HOBBES
Extrait du document
«
Nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de
querelles : premièrement, la rivalité; deuxièmement, la méfiance;
troisièmement, la fierté.
La première de ces choses fait prendre l'offensive aux hommes en vue de
leur profit.
La seconde, en vue de leur sécurité.
La troisième en vue de leur
réputation.
Dans le premier cas, ils usent de la violence pour se rendre
maîtres de la personne d'autres hommes, de leurs femmes, de leurs
enfants, de leurs biens.
Dans le second cas, pour défendre ces choses.
Dans le troisième cas, pour des bagatelles, par exemple pour un mot, un
sourire, une opinion qui diffère de la leur, ou quelque autre signe de
mésestime, que celle-ci porte directement sur eux-mêmes, ou qu'elle
rejaillisse sur eux, étant adressée à leur parenté, à leurs amis, à leur
nation, à leur profession, à leur nom.
Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans
un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette
condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun
contre chacun.
Une présentation célèbre de la nécessité du pacte social.
L'état naturel de
l'homme est la guerre, car ses passions le poussent à chercher querelle.
Seule la société permet, non pas d'extirper ces facteurs d'affrontement, mais de les rendre inopérants.
Hobbes vit dans une Angleterre troublée par une guerre civile dont les causes sont à la fois religieuses et
politiques.
Le principe même de la monarchie est critiqué et le roi atteint dans sa personne.
En Angleterre,
Charles Ier est exécuté en 1649 et Jacques II doit s’enfuir en 1688.
Hobbes va s’atteler à une tâche à la fois pratique et théorique.
Il s’agit de soutenir la monarchie au
pouvoir ; ce soutien prend la forme d’un ouvrage théorique qui justifie l ‘autorité quasi absolue du pouvoir en
place.
L’œuvre de Hobbes est axée sur le concept de souveraineté (autorité politique, puissance de l’Etat,
pouvoir de commander) dont il affirme qu’elle est indivisible et quasi absolue.
Avant d’expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de Hobbes, exprimée principalement dans le
« Léviathan » (1651), il est nécessaire de préciser quelques points de vocabulaire.
Ø
« République » (« Common-Wealth ») correspond à ce que nous appelons l’ « Etat ».
Hobbes luimême donne le mot « Stade » comme un équivalent.
Ø
« Souveraineté » (ou souverain) est un mot qui, comme chez Bodin, désigne l’âme de la
République, en ce sens qu’il exprime l’autorité de l’Etat, telle qu’elle existe indépendamment des
individus.
Le mot « souverain » peut donc, comme le mot « personne » étudié ci-après, se rapporter à
plusieurs individus.
Ø
« Personne » est employé dans le sens moderne de « personne morale ».
Cette personne qui
détient la souveraineté peut être un individu, une assemblée ou la totalité du peuple.
Quant Hobbes
dit que la souveraineté ne peut pas être divisé et doit être détenue par une « personne unique », il
envisage ces trois situations (un seul, une assemblée, la totalité du peuple).
Le fait que ses
préférences aillent à la monarchie dont le roi détient effectivement le pouvoir (qui s’oppose à la
monarchie parlementaire où le parlement détient une part de la souveraineté) ne l’empêche pas de
penser que, dans les trois cas, la souveraineté doit être quasi absolue et indivisible.
Enfin, dans l’exposé qui précède, nous avons parlé de l’Angleterre, alors qu’en toute rigueur, il aurait fallu parler
du Royaume-Uni.
Nous avons suivi en cela, et continuerons à suivre, l’usage populaire.
A strictement parler, le
mot Grande-Bretagne convient mieux parce qu’en 1603, Jacques VI Stuart, roi d’Ecosse, devient Jacques I
er d’Angleterre.
Même s’il faudra attendre 1707 pour qu’ait lieu la fusion des couronnes, on date de 1603 le
début du Royaume-Uni.
Si l’on devait résumer en une seule phrase l’œuvre politique de Hobbes, la phrase étudiée ici, qui figure au
chapitre 13 du « Léviathan », est certainement celle qui conviendrait le mieux : « Il apparaît clairement par là
qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette
condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.
».
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