.).
L'athéisme, pour sa part, provient d'une raison, d'un esprit fort
que le doute et la crainte ne viennent pas tempérer.
Si la superstition se
caractérise par un défaut de raison, l'athéisme, au contraire, est son excès.
L'auteur récuse l'un et l'autre de ces deux usages de la raison.
Hobbes nous dit
ici que l'homme, réduit à ses propres forces, ne peut prétendre au salut.
On
remarquera la conception assez pessimiste de la nature humaine qui caractérise
la pensée de Hobbes.
Lisez attentivement le texte, dont la forme ancienne peut conduire à des difficultés de compréhension.
Définissez très
soigneusement les différents termes importants (faiblesse, admiration, Dieu, raison, violence, affections, athéisme,
superstition) qui jouent ici un rôle majeur dans un raisonnement qui est très simple.
Notez la finesse de l'analyse
psychologique de Hobbes.
Quelques références à utiliser:
« Et il ne faut pas oublier ici que les partisans de cette doctrine, qui ont voulu faire étalage de leur talent en assignant
des fins aux choses, ont, pour prouver leur doctrine, apporté un nouveau mode d’argumentation : la réduction, non à
l’impossible, mais à l’ignorance ; ce qui montre qu’il n’y avait aucun autre moyen d’argumenter en faveur de cette
doctrine.
Si, par exemple, une pierre est tombée d’un toit sur la tête de quelqu’un et l’a tué, ils démontreront que la
pierre est tombée pour tuer l’homme, de la façon suivante : si, en effet, elle n’est pas tombée à cette fin par la
volonté de Dieu, comment tant de circonstances ont-elles pu concourir par hasard ? Vous répondrez peut-être que
c’est arrivé parce que le vent soufflait et que l’homme passait par là.
Mais ils insisteront : pourquoi le vent soufflait-il à
ce moment-là ? Pourquoi l’homme passait-il par là à ce même moment ? Si vous répondez de nouveau que le vent s’est
levé parce que la veille, par un temps encore calme, la mer avait commencé à s’agiter, et que l’homme avait été invité
par un ami, ils insisteront de nouveau, car ils ne sont jamais à court de question : pourquoi donc la mer était-elle
agitée ? Pourquoi l’homme a-t-il été invité à ce moment-là ? et ils ne cesseront ainsi de vous interroger sur les causes
des causes, jusqu’à ce que vous vous soyez réfugié dans la volonté de Dieu, cet asile d’ignorance.
» SPINOZA
C’est après avoir exposé sa propre conception de Dieu que Spinoza s’attaque à la compréhension traditionnelle de Dieu
comme roi ou seigneur , imposant ses volontés aux hommes.
« La volonté de Dieu, cet asile d’ignorance » écrit-il dans
l’appendice au livre 1 de l’ « Ethique », entendant montrer que la conception vulgaire de Dieu, non contente d’être
anthropomorphique, dégénère en superstition et maintient les hommes dans une ignorance qui profite au pouvoir
religieux.
Pour Spinoza, Dieu n’est pas une personne, mais il se définit par la formule « Deus sive natura » : « Dieu ou la nature
».
Dieu est la force qui produit la totalité de la nature et des êtres : « il est la cause libre de toutes choses […] tout
est en Dieu et dépend de lui ».
Après avoir justifié son concept de Dieu, Spinoza entreprend de réfuter les préjugés des hommes au sujet de la
divinité.
« Tous ceux que j’entreprends de signaler ici [les fausses opinions] dépendent d’ailleurs d’un seul, consistant en ce que
les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d’une fin, et vont
jusqu’à tenir pour certain que Dieu lui-même dirige tout vers une certaine fin.
»
Tous les préjugés des hommes reposent donc sur une conception anthropomorphique de la nature (« Les hommes
supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d’une fin »), qui culmine dans
l’idée que Dieu agit comme un être humain : il est pourvu d’une volonté et dirige tout selon ses buts et ses fins.
Dès
lors tout phénomène naturel sera compris comme s’expliquant par la volonté de Dieu.
Il deviendra donc impossible d’expliquer la nature par elle-même : tout phénomène (une maladie par exemple) ne sera
pas compris par ses causes naturelles, mais saisi comme manifestation, comme signe de la volonté divine (la colère de
Dieu, qui pour punir les hommes leur envoie la maladie en question).
Il vaut la peine de suivre la démonstration de Spinoza.
Celui-ci pose en principe un fait indéniable, celui qui veut que :
« Tous les hommes naissent sans aucune connaissance des causes des choses, et que tous ont un appétit de
rechercher ce qui leur est utile, et qu’ils en ont conscience.
» Nous avons conscience de nos désirs, mais non de leurs
causes.
Par suite les hommes croient désirer librement, croient que leurs désirs naissent d’eux-mêmes (comme un
ivrogne sous l’emprise de l’alcool croit désirer librement sa bouteille).
Or une autre caractéristique des êtres humains est qu’ils agissent toujours dans un but, en poursuivant une fin, une.
»
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