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HOBBES

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Si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément), chacun s'efforce de détruire ou de dominer l'autre. Et de là vient que, là où l'agresseur n'a rien de plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, on peut s'attendre avec vraisemblance, si quelqu'un plante, sème, bâtit, ou occupe un emplacement commode, à ce que d'autres arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces, pour le déposséder et lui enlever non seulement le fruit de son travail, mais aussi la vie ou la liberté. Et l'agresseur à son tour court le même risque à l'égard d'un nouvel agresseur. Du fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien là de plus que n'en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis. [...] Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. HOBBES

« Si deux hommes désirent la même chose alors qu’il n’est pas possible qu’ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément), chacun s’efforce de détruire ou de dominer l’autre.

Et de là vient que, là où l’agresseur n’a rien de plus à craindre que la puissance individuelle d’un autre homme, on peut s’attendre avec vraisemblance, si quelqu’un plante, sème, bâtit, ou occupe un emplacement commode, à ce que d’autres arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces, pour le déposséder et lui enlever non seulement le fruit de son travail, mais aussi la vie ou la liberté.

Et l’agresseur à son tour court le même risque à l’égard d’un nouvel agresseur. Du fait de cette défiance de l’un à l’égard de l’autre, il n’existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu’à ce qu’il n’aperçoive plus d’autre puissance assez forte pour le mettre en danger.

Il n’y a rien là de plus que n’en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis.

[...] Il apparaît clairement par là qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. Dès le début du XVIème siècle, une crise religieuse entraîne la remise en question de la légitimité du pouvoir et de l'organisation de la société.

Ce qui est remis en cause c'est bien l'obéissance qui vient d'une perte de valeur.

C'est pourquoi des penseurs comme Hobbes, Spinoza, Rousseau se sont efforcés de construire une théorie rationnelle de l'état.

Il s’agit de montrer en quoi la société est plus avantageuse et pour cela, chacun essaie de penser l’origine de la société.

Il est vrai que la société est souvent vécue comme une contrainte ou comme un obstacle à ses désirs. Rousseau remarquait ainsi que « l’on fait souvent ce qui est déplaît à autrui » et plus tard, Kant affirmera que l’homme est de nature insociable, ce qui le pousse parfois à avoir des comportements agressifs envers autrui.

Nous naissons dans la société et aujourd’hui il paraît difficile encore de réellement vivre seul, même si souvent certaines affirment vouloir partir sur une île déserte.

Mais pour comprendre réellement d’où vient l’autorité de l’état, il faut réfléchir à ce qu’était l’homme dans l’état de nature, avant toute société.

Cet état de nature est plutôt en terme d’instrument théorique que comme une vérité réalité historique.

Rousseau pense en effet que cet état n’a peut-être jamais existé mais que c’est le seul à pouvoir nous faire réfléchir sur ce que serait une vie sans société et pourquoi les hommes ont choisis de se regrouper plutôt que de vivre de manière autonome.

Hobbes ne précise pas cette artificialité de l’état de nature mais il en fait le fondement de toute sa théorie.

C’est bien l’état de nature qu’il étudie dans ce texte.

Comment sont les relations humaines dans cet état de nature ? Quels sont les droits qui s’y appliquent ? Quel aspect négatif Hobbes met-il en avant pour justifier l’existence de la société ? On peut découper ce texte en trois grande partie : la première évoque la puissance de chacun dans l’état de nature et la possibilité d’agression, la seconde réfléchit à la seule solution de sécurité qui existe dans cet état et dans la dernière, le philosophe présente ses conclusions quant à cet état et à sa sortie. I L’état de nature est un état où chacun peut user de sa puissance 1. Les hommes ont un même droit sur chaque chose La plupart des écrivains politiques et certains philosophes croient que l’homme est né avec une disposition naturelle à la société : c’est par exemple la thèse d’Aristote qui affirme que « l’homme est un animal social » et qui construit son système politique sur la cellule familiale.

La cité ne serait alors qu’un regroupement naturel d’hommes ayant des liens entre eux.

Hobbes s’oppose à cette thèse.

En réalité, chacun recherche jamais que ce qui lui semble bon et l’homme est par nature aussi sauvage que les animaux les plus farouches.

Cette idée se répandra et d’autres tels Rousseau ou Vico verront aussi dans l’état de nature un homme bestial soumis aux passions du corps.

L’instinct que Hobbes accorde aux hommes à l’état de nature, c’est l’instinct de conservation.

Dans cet état, le but de chacun est celui de la nature qui vise la persévérance dans son être, c’est-à-dire la survie et l’expansion de son être.

C’est ce que Hobbes évoque par le terme « cette fin ».

Chaque homme ne vit que pour lui-même et de fait son principal but est de se conserver et d’assurer son bonheur.

Il cherche donc aussi son agrément, c’est-à-dire à acquérir les choses qui lui font plaisir. De fait, tout est permis dans la nature que la puissance de chaque homme lui permette.

Ainsi, si un homme veut ce fruit et que ses capacités lui permettent de l’avoir, alors le droit naturel est pour lui.

Chacun peut prétendre obtenir ce qui est dans sa force.

Spinoza développera un droit naturel à peu près semblable à Hobbes.

Spinoza dira par exemple les poissons ont le droit de nager et les gros poissons ont le droit de manger les plus petits.

Tout ce qui est possible est permis.

Il écrit dans traité théologico-politique : « il suit de là que chaque individu a un droit souverain sur tout ce qui est en son pouvoir, autrement dit que le droit de chacun s’étend jusqu’où s’étend la puissance déterminée qui lui. »

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