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HOBBES

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L'état de nature, cette guerre de tous contre tous a pour conséquence que rien ne peut être injuste. Les notions de droit et de tort, de justice et d'injustice n'ont dans cette situation aucune place. Là où il n'y a pas de Pouvoir commun il n'y a pas de loi ; là où il n'y a pas de loi il n'y a pas d'injustice: Force et ruse sont à la guerre les vertus cardinales. Justice et injustice n'appartiennent pas à la liste des facultés naturelles de l'Esprit ou du Corps ; car dans ce cas elles pourraient se trouver chez un homme qui serait seul au monde (au même titre que ses sens ou ses passions). En réalité la justice et l'injustice sont des qualités qui se rapportent aux hommes en société, non à l'homme solitaire. La même situation de guerre a aussi pour conséquence qu'il n'y existe ni propriété [...] ni distinction du Mien et du Tien, mais seulement qu'à chacun appartient ce qu'il peut s'approprier et juste aussi longtemps qu'il est capable de le garder. HOBBES

« L'état de nature, cette guerre de tous contre tous a pour conséquence que rien ne peut être injuste.

Les notions de droit et de tort, de justice et d'injustice n'ont dans cette situation aucune place.

Là où il n'y a pas de Pouvoir commun il n'y a pas de loi ; là où il n'y a pas de loi il n'y a pas d'injustice: Force et ruse sont à la guerre les vertus cardinales.

Justice et injustice n'appartiennent pas à la liste des facultés naturelles de l'Esprit ou du Corps ; car dans ce cas elles pourraient se trouver chez un homme qui serait seul au monde (au même titre que ses sens ou ses passions).

En réalité la justice et l'injustice sont des qualités qui se rapportent aux hommes en société, non à l'homme solitaire.

La même situation de guerre a aussi pour conséquence qu'il n'y existe ni propriété [...] ni distinction du Mien et du Tien, mais seulement qu'à chacun appartient ce qu'il peut s'approprier et juste aussi longtemps qu'il est capable de le garder. Introduction • Ce texte, extrait du Léviathan, se rapporte au thème de la nature ou, plus précisément, de l'état de nature, dans ses relations avec la genèse des notions morales et politiques.

Le problème est celui de savoir s'il faut préférer l'état de nature ou la société organisée. • Quelle est l'idée directrice du texte? Seul l'état de société engendre droit, justice, propriété, toutes notions liées à l'organisation politique de la cité. • On saisit, du même coup, l'enjeu du texte: nous faire comprendre que l'organisation sociale et politique possède une finalité et assure un gain dans de nombreux champs: la «chose publique» a une fonction précise.

L'homme sans État est plongé dans la guerre de tous contre tous.

Le pacte social engendre la véritable humanité et les notions capitales, cardinales qui guident cette dernière. A.

Première grande partie: «L'état de nature [...] passions) » Hobbes part ici de l'état de nature, lequel ne doit en aucun cas être compris chez ce philosophe comme une réalité historique, mais bien comme une fiction méthodologique et théorique, état qui est celui des hommes quand l'institution politique est mise entre parenthèses.

Or, qu'est cet état de nature ? Il se trouve décrit ici comme un état de rivalité ou de guerre, de lutte de tous contre tous.

«Il apparaît clairement [...] qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun.

C ar la guerre ne consiste pas seulement dans la bataille [...], mais dans un espace de temps où la volonté de s'affronter en batailles est suffisamment avérée.

» (Hobbes, Léviathan).

Cette guerre, à savoir ce combat permanent lié au désir humain de reconnaissance, car les hommes sont avides de cette dernière et se trouvent en situation de rivalité, aboutit à une défiance universelle où ni droit ni justice ne peuvent trouver place.

De quel droit s'agit-il ici? Non point du droit de nature, comme liberté qu'a chacun d'user de son pouvoir propre mais de la norme réglant les relations entre les hommes, norme exprimée dans la loi juridique. Pas plus que le droit, la justice, à savoir le principe maintenant une certaine égalité entre les hommes, ne peut trouver place dans l'état de nature, puisque ce dernier se caractérise par l'absence de pouvoir capable de tenir les hommes en respect.

Là où il n'est pas de pouvoir commun, à savoir de moyens présents et organisés collectivement d'obtenir des biens, là où la chose publique exprimant ce pouvoir commun fait défaut, il n'y a pas de loi, à savoir de règle obligatoire établie par une autorité souveraine, d'obligation de faire, et ce par contrainte extérieure.

Or sans cette loi, l'égalité et le respect des hommes (la justice) sont impossibles et ne peuvent exister, puisque chaque homme est un loup pour l'homme.

Force, à savoir ici puissance déchaînée, et ruse, à savoir stratagème et procédé habile pour tromper, art de dissimuler, dominent et sont énergiques et efficaces vertus, véritablement essentielles.

C e qui suppose que la justice et le respect de l'autre ne soient point des notions liées aux puissances immédiatement données de l'esprit, corps naturel subtil (pour Hobbes) et du corps, à savoir ce qui remplit un espace et dont les mouvements obéissent en fait à un mécanisme strict (Hobbes est matérialiste et Descartes l'appelle d'ailleurs «ô chair», quand il s'entretient avec lui).

Ainsi justice et injustice— non-respect d'autrui — ne sauraient être rattachées à la notion d'un homme seul au monde.

Mais alors, à quoi se rattachent-elles? B.

Deuxième grande partie: «En réalité [...] garder» A yant souligné que l'état de nature ne se caractérise pas par un ensemble de notions éthico-juridiques (justice, droit, etc.), puisque nul pouvoir commun ne fait fonctionner de loi, de règle impérative, Hobbes va rattacher ces notions à l'état de société organisée. En vérité, le respect de l'autre et l'égalité (constitutifs de la justice) tout comme l'infraction ou la violation de ce respect sont des manières d'être [des qualités] qui se rapportent à la société, à savoir l'état politique, caractérisé par une organisation juridique des individus rassemblés en un tout.

Alors que l'état de nature exclut toute norme et toute limite, l'état de société introduit la norme permettant de répartir les objets et les biens.

Dans l'état de nature, la liberté de faire ou posséder est égale pour tous.

Donc il n'y a pas de justice, mais il n'y a pas davantage de propriété, à savoir de droit d'user et de disposer d'une chose de manière exclusive sous les restrictions établies par la loi.

De même, ce qui est à moi et à toi ne peut résulter d'une situation de lutte, mais peut seulement être le fruit de l'état de société.

Quand on se bat continuellement, on garde l'objet aussi longtemps qu'on le peut.

Donc il n'y a pas de propriété à proprement parler, de possibilité de conserver un bien de manière permanente. HOBBES (Thomas).

Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679. Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussi l'éducation de son propre fils.

Il fit deux longs voyages en Europe, vécut à Paris de 1640 à 1651, y fréquenta le P.

Mersenne, puis rentra en Angleterre.

La C hambre des Communes exigea qu'il ne publiât plus aucun livre, après avoir vivement attaqué Léviathan en 1667.

La fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec les mathématiciens.

— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.

Toutes les substances sont corporelles et la vie est mouvement.

Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé par l'intérêt.

Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont naturellement insociables et méchants.

L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.

Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus grand des biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.

Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordre mécaniste artificiel, qui leur convient mieux : c'est l'État.

Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.

La souveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité.

Le souverain établit les lois et définit la justice, se plaçant ainsi au-dessus d'elles.

Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religion est celle qu'il autorise.

Ainsi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre des lois.

Le souverain absolu n'est pas un tyran arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverain en est délivré par le caractère absolu de son pouvoir.

Car les passions résultent de la finitude humaine.

En somme, le pouvoir du souverain est légitime parce qu'absolu.

La pensée de Hobbes a eu une influence incontestable sur Hegel.. »

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