Aide en Philo

Gaston Bachelard et la critique du savoir

Extrait du document

Il semble que le savoir scientifique acquis soit toujours essayé, toujours contrôlé, toujours critiqué... en critiquant sans cesse son propre savoir. Gaston Bachelard

« Il semble que le savoir scientifique acquis soit toujours essayé, toujours contrôlé, toujours critiqué.

Un peu de doute potentiel reste toujours en réserve dans les notions scientifiques (...).

On ne l'élimine pas par une expérience réussie. Il pourra renaître, s'actualiser quand une autre expérience est rencontrée.

Et, précisément, à la différence de la connaissance commune, la connaissance scientifique est faite de la rencontre d'expériences nouvelles ; elle prend son dynamisme de la provocation d'expériences qui débordent le champ d'expériences anciennes.

On est jamais donc sûr que ce qui fut fondamental le restera.

Le dogmatisme scientifique est un dogmatisme qui s'émousse.

Il peut trancher un débat actuel et cependant être un embarras quand l'expérience enjoint de "remettre en question" une notion.

Tout savoir scientifique est ainsi soumis à une auto-critique.

On ne s'instruit, dans les sciences modernes, qu'en critiquant sans cesse son propre savoir. Introduction: L'image commune du savoir scientifique lui attribue volontiers la mise au point de vérités stables, définitives.

Si l'on s'attache à étudier de près l'élaboration de la science et, en particulier, le rôle qu'y tient l'expérience, on constate au contraire que la science doit refuser tout dogmatisme et, par conséquent, être toujours prête à retravailler voire à réfuter les vérités qui lui semblaient acquises. La science doit s'autocritiquer: Bachelard affirme en premier lieu la coexistence, dans la science, du savoir acquis et de son contrôle ou de sa critique. Tout s'y passe comme si ce qui est ainsi élaboré comme vrai, renfermait simultanément un principe d'inquiétude, qui oblige à tester, contrôler et critiquer les concepts et les lois.

Ce "doute potentiel" est présenté comme étant "toujours en réserve", ce qui indique bien que sa suppression définitive est impensable, et qu'il fait partie , de la manière constitutive, du savoir lui-même.

Peut-être même en est-il l'élément le plus caractéristique ou symptomatique. Le scientifique, lorsqu'il élabore un concept ou formule une loi, connaît sa propre inscription dans une histoire: il sait en quelque sorte d'avance que ce qu'il vient d'acquérir risque d'être remis plus tard en question.

Son travail s'effectue en effet relativement aux données dont il dispose à un moment donné, et il est prévisible que ces données seront ultérieurement modifiées, précisées.

Dès lors, c'est bien son acquis qui se trouvera réélaboré selon des données nouvelles. Le scientifique a conscience de s'inscrire lui-même dans la suite de recherches antérieures, qu'il est en train de dépasser.

Repérant ainsi son propre travail comme constituant à la fois la contestation de l'acquis antérieur et la proposition d'une vérité nouvelle, il doit nécessairement être persuadé que la vérité qu'il élabore pourra être, plus tard, améliorée. Des références à exploiter: « ...

Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous-mêmes c’est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre représentation.

Par contre si nous étions livrés tout entiers à la société, c’est du côté du général, de l’utile, du convenu que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre convention.

En fait la vérité scientifique est une prédiction, mieux une prédication.

Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l’expérience dans une vérification: le monde scientifique est donc notre vérification.

Au-dessus du sujet, au delà de l’objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet.

Dans la pensée scientifique la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme du projet. [...] Déjà l’observation a besoin d’un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n’est jamais la première observation qui est la bonne.

L’observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure. Naturellement dès qu’on passe de l’observation à l’expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments...

Or les instruments ne sont que des théories matérialisées.

Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marque théorique..

» Gaston BACHELARD. La science, écrit Bachelard, « crée de la philosophie ».

Elle représente en effet la pensée vivante, dynamique.

Elle « instruit la raison » car la raison ne s’apparaît à elle-même telle qu’elle est et telle qu’elle devient, que dans son activité réelle, actuelle, qui est l’activité scientifique.

Le problème est alors de savoir quelle philosophie de la connaissance la science peut suggérer.

A l’époque où écrit Bachelard les avis divergent.

Emile Meyerson pense que la science accrédite avant tout un réalisme : « Les concepts crées par la science tels l’atome, la masse ou l’énergie… sont…des choses…. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles